• Chapitre 13

    Bien que l’étrange cérémonie ait été teintée d’irréalité, elle se souvenait avec précision de chaque instant passé au centre du cercle baigné de lune. Elle avait de bonnes raisons pour cela ! Ce qu’elle y avait appris avait largement dépassé toutes ses conjectures les plus folles et l’avait détruite. Elle se rappelait le regard du Faucon fixé sur son front. Elle en sentait encore l’acuité tandis qu’à son corps défendant se déversait en elle la connaissance. La vérité !

    Elle avait appris que lui et ses semblables étaient nombreux, disséminés dans le Monde entier. Ceux qu’elle avait vus se faire arrêter sur Canal 7 étaient des leurs ainsi qu’elle l’avait pressenti. Ce qu’ils étaient faisait peur. Ce qu’on devinait de leurs pouvoirs, terrifiait une opinion toujours sensible, presque trente ans après, à la crainte d’un retour possible des sulfureux Maîtres de l’Apocalypse. Crainte que le gouvernement des Sages, entretenait à dessein car c’était là l’un des moyens les plus efficaces de dissuasion pour tous ceux qui auraient eu des velléités de faire ressurgir de tels mouvements.

    Hawk et ses amis étaient donc contraints de se cacher car ce qu’ils étaient les rendaient coupables des pires des crimes en cette époque : appartenance à une secte dangereuse et anormalité. Ils ne sortaient que noyés dans l’anonymat ou alors isolément afin que nul ne remarque leur étrange ressemblance, gommant à force d’artifices et de subterfuges tout ce qui faisait d’eux des êtres différents du commun admis.

    Les premières arrestations - le plus souvent sur dénonciation de voisins curieux ou de faux amis - étaient passées inaperçues. Elles concernaient des cas totalement isolés. C’était toujours des jeunes, impulsifs, trop confiants, trop enclins à croire en la bonté de la nature humaine qui, contre l’avis des Anciens, avaient choisi de se montrer, de vivre au grand jour normalement et de prouver ainsi à tous qu’en dépit de leur différence, ils ne constituaient pas un danger. Ils avaient payé cher leur imprudence, leur naïveté. Ils avaient été tués ou lobotomisés et enfermés.

    Ces premières victimes d’un système répressif implacable, morts ou disparus parce qu’ils voulaient croire en ce que l'Homme a de meilleur, avaient fait des émules qui commencèrent à se rassembler, de plus en plus nombreux, bafouant ainsi la loi qui interdisait ce type-même de réunion sur la voie publique, a fortiori lorsque l’on est soupçonné d’appartenir à une secte. Ils eurent beau se montrer pacifiques, le Monde n’était pas prêt. Leur force tranquille faisait encore plus peur que ne l’aurait fait une bande armée de dangereux excités. Ils faisaient même si peur que lors des premières arrestations, beaucoup avaient été tués. De leur propre chef, quelques gops plus effrayés que les autres avaient poussé le bouton de leurs neutrolasers à charge mortelle. Ils avaient été sévèrement punis et radiés des forces de la police mondiale. Nul n’avait le droit de se substituer à la justice.

    Rien n’avait filtré de ces bavures qui avaient pourtant fait plus de mille victimes parmi les manifestants.

    Pourquoi ces gens - ces « mutants » comme on commençait à les appeler - manifestement dotés de pouvoirs paranormaux, capables de se défendre donc, ne l’avaient-ils pas fait ? Ceux qu’on avait tués avaient dû lire la mort dans les yeux des gops et les autres savaient pourtant ce qui les attendaient : un cerveau amputé et l’enfermement à vie ! On traitait mieux les animaux alors pourquoi se laissaient-ils prendre sans réagir ? Se demandait Mary.

    « Nous sommes ainsi faits que nous répugnons à utiliser la force et que nous sommes incapables de donner la mort. Nous sommes de vrais pacifistes, nous protégeons la vie sous toutes ses formes. » Avait répondu Hawk

    « Mais… »

    « La mort n’est pas une fin, pas totalement pour nous en tous cas. Quand l’un d’entre nous meurt, juste avant que le lien qui nous unit tous ne soit rompu, il lègue à un vivant son Savoir et son Pouvoir. Je suis moi-même dépositaire de plusieurs de ces legs ».

