• Balade nocturne. (Nouvelle courte)

    Balade nocturne. (Nouvelle courte)

     Cheminement tranquille sous la lune, l’astre sans voile, ma muse, mon amie. Mon pas sûr et serein en dépit de la nuit. Douceur estivale de la balade  sur le sentier un peu cahoteux sous mes pieds. Rien de mystérieux, rien de mauvais  dans l’ombre. Ni fantômes sous leurs blancs linceuls, ni monstres cruels, ni sorcières au rire démoniaque. Juste la plaine sous les rayons opales de Séléné et de chaque coté du chemin, les hautes silhouettes  protectrices  des arbres, mes amis de toujours.

      Là-bas, comme un phare dans l’obscurité, le clocher séculaire de la petite église de mon enfance. Et puis, à la lisière du village, mon rocher, mon île, mon nid de tendresse, ma maison-lumière.

     Battements paisibles de mon cœur débordant d’amour pour les habitants  de ma chaumière. Mon mari si compréhensif pour le besoin récurrent d’un peu de solitude, de sa rêveuse invétérée. Mes deux enfants sûrement déjà à bord de leur vaisseau des songes  à cette heure tardive. Ô mon havre de tendresse ! Ma vie sans vous ? Impensable, impossible ! Un désert aride !  Soudain, une racine traîtresse ou une ornière facétieuse…

    Chute brutale en avant ! Le bruit de mon crâne sur une pierre ! Quel choc ! Perte de conscience miséricordieuse !

     Combien de temps ?  Réveil  pénible, froid intense...Le goût du sang dans la bouche…

     Mal à la tête, au cœur…Le vacarme d’un millier de cloches dans ma boîte crânienne douloureuse. Ma vue ? Très trouble ! Plus de force ! Énergie zéro ! Dans quelques minutes, quelques secondes même, une nouvelle perte de conscience, fatale cette fois ! 

     Pourquoi cette affreuse certitude ? Bien plus qu’une intuition, un diagnostique probable : fracture du crâne ou à tout le moins, sévère traumatisme. Et le pire sans un secours urgent, la mort, là, seule, dans la nuit, sur le chemin, sous le regard moqueur de la lune !

     Inquiétude de mon mari ? Que nenni ! Pas avant deux bonnes heures. En cause, sa parfaite connaissance de mes habitudes lors de mes périodes dépressives. Après le repas du soir et les bisous aux enfants dans leur lit, longue promenade nocturne en solitaire ! Évacuation du stress puis retour tranquille auprès de l’époux  indulgent !

     Pas cette fois…pas cette fois… Dernière pensée cohérente avant l’évanouissement, le coma, la fin !

     L’appel des ombres de l’au-delà…Le fameux tunnel de lumière…Non, non, non ! Refus total, désespéré.

     Une voix près de mon oreille, douce, tendre, implorante.

                « Chérie, chérie…»

     Une main  sur la mienne. La chaleur bienfaisante d’une couverture sur mon corps…Un masque à oxygène sur mon nez, des tuyaux… Un balancement bizarre. Le bruit d’un moteur… Le hurlement merveilleux d’une sirène. Ambulance… Hôpital.  - Les…les enfants… Ma voix, un croassement…  - Chez ma mère. Chut mon amour, pas d’inquiétude !

                Merci, merci, merci ! 

     Une certitude, désormais plus de balade nocturne en solitaire, même sous la clarté de la pleine lune !

     

    NB : petite particularité de ce texte : aucun verbe.

     

     

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  • Commentaires

    9
    Lundi 5 Août 2019 à 12:34

    Superbe texte ! La première partie est absolument lumineuse, bien que, paradoxalement, elle décrive une balade nocturne.

    Puis l'on vibre avec la suite, on attend, on espère une heureuse issue à cette mésaventure. 

    Je salue aussi la performance de ce texte sans verbe. Bravo !

    J'aime beaucoup vous lire. Je reviendrai avec plaisir :).

    À bientôt,

    Martine 

      • Jeudi 8 Août 2019 à 16:04

        Un livre entier ? C'est extraordinaire ! Belle performance !

        Bon après-midi, Anne-Marie !

