• "Les rêves d’Élisa" - Liberté - Chapitre 1

    Elle a rêvé.

    Depuis qu’elle dort près de Jonathan, ça ne lui était plus arrivé. Ou alors, rien que des rêves ordinaires. De ceux qui s’évaporent dès le réveil. Aucun songe qui soit susceptible de la troubler !

    Or aujourd’hui, c’est en plein jour qu’elle s’est endormie. C’est la première fois ! D’habitude elle parvient assez facilement à vaincre la fatigue, ce qui était le cas ce matin. Alors que la journée était déjà bien avancée, elle a succombé au manque de sommeil que ces trop courtes nuits qui précèdent le départ de son compagnon, bien avant le lever du soleil, engendrent immanquablement.

    Il en est ainsi chaque fois qu’il doit partir, que ce soit pour la pêche ou pire pour ces longs jours que nécessite une expédition d’extraction à la Sphère. Ils s’aiment alors passionnément comme s’ils ne devaient jamais se revoir.

    Elle a rêvé. Ou peut-être est-ce en ce moment -même qu’elle est en plein rêve. Elle ne sait plus ! Tout s’embrouille dans sa tête ! Où finit le rêve, où commence la réalité ?

    Lorsqu’elle émerge d’un songe, n’est-ce pas pour retomber aussitôt dans un autre comme cela lui est déjà arrivé tant de fois ?

    Jonathan et Martha ont beau lui répéter sans cesse que la vraie vie, c’est ici et maintenant, à Liberté, elle ne peut s’empêcher de douter. Il suffit pourtant que l’homme de sa vie soit auprès d’elle pour avoir un peu moins de mal à s’en convaincre.

    Il n’empêche que chaque matin dès qu’elle se réveille, elle craint plus que tout d’avoir replongé dans l’un de ses mondes oniriques. Et cette crainte sourde subsiste jusqu’à ce qu’elle sorte de la maison et pose son premier regard du jour sur l’océan dont elle perçoit le murmure et dont elle voit le scintillement à travers le rideau de grands pins qui bordent le village.

    « Quand me réveillerai-je pour de bon, se demande-t-elle, quand ? »

    Elle pensait pourtant être libérée de l’influence néfaste de la Sphère. Si loin de la Machine et de ses maîtres maudits, elle croyait légitimement pouvoir vivre une vie normale avec des rêves normaux ! Elle voulait être aussi heureuse et épanouie que dans ce dernier songe, le plus beau de tous dont elle vient de sortir à grand peine, avec Jonathan à ses côtés et son fils endormi, repu, contre son sein !

    Ce matin, elle s’est réveillée seule. Jonathan est parti à l’aube avec Rafael et Khaled, ses deux acolytes habituels. Une expédition de pêche programmée pour réapprovisionner les fumoirs de Liberté. L’océan généreux abonde de poissons variés et de délicieux crustacés géants. Une manne providentielle pour la communauté de Liberté qui ne cesse de s’agrandir après chaque extraction réussie. 

    Pour ce qui est de l’adorable nourrisson si présent dans les différentes époques de l’autre « Élisa », il n’existe pas dans ce monde- ci, le réel, s’oblige-t-elle à croire ! Elle n’a pas encore d’enfant ! Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé depuis deux ans ! Jonathan et elle s’y emploient avec ardeur sans le moindre résultat ! C’est comme si la nature humaine de la jeune femme se vengeait d’avoir été si longtemps contrariée !

    - C’est parce que tes menstruations ne sont pas régulières ma fille, lui affirme Martha pour la rassurer ! Mais elles finiront par se stabiliser et tu pourras concevoir ! Il en a été de même pour bien des jeunes femmes de Liberté !

    Elle sait qu’en effet, il a fallu presque un an et demi à Djamila et Alban, le premier couple officiel de la Communauté, pour avoir leur premier enfant, un garçon qu’ils ont appelé Adam à cause d’un vague souvenir biblique issu de leur proche passé de « Rêveurs ». Et comme de juste pour leur deuxième, une fille née un an après, Ils l’ont baptisée Ève pour la même raison ! Ces deux premiers rejetons de la jeune communauté de Liberté ne représentaient-ils pas l’avenir du monde nouveau ?

    Quant à ses menstruations, il est vrai que depuis ce premier saignement à la fois si terrifiant et si porteur d’espoir pour elle autant que pour Jonathan, elles sont très anarchiques ! Il lui arrive de saigner deux fois au cours du même cycle et pas du tout le mois suivant ! Elle ne peut donc pas s’y fier pour prévoir ses périodes de fécondité ainsi que le lui a appris la guérisseuse.