    « Et ceux qui ont été enfermés ? »

    « En temps voulu, nous trouverons le moyen de les libérer «

    « Mais leur cerveau ? »

    « Si nous pouvons les guérir, nous le ferons. L’avenir nous le dira. »

    « Vous me semblez bien fatalistes ! »

    « Nous avons une mission à remplir. À chaque jour suffit sa peine. Tant qu’ils sont vivants, nos amis peuvent encore être sauvés et guéris car le lien qui nous unit n’est pas rompu, même si nous ne le percevons plus. »

    « Vous ne savez pas où on les retient ? Vous pourriez … »

    « Nous ne les captons plus. La lobotomie les prive et nous prive de ce moyen de communication privilégié mais nous ne renonçons pas pour autant »

    « Vous lisez pourtant dans les esprits ! Et à distance respectable si je ne m’abuse… »

    « Certes ! Mais ils semblent avoir très vite trouvé la parade. Les laboratoires doivent être profondément enterrés et qui plus est, protégés par un système de brouillage d’ondes mentales tout comme les camps et les forteresses. »

    « Qui sont ces « ils » ? »

    « Des scientifiques à la solde du Gouvernement. »

    « Ça sent la conspiration d’État »

    « C’en est une et elle est dirigée contre nous. »

    « Ce que vous dites là est inconcevable. Vous êtes un mégalo paranoïaque ! »

    « C’est pourtant la vérité Mary ! Tu as bien vu les arrestations ! »

    « Elles paraissent diminuer… »

    « Nous avons réussi à juguler le mouvement de révolte qui s’était emparé des plus jeunes d’entre nous, las de vivre en reclus mais le mal est fait. Désormais nous sommes pourchassés comme des animaux nuisibles ! »

    « Vous avez parlé de lobotomie. Je sais que cette opération délicate fait partie de la peine appliquée aux pires criminels mais bien que je sois infirmière, nous n’évoquons jamais cela à l’hôpital. Ce sujet semble tabou. Il paraît que c’est très risqué, même avec la nano chirurgie. En savez-vous d’avantage ? »

    « Nous comptons dans nos rangs quelques éminents neurologues qui ne se servent de leur savoir que pour mieux comprendre comment agit notre pouvoir de guérison mais ils savent malheureusement les dégâts occasionnés par la lobotomie. Les « Lobos » comme ils sont appelés, restent opérationnels autant que peuvent l’être des robots ou des animaux bien dressés. Ils peuvent travailler mais ne ressentent plus aucune des émotions humaines. Ni haine ni joie ni amour. Il ne leur reste que l’instinct de survie. Nous savons qu’en plus de cela, les nôtres subissent des expériences au nom de la science et du bien de l’humanité, tels des cobayes de laboratoire. »

    Elle ne pouvait y croire bien qu’elle pressente que tout était vrai et en dépit de la haine qu’elle vouait à ceux qui l’avaient amenée là, elle ne pouvait empêcher son cœur magnanime de saigner pour ces gens que leur différence condamnait à la réclusion ou à une fuite en avant incessante.

    À quoi leur servaient ces fameux pouvoirs puisqu’ils faisaient d’eux des réprouvés et qu’à cause d’eux même, on les assimilait aux pires des criminels ? Les émissaires du gouvernent des Sages de Washington ne proclamaient-ils pas ouvertement que cette engeance démoniaque devait être éliminée car elle constituait le plus grand des dangers pour la pureté de la race des normaux ?

    Il faut bien avouer que ce qu’ils lui décrivirent était proprement inacceptable et condamnable même pour une personne aussi tolérante qu'elle. Outre le fait qu’ils étaient tous d’une intelligence si supérieure que l’on pouvait concevoir qu’à elle seule elle fasse peur, leurs fameux pouvoirs relevaient effectivement du satanisme : télépathie, déplacement du corps astral, lévitation, psychokinésie, hypnotisme - à des fins de manipulation mentale probablement - psycho suggestion, guérison spontanée et bien d’autres, plus dangereux encore dont leur éthique personnelle leur interdisait l’usage, comme celui de tuer sans autre arme que leur redoutable psychisme.

    Ils savaient également élever d’intangibles murs de protection, comme cette bulle bleutée qui les isolait du monde et qui n’avait rien à voir avec l’habituelle aura qui les entouraient lorsqu’ils apparaissaient sous leur forme astrale ou lorsqu’ils visitaient les rêves de leurs victimes. Pour produire cette bulle protectrice, il leur fallait être au moins deux et plus ils étaient nombreux, plus elle était efficace car ainsi ils multipliaient leur puissance de concentration.