        Amitiés,

        Martine

      • Lundi 5 Août 2019 à 15:16

        Ohhhh ! Merci Martine ! je suis vraiment très touhée par votre commentaire ! 

        C'est un véritable défi que d'écrire sans verbes ! Il y a même un écrivain qui a écrit un livre entier de cette façon !

        Au plaisir de vous lire

    8
    Dimanche 4 Août 2019 à 10:56

    Avec grand plaisir de plus Anne Marie

    A bientôt alors et sache que les commentaires sont fermés sur mon blog ou je laisse mes nouvelles

    mais que je vai sles remettre en marche ! biz

      • Dimanche 4 Août 2019 à 11:02

        Merci, je me ferai un plaisir de te lire et de te dire mon ressenti alors ! Bisous

    7
    Dimanche 4 Août 2019 à 10:18

    Je me suis abonnée à ton blog

    Super nouvelle fictive heureusement

    j'en écris aussi sur un autre blog ou je met mes textes et mes nouvelles

    ici  http://ghyzou.eklablog.com/  j'y ai 3 nouvelles différentes en thème.

    Mais je suis plus à m'occuper de mon atelier d'écriture   ici   http://ghislaine53.eklablog.com/

    où comme je te disais j'anime un atelier d'écriture virtuel bien sur !

    Cela fait 15 ans que je fais cela, en mutant de plate forme en plateforme

    jai commencé sous MSN si tu as connu

    J'ai donc ma bande d'écrivains fidèles et si tu veux nous rejoindre,

    tu seras la bienvenue Anne Marie !

    J'habite en arriere pays niçois a 10 mn de Nice

    Ghislaine

      • Dimanche 4 Août 2019 à 10:41

        Me voici abonnée à ton blog "atelier d'écriture", que j'ai mis dans mes liens comme tu as pu le voir.

        Je vais donc aller  visiter aussi ton blog de nouvelles parce que lire, autant qu'être lu, c'est le moteur pour un écrivain

        Merci d'être passée farfouiller un peu dans mon sac à tout mettre et d'avoir apprécié ce que tu y as trouvé !

        Amicalement

        AnMaï -Mistic

    6
    Samedi 3 Août 2019 à 08:56

    Je ne sais pas si tu as vécu ces moments en vrai mais on s'y croirait, j'ai lu deux fois. Comme quoi tout peut arriver d'une seconde à l'autre, alors qu'on ne s'y attend pas du tout. Le pire c'est quand on est seul, sans secours ... Un AVC, un malaise cardiaque, si l'on n'intervient pas tout de suite c'est fichu. Tu t'es sans doute posé la question toi qui te promènes en solaire avec ton sac à tout mettre. Quand on s'aventure seul(e) dans la campagne ou dans les bois ... Ce qu'il faut (quand on peut) c'est toujours dire à ses proches où l'on compte se rendre, pour qu'il intervienne en cas d'absence trop prolongée. Mais quand c'est écrit ... quand c'est son heure, comme on dit ... toutes les ambulances du monde hurleront en pure perte. J'ai retrouvé ici toute l'atmosphère de tes écrits, toujours voilée d'une imperceptible menace ... Gros-gros bisou Anne-Marie, passe un excellent week-end, et dis à ton mari où tu vas :-) !!!

      • Samedi 3 Août 2019 à 10:51

        Dieu merci, c'est pure fiction ! Même si à l'instar de beaucoup d'écrivains, si ce n'est tous, je me mets dans la peau des personnages que j'invente. Comme tu l'as si bien fait, avec un réalisme bouleversant pour ton esclave des mines du Laurion.

        Pour ma part, je me promène rarement seule et jamais la nuit !

        En ce qui concerne la crainte qu'on peut avoir d'un malaise soudain, plus on avance en âge, plus on y pense je crois ! Sans s'y attarder trop néanmoins,sinon, nous n'oserions plus rien faire, non ?

        n'en demeure pas moins vrai qu'il faut toujours penser" portable" afin de pouvoir joindre les secours le pls rapidement possible en cas d'urgence !

        merci de t'être plongée dans ma balade nocturne .

        Gros bisous Thaddée et passe un bon W-E ! J'espère que tu t'es bien reposée ! Caresses au pacha et papouilles à tes zozios

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