    Ce bébé, ce petit garçon joufflu et insatiable prénommé Jacob en souvenir de son vieil ami de cavale, elle ne peut le chérir qu’en rêve ! Voilà pourquoi, en même tant qu’elle les hait et qu’elle les craint, elle n’a qu’une hâte chaque nuit, c’est d’y replonger pour retrouver ce bonheur parfait d’être mère ! Un bonheur auquel elle aspire de toute son âme et que ne connaissent qu’Ehi Sha, la jeune femme de la préhistoire, l’Élisa du Moyen-âge et celle du XXI e siècle.

    C’est cette absence, entre autres choses, qui lui fait douter de la réalité, parce que dans le rêve qu’elle a fait juste avant de se réveiller, l’Élisa du XXI e siècle, les voyait, elle et Jonathan, à Liberté, parents eux aussi d’un petit Jacob braillard et affamé !

    Pourquoi cette prétendue réalité dont on lui serine chaque jour qu’elle est la sienne et la seule tangible, ne correspond-elle pas à ses rêves ?

    Devient-elle folle ?

    L’environnement dans lequel elle évolue dans les songes qui la hantent, a le mérite d’être construit, solide, rassurant ! Fiable du fait même de sa réalité très précise. Qu’il s’agisse de la préhistoire, du Moyen-âge ou du vingt et unième siècle, il lui suffit de fermer les yeux pour retrouver intact chacun des lieux où elle a vécu. S’il lui fallait les décrire, elle serait intarissable ! La caverne du clan d’Ehi Sha sur son promontoire rocheux dominant la rivière bouillonnante et sauvage ; l’humble masure moyenâgeuse, non loin de la forêt et de l’imposant château seigneurial ; la maisonnette périgourdine adossée aux rochers, Les Eyzies, Sarlat, l’université bordelaise… Elle est capable de visualiser tout cela si nettement ! Et l’hôpital aussi, à partir de son réveil après le long coma ! Sans parler de sa vie dans l’appartement de Bordeaux avec Jonathan et Jacob. Bordeaux…Une grande ville de ce passé si lointain où ont peut-être vécu ses ancêtres mais qu’elle n’a pu connaître qu’en rêve puisque de toutes les cités, grandes ou petites où grouillait la vie au XXI siècle, il ne reste pas la plus infime trace ! Bordeaux où elle pourrait se promener les yeux fermés…

    « C’est ce que tu fais justement » Lui susurre une petite voix insidieuse.

    Même la Sphère qu’elle est pourtant capable de mémoriser très parfaitement, lui apparaît désormais comme appartenant à ce monde onirique interdit ! Les habitacubes, le pédiroule, le redoutable Centre de Contrôle et de Reformatage, les serres hydroponiques où Élisa 7 s’interdisait de rêver, de penser, les profondeurs insondables de cet univers forclos qu’elle n’a découvertes qu’avant de s’en évader, tout cela ne serait-il pas également qu’un rêve après tout? 

    Bien sûr, Liberté lui apparaît aussi réelle et solide que ces autres lieux de ses existences prétendument oniriques. Elle en connaît chaque ruelle, chaque construction, de la grande Maison commune à chacune des petites maisons de pierre et de rondins caractéristiques de ce premier et unique village de la nouvelle France érigé un peu en hauteur face à l’océan houleux !

     Tout l’environnement qui compose sa prétendue réalité hors de Liberté, tout ce qu’elle a pourtant parcouru de la Sphère jusqu’au village, lui semble uniforme, plat, sans véritable consistance !

     Ce monde-là,  aujourd’hui encore, elle a tant de peine à se  le rappeler ! Un univers si étrange qu’elle se sent incapable de le décrire. La seule chose d’à peu près tangible dont elle se souvienne, c’est de la horde de chevaux sauvages. Et encore n’était-ce qu’au sortir d’un horrible cauchemar. Pour le reste, des arbres, des collines, des sentiers, des montagnes, des rivières…Rien de net et surtout, peu de vie en dehors d’elle et de ses compagnons de cavale.

    C’est comme s‘ils avaient évolué dans un décor. Comme si cette fuite éprouvante n’avait été pour elle qu’un rite de passage entre ses autres rêves et celui de maintenant avec ses points d’ancrage inamovibles : Jonathan évidemment et Martha. Puis des personnages tels Rafael, présent dans son monde des cavernes Rah Faeh, ou Khaled dont elle a fait connaissance quand elle a été mordue par une bestiole inconnue après l’aveu de Jonathan et son départ. Elle se souvient qu’ils étaient presque au bout de leur équipée vers Liberté.