    Capables de lire dans l’esprit d’autrui, ils avaient établi entre eux un code moral qui leur permettait de verrouiller à volonté le leur à toute intrusion mentale indésirable, ceci afin de se préserver quelque intimité.

    D’où leur venait « le Pouvoir » ainsi qu’ils l’appelaient entre eux ? Ils l’ignoraient. Tout comme ils ignoraient pourquoi ils étaient ainsi et pourquoi cette tare particulière n'affectait que des hommes et des femmes de type indien métissé.

    C’était comme un mal étrange dont ils étaient les seuls à souffrir mais avec lequel ils avaient fini par apprendre à vivre en bonne intelligence au fur et à mesure qu’ils en avaient acquis la maîtrise. C’était ce mal, secret puisqu’ils étaient obligés de le cacher, qui faisait d’eux une espèce mutante et, d’après les Anciens, il avait fait son apparition bien avant les gigantesques vagues d’épidémies de la Grande Crise dont il aurait pu être une des imprévisibles conséquences.

    La tare, génétique, se transmettait même en cas d’union entre un « Mutant » et un « Normal ». Mary en était la preuve. Les enfants nés de ces unions secrètes et qui, adultes, rejoignaient le mouvement de Hawk, étaient considérés comme des « Élus » par les membres du groupe car ils représentaient l’avenir souhaité par ces parias : l'union des deux mondes dont ces Élus représentaient le ferment à leurs yeux. Mais tout comme Mary, beaucoup de ces Élus - même ceux qui savaient depuis leur plus tendre enfance - avaient bien du mal à accepter cette tare et, bien qu'acquis à leur cause, répugnaient à s'unir avec des « Mutants », le craignaient même tout comme en cette époque lointaine où les mariages inter raciaux avaient été interdits et les contrevenants punis de mort.

    Néanmoins, contrairement aux « Mutants », les « Élus » regroupaient toutes les races comme si les Mutants qui avaient choisi de s'unir à des Normaux, avaient ainsi voulu rétablir l'équilibre racial à l'intérieur du mouvement.

    Pour se reconnaître entre eux, les « Mutants » s’étaient donné un nom, contraction de celui dont les qualifiait l’opinion, les « Mus ». La lettre grecque était gravée tel un poinçon sur le fermoir du pendentif qui leur servait de signe de ralliement. Tous les membres de la « Roue» portaient donc autour du cou, caché sous leurs vêtements, le fameux bijou, identique en tous points à celui que lui avait offert sa mère qui l’avait reçu de… Fleur ! L’une d’entre eux ! Elle comprenait soudain la terrible signification de ce cadeau empoisonné !

    « C’est vrai ! Tu es des nôtres Mary ! »

    « C’est impossible ! Ma mère… »

    « Elle avait promis de se taire mais le temps est venu pour toi de connaître la vérité, tu es une Élue. »

    « Non ! »

    « Si ! Ton père était un membre de la Roue ! Il en était même l’un des principaux fondateurs avec mon propre père. Il devint le premier de nos Rassembleurs. J’avais trois ans mais les « Mus » sont précoces et dotés d’une mémoire hors normes, alors je me souviens parfaitement de ce jour merveilleux qui le consacra comme leader au sein de ce que lui même avait baptisé « la Roue » avant cette rencontre historique pour nous. Ce fut lui qui décida de briser l’isolement dans lequel vivaient auparavant les Mutants et qui les fragilisait.

    Lui, comme tous les anciens, avait vite compris que l’union ferait notre force, véritablement puisqu’elle amplifie le pouvoir qui est en chacun de nous. À son initiative, de petits groupes se formèrent composés de Mus qui s’étaient tout d’abord contactés télépathiquement. Il s’en forma ainsi de plus en plus jusqu’à ce premier de nos Rassemblements. Nous pûmes constater ce que nous avions déjà découvert au sein des petits groupes, le « mal» n’avait frappé que des hommes et des femmes tous semblables, grands, bruns aux yeux bleus, de quelque pays qu’ils viennent. Bien que brillant généticien, Patrick ne put expliquer pourquoi. Le fatalisme dont tu nous accuses fit le reste. Différents nous étions, différents nous devions accepter de vivre, avec ces dons qui avaient fait si peur à certains, qu’ils les avaient presque totalement occultés jusqu’à ce jour où Patrick Defrance s’affirma comme notre leader, notre véritable premier fédérateur.

    Nous n’étions plus seuls désormais. La Roue était notre famille et ton père devenait notre père à tous, jeunes et vieux car il était celui qui nous avait fait prendre conscience de notre Destin.