    Mais se souvient-elle vraiment ?

    Ce Khaled-là, qu’elle ne parvient pas à apprécier, toujours fourré avec Jon’ comme il l’appelait dans cet autre rêve, ou cette autre réalité au cours de laquelle elle s’est réveillée d’un long coma dans un hôpital du XXI e siècle, ce Khaled-là est-il le vrai ?

    Et puis il y a tous ces « personnages » qui n’appartiennent qu’à l’un ou l’autre des mondes oniriques où elle a vécu, ou cru vivre : les membres du Clan de la Caverne, l’odieux fils du seigneur et l’Ogre si doux du moyen-âge, devenu le Harold de Martha au XXIe siècle où vivaient également Chloé, sa meilleure amie à jamais perdue. Plus que perdue même, puisqu’elle n’a sûrement jamais existé que dans ses rêves. Même Sarah, sa douce maman et Patrick, son frère chéri, n’existent pas ici !

    Dieu du ciel ! Quel Dieu ? Quel ciel ? Est-elle en train de rêver là, maintenant ? Va-t-elle se réveiller dans un monde lointain du passé ou du futur dans lequel Jonathan, son éternel sauveur, n’existera pas ?

    Se souviendra-t-elle de lui avec tristesse, comme elle se souvient de Chloé  de Sarah et de Patrick ? Ce serait terrible !

    Soudain prise d’une incontrôlable frénésie, elle part en courant vers le village. Il faut qu’elle voie Martha, les habitants de Liberté dont la journée commence. Il faut qu’elle les voie, qu’elle leur parle, qu’elle les touche avant qu’ils ne s’évanouissent à tout jamais. Il faut qu’elle voie Jonathan, qu’elle le serre dans ses bras…

    L’un de ses nombreux songes lui revient, oppressant :

    …Elle se sent partir…

    -  Hep ! Réponds-moi Élisa

    …Elle a beau essayer de résister, elle décroche.

    -  Que t’arrive-t-il ? Dis quelque chose !

    Elle perd pied… c’est comme si elle s’enfonçait dans des sables mouvants…

    -  Élisa !

    De toutes ses forces, elle tente de se raccrocher au claquement de doigts près de son oreille…à cette voix d’homme de plus en plus lointaine…

    -  Réponds-moi je t’en supplie !

    …Elle ne sait plus où elle est…Qui elle est… Qui lui parle…

    …Est-ce que quelqu’un lui parle ? Sûrement….Il y a des voix dans sa tête…Que disent-elles? 

    - On la perd ! Il faut faire quelque chose ! Arrête le processus ! Réveille-là !

    -Impossible pendant cette phase ! Trop dangereux !

    …Est-ce d’elle dont on parle ? Est-elle en train de mourir ?

    - Élisa, Élisa, reste avec moi mon amour ! Réponds-moi !

    …Rester ? Où ça ? Répondre mais à quoi ? À qui ?

    À ces deux voix dans sa tête dont les intonations métalliques lui font mal, ou à cette autre voix suppliante qui s’affaiblit et s’éloigne à l’orée de son subconscient…

    - Élisa…Élisa…Elisa !

    Elle voudrait bien parler pour leur demander à tous de se taire mais aucun son ne peut franchir ses lèvres. Elle panique !

    Deux horribles sensations totalement antinomiques s’emparent d’elle : celle de tomber dans un puits noir et sans fond en même temps que celle de flotter au-dessus de son corps, comme si elle était dans un coma profond proche de la mort. C’est terrifiant !

    Elle tente vainement de se secouer pour sortir de ce double cauchemar… Impossible ! Elle est comme entravée dans d’invisibles rets qui la maintiennent allongée…

    Allongée ? Elle était allongée près de…de qui déjà ? Elle était allongée quand…quand quoi ? On lui parlait… qui ?

    Il n’y a personne. Elle est seule, totalement seule dans la brume ouatée d’un vide…étouffant...

    Elle s’était réveillée dans la Sphère…

    - Élisa 7 contrôle…Élisa 7 contrôle !

    La voix désincarnée de CVUT 7007, Coordinateur Virtuel de son Unité de Travail l’appelait…

    Et si ça lui arrivait encore de décrocher d’un monde, sans préavis comme cette fois-là et de retomber dans un autre, puis dans un autre, sans jamais pouvoir se réveiller, sans savoir si elle vivait dans un espace onirique ou dans la réalité ?

    Si elle rêve, là, maintenant, il faut qu’elle profite de chaque seconde de cette existence éphémère avec tous ces gens qui demain, peut-être, n’existeront plus !

    Et il faut que Jonathan revienne avant qu’elle ne tombe à nouveau dans un puits sans fond !

    « Mais je suis là moi, à chaque fois. » Murmure dans son esprit affolé, la voix de l’homme qu’elle aime.

    Sa course effrénée l’a menée jusqu’à la maison de Martha. Elle a croisé des hommes, des femmes, qui l’ont hélée, qui ont même tenté de l’arrêter mais ni leurs voix inquiètes, ni leurs mains tendues n’ont pu la stopper.

    Elle n’a pas eu besoin de frapper ni de l’appeler ! La vieille femme était devant sa porte, comme si elle l’avait attendue !

    Elle se jette dans ses bras, le souffle court, le cœur battant à tout rompre.

    - Là, là…calme- toi petite, murmure la guérisseuse en lui caressant les cheveux d’une main apaisante. C’est encore arrivé hein ! Tu ne sais plus où tu en es ! Ne t’inquiète pas, tu finiras par te réveiller !

    - Je sais, vous ne cessez de me le rabâcher Jonathan et toi ! Mais j’ai si peur parfois !

    - Parlons-en de ton Jonathan ! Il n’est pas encore rentré ce vaurien ! La voilà la vraie raison de tes angoisses !  Et tu as encore rêvé, pas vrai ?

    -  Oui… c’était… c’était…

    - Chut ! Nous allons marcher tranquillement jusqu’au ponton attendre nos vaillants pêcheurs qui ne devraient plus tarder à rentrer maintenant ! Tu me raconteras en chemin !

    Bras dessus bras dessous, elles prennent le sentier sableux qui descend vers la plage en contrebas.

    - Je vais te raconter mais avant, dis-moi, pourquoi as-tu dit que je finirai par me réveiller ?

    L’hésitation de Martha ne dure qu’une seconde mais elle est là, comme un nouveau point d’interrogation.

    - Tu as dû mal entendre ! J’ai dit que tout finira par s’arranger.

     

    *

     

    Elles ont attendu. Toutes deux d’abord, suivies peu après par Mélodie, la compagne de Rafael et par Shana, celle de Khaled. Puis au fur et à mesure que la journée s’étirait, les compagnes des six hommes partis dans les deux autres bateaux, les ont rejointes près du ponton de bois.

    Elles ont attendu, les tripes de plus en plus nouées par l’angoisse. Côte à côte, unies par la même ancestrale peur des femmes de pêcheur, elles ont scruté l’horizon à s’en brûler les yeux, jusqu’à ce que le soleil se couche.

    La nuit est tombée sur la plage. Les pêcheurs ne sont pas rentrés ! Le Conseil du village qui devait avoir lieu dans la soirée, a été annulé. Mortes d’inquiétude, soutenues par Martha, les neuf femmes n’ont pu se résoudre à aller se coucher. D’autres habitants de Liberté sont venus les soutenir. Ils ont allumé de grands feux sur la plage pour guider les robustes petits bateaux de pêche.

    Personne ne comprend ! L’océan est très calme. Peu de vagues, pas de vent ! La dernière grosse tempête a eu lieu l‘automne dernier ! Sur six barcasses parties à l’aurore comme aujourd’hui, seules deux étaient rentrées. Trois hommes n’étaient pas revenus de la journée de pêche ! L’océan n’avait jamais rendu leurs corps ! Chacun s’en souvient la mort dans l’âme ! Même s’il s’agissait de trois célibataires !

    Chaque vie est précieuse à Liberté ! Chaque femme, chaque homme sauvé de la Sphère devient aussitôt pour les autres, un ami, un parent. Lorsque l’un ou l’une décède, trop faible pour résister aux multiples germes du « dehors », ou par accident, le chagrin s’abat sur la Communauté  tout entière! Et s’il ne dure pas - la survie de Liberté dépend de la force de ses membres - il laisse en chacun de profondes cicatrices !

    Élisa elle-même ne s’est jamais vraiment remise de la mort de son compagnon de cavale. Elle a promis d’appeler son premier fils Jacob en souvenir de lui, comme elle l’a instinctivement fait dans certains de ses rêves. Mais pour cela, il faudrait que Jonathan revienne.