    Mais il y avait une fêlure en lui. Mes parents qui étaient très proches de lui l’avaient senti bien avant les autres, aussi ne l’accablèrent-ils pas quand il nous quitta.

    À l’occasion d’un de ses nombreux voyages aux States, il avait rencontré ta mère, s’en était très vite épris et l’avait épousée après avoir brutalement rompu ses fiançailles avec l’une des nôtres.

    Lorsque tu t’annonças, il décida de tout abandonner et partit avec Ophélia Conroy, brouillant les pistes afin que la Roue ne puisse le retrouver, verrouillant si fort son esprit qu’aucun d’entre nous- même les plus forts mentalement- ne put le percevoir. Il se fondit tellement parfaitement dans l’anonymat, que nous n’avons été en mesure de retrouver sa trace que lorsqu’il est mort. Ce n’est en effet qu’à cet ultime instant qu’il consentit à libérer ce qu’il avait en lui et le légua à l’un d’entre nous… »

    Perdue qu’elle était dans les propres souvenirs qu’elle gardait de son père, elle n’avait pas vraiment entendu les dernières paroles de Hawk. Ce brusque rappel de sa mort la secoua des pieds à la tête. Elle le revoyait, exsangue sur son lit de douleur, rongé par la terrible maladie, à peine apaisé par les doses de morphine. Elle prenait soudain conscience de ce qu’il avait été. De ce qu’il aurait pu… Rompant le lien télépathique, elle hurla et la Roue cessa de tourner.

    - Ce n’est pas possible ! Il était comme vous ! Il pouvait guérir ! Vous auriez pu le guérir !

    - Mary…

    - Fichez-moi la paix ! Je ne veux plus rien entendre !

    Ressuscité durant quelques instants par l’évocation de Hawk, Patrick Defrance venait de mourir une seconde fois. Le cœur en lambeaux, elle avait fermé son esprit. Elle savait comment faire à présent, la Roue le lui avait appris.

    Pendant que le Faucon lui brossait l’historique de son mouvement de cinglés, simultanément et sans qu’elle en ait vraiment conscience, les autres lui faisaient ingurgiter ces fameux pouvoirs dont ils étaient les détenteurs.

    La colère avait décuplé cette faculté qu’elle venait d’acquérir, leur ôtant toute emprise sur son esprit. Une faculté d’autant plus forte qu’elle était neuve ! Elle était sortie du cercle et ils n’avaient pas cherché à l’en empêcher. Anéantie, elle s’était écroulée en sanglots sur le sol caillouteux de la falaise.

    Hawk lui avait alors tendu la main pour l’aider à se relever mais elle l’avait violemment repoussé. Les autres s’étaient éloignés la laissant seule avec lui. Debout près d’elle, il n’avait pas tenté de la toucher tandis qu’elle laissait la douleur, le chagrin et la haine submerger son cœur. Quand elle se releva, il était toujours là, triste et solitaire.

    - Il fallait que tu saches Mary !

    - Non ! Vous pouviez garder votre satané secret pour vous !

    - C’était le tien aussi Mary !

    - Avant de vous connaître, j’étais heureuse, normale ! Vous êtes des monstres ! Je refuse d’être comme vous ! Vous ne pouvez m’y obliger !

    - Tu auras beau lutter, c’est trop tard désormais ! Tu es des nôtres ! Nous devions te le dire car nous avons besoin de toi, j’ai besoin de toi, je t’aime mon amour !

    - Vous êtes complètement fou ! Comment pouvez-vous m’aimer ? Vous me connaissez à peine !

    - Je te connais mieux que tu ne te connais toi même ma douce !

    - Je ne suis ni votre amour ni votre douce. Ce que vous et la bande de tarés qui est à votre botte m’avez fait, est inqualifiable ! Je vous hais pour cela !

    - Je sais mon amour et ça me tue !

    - C’est ça, crevez ! Je vais partir maintenant ! N’essayez pas de m’en empêcher ou c’est moi qui vous tue !

    - Tu en serais incapable Mary et je dois te retenir. Il te reste une dernière chose à savoir.

    - Non! Plus rien !

    - Si ! Je dois te montrer ce que tu perdras si tu me quittes !

    Elle n’avait pas eu le temps d’esquisser le moindre geste. D’une poigne solide, irrésistible, il avait saisi ses deux mains dans les siennes et capturé son regard afin de se reconnecter à son esprit rebelle. Contrairement à ce qu’elle croyait, elle avait été incapable de lui résister tandis qu’il lui transmettait d’insoutenables images.

    Des scènes torrides s’imprimaient dans son esprit : eux deux nus et enlacés, faisant l’amour éperdument. Consentante proie, elle rendait caresse pour caresse, baiser pour baiser. Elle se tordait gémissante sous ses mains audacieuses, sous la brûlure de ses lèvres vagabondes. Elle parcourait de sa bouche affamée chaque centimètre de la peau cuivrée de son amant, l’amenant au paroxysme du désir. Ils osaient tout. Elle osait tout ! Insatiable, enivrée, enivrante, elle faisait de lui son captif comme elle était sa captive. Quand ils jouirent, ce fut ensemble dans un même cri qui se répercuta si fort dans sa tête qu’elle sortit brutalement de sa transe.

    Rien n’avait été réel. Ce type avait un pouvoir de suggestion démoniaque !

    Ils s’étaient retrouvés debout mais la vision qu’il lui avait insufflée l’avait amenée entre ses bras et sa bouche contre la sienne. Les spasmes du plaisir partagé les faisaient encore trembler. Elle frémissait. Son corps la brûlait de partout alors qu’il ne l’avait même pas réellement touchée.

    Elle sut d’instinct qu’il n’avait pas menti. Aucun homme ne pourrait la combler comme lui venait de le faire bien que cela n’ait été qu’en pensée. Elle sut vraiment ce qu’elle allait perdre et il le sut en même temps qu’elle.

    Il semblait aussi paralysé de stupeur qu’elle, comme s’il n’avait pas connu d’avance l’exacte portée de l’expérience qu’il leur avait fait vivre à tous deux. Ce fut à regret qu’il la lâcha et qu’elle mit aussitôt de la distance entre eux

    - Ne pars pas Mary… Murmura-t-il pour elle seule. Mais elle l’entendit aussi clairement que s’il avait hurlé ces mots.

    - Je vais partir ! C’est vrai, j’aurais pu t’aimer, tu es …

    - L’homme de ta vie, ta destinée mon amour !

    - Non ! Tu as voulu forcer le destin mais je reste la maîtresse du mien. Ce que tu m’as fait connaître est…

    - Merveilleux ! Ne te mens pas Mary !

    - Ça l’était mais ce n’était pas réel ! Tu m’as manipulée pour arriver à tes fins et je ne l’admets pas ! Tu m’as forcée à t’aimer, à te désirer ! Je ne saurai jamais si j’aurais vraiment pu t’aimer sans cela.

    - Reste, je t'en conjure !

    - Non ! Toi et tes amis, vous êtes…

    - Des monstres ? Tu sais au fond de toi que c’est faux. Tu n’en es pas un toi non plus. Tu es comme nous Mary, ne rejette pas ce qui est en toi ou tu en souffriras plus que tu ne saurais imaginer !

    - Tant pis ! Je crois que je te hais encore bien plus que ce que j’aurais pu t’aimer. Je ne te pardonnerai jamais de m’avoir obligée à te rejoindre. Tu es fou ! Vous êtes tous fous et moi, je retourne à ma vie normale ! Tu entends, Faucon, NORMALE !

    Des larmes plein les yeux et le rage au ventre, elle s’était enfuie sans se retourner, avant d’être incapable de résister à son regard éperdu d’amour, avant d’en mourir ! Elle sut sans le voir, qu’il pleurait au-dedans, vaincu et brisé.

    Comment elle avait rejoint sa voiture, à des kilomètres de là ? Elle ne savait pas. Elle ne comprit pas non plus pourquoi, malgré son immense pouvoir, Blue Hawk ne l’avait pas retenue. Pas un geste, pas un cri, comme s’il avait su que sa fuite était aussi inéluctable que le reste.

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  • Commentaires

    3
    Mardi 11 Octobre 2022 à 17:10

    Coucou ma douce

    Très belle plume

    tu sais je te lis mais ne commente pas toujours

    à cause de mes activités mouvementés<C'est souvent manque de temps.

    Je te souhaite un bon mardi

    gros bisou

    Jane

    2
    Mardi 11 Octobre 2022 à 16:07

    Je suis du même avis, c'est peut-être plus sain de ne pas succomber à cet homme et à ses pouvoirs surnaturels. 

    Bises

    1
    Lundi 10 Octobre 2022 à 21:24

    Retour à la vie normale... dans une histoire "folle", je comprends son désir.... amitiés, JB

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