    Depuis la perte cruelle des trois vaillants pêcheurs, il y a eu successivement deux nouvelles expéditions à la Sphère, dont l’une, la dernière menée par Jonathan, a failli mal tourner. Les petits mouchards volants à la solde des Maîtres semblent plus nombreux et actifs qu’auparavant ! Néanmoins réussies, les extractions ont ramené à Liberté, quatre hommes et quatre femmes aux talents très utiles pour la Communauté. L’une des femmes, Esperanza, s’est montrée aussi versée que Martha dans la connaissance des plantes médicinales et elle possède comme elle le fabuleux don de guérir ! Merci les rêves implantés !

    Dans les siens, Claire était gynécologue ! Ce qui a libéré Martha de son travail d’accoucheuse mais plus encore, la jeune femme aide ses congénères à se réapproprier leurs fonctions reproductrices, d’autant qu’elle se révèle être une excellente psychologue auprès de le gente féminine !

    Enseignante dans ses vies oniriques, Malika a trouvé sa juste place auprès des premiers enfants de Liberté  avides de s’instruire ! Lire écrire, compter… Apprendre à connaître le monde où ils sont nés. Comment il était avant, comment il est devenu, d’où viennent leurs parents… Tout est à refaire pour les adultes de Liberté, tout est à construire pour les enfants !

    Enfin, en Anaëlle, hommes et femmes du village ont trouvé l’idéale remplaçante de Maud, la couturière de liberté, morte en couche l’hiver dernier. Les réserves de tissu ramenées de la Sphère lors des extractions, s’épuisent  inexorablement! Or, Annaelle, au contraire de Maud, est capable de transformer en tissu puis en vêtements confortables, les tas de plantes fibreuses poussant à profusion dans le nouveau monde !

    Pour ce qui est des hommes, ils ne sont pas en reste !

    Djibril sait reconnaître d’instinct sans jamais se tromper, les plantes comestible et la façon de les cultiver puis de les accommoder de mille et une façons ! Avant lui, c’était un peu la débrouille, d’où quelques accidents, heureusement sans trop de gravité, jugulés grâce aux connaissances médicinales de Martha ! Entre ces deux là, s’est très vite noué une extraordinaire complicité, née de leur complémentarité ! Sans compter que la jeunesse de Djibril en a fait un fils de substitution pour la vieille femme sans enfant !

    Météorologue averti, Lukas n’a pas son pareil pour prédire le plus petit changement du temps ! Lui non plus ne se trompe jamais ! Voilà bien pourquoi les pêcheurs ont pu partir tranquilles ce matin ! Ce qui inquiète Élisa au plus haut point ce soir, c’est qu’il a annoncé une assez rude tempête pour demain !

    Pour ce qui est des deux derniers, Yvan et Thomas, le hasard du choix de leurs rêves imposés, a bien fait les choses, puisque Thomas est architecte naval et Yvan charpentier de marine ! Grâce à leurs connaissances conjuguées, les barcasses à rames si fragiles du début, sont devenues de véritables petits bateaux de pêche, solides, très maniables, avec cabine de pilotage, gouvernail et un grand mât pourvu d’une voile résistante assemblée par les mains habiles d’Annaelle !

    La discussion prévue au Conseil annulé, devait d’ailleurs porter sur la construction de plus grandes embarcations, capables d’aller plus loin. De traverser l’océan peut-être, pour aller voir comment a évolué le Monde ailleurs qu’en Nouvelle France. Mais un projet plus proche devait être évoqué, celui de faciliter les extractions en longeant la côte jusqu’à l’embouchure du grand fleuve proche de la Sphère ! Éviter la fatigue, les risques d’une longue expédition à travers un territoire hostile, devenait urgent ! Cela et sauver en une seule fois plus de prisonniers de la Sphère.

    « Et puis, avait dit Jonathan, il faut absolument que je vous parle de ma dernière opération d’extraction, parce que ce qui s’y est produit va nous amener à prendre une grande décision pour la suite des évènements. Il en va de la survie de Liberté mais également, de l’avenir de nos frères et sœurs prisonniers de la Sphère »

    « Mais pour cela, il faudrait que tu reviennes Jonathan ! »  Se répète une fois de plus Élisa, les yeux fixés sur la surface ondulante de l’océan, scintillant sous la pâle clarté de la lune.

    Sa dernière pensée avant de s’endormir exténuée sur l’épaule de Martha c’est :

    « Je rêve, je rêve encore… »

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  • Commentaires

    1
    Samedi 18 Février 2023 à 10:44

    Prisonniers de cette Sphère, on soutient ceux qui veulent les libérer... amitiés, jill 

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