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Attente…

Son chat sur les genoux, elle attend. Comme chaque soir, elle a mis le photophore à sa fenêtre. C’est le signe convenu entre eux depuis qu’il  est parti,  un froid matin de décembre après lui avoir offert  un maigre  chaton  blanc  qu’il a lui- même baptisé « Boule de neige »

-Je l’ai trouvé hier dans la rue, lui a-t-il dit, de la tristesse plein les yeux. Il est dans un piètre   état mais telle que je te connais mon amour, tu vas vite le requinquer ! Prends-en soin pour moi, veux tu !

-Pourquoi, pour toi ? A-t-elle demandé le cœur empli d’appréhension.

-Parce que je pars ma douce !

-Comment ça tu pars ? Et quand ?

-Là, maintenant ! Mes bagages sont dans le taxi. Je dois y aller si je ne veux pas rater mon train !

C’est seulement à ce moment-là qu’elle a remarqué le taxi noir au coin de la rue. Noir  comme un corbillard.

- On t’a rappelé…

-Oui.

-Et tu pars où ?

-Afghanistan. Je ne voulais pas m’en aller sans t’avoir embrassée. Je t’aime.  Je reviendrai ! Je te le jure ! Promets-moi de m’attendre Hélène !

-Je te le promets Jacques ! Chaque soir, j’allumerai une bougie et je la mettrai à ma fenêtre, pour le cas où tu me reviendrais de nuit. Comme ça, tu sauras que je suis toujours là et que je t’attends. Moi aussi je t’aime !

Ils se sont embrassés avec passion, sans se soucier des regards des passants. Puis il est parti sans se retourner, pour ne pas faiblir. Elle est restée seule sur le seuil de sa porte, un chaton chétif dans les bras et les yeux noyés de larmes.

Elle l’attend. Depuis 1825 jours exactement, elle attend que Jacques tienne sa promesse comme elle a tenu la sienne. Dans le photophore, la bougie tremblote à sa fenêtre. Sur ses genoux, Boule de neige ronronne sous sa caresse.  Il a changé.  Comme elle. Le miroir de sa chambre le lui dit chaque jour ! Sale invention que ces trucs-là ! Ils sont sans concession !

Elle est sur le point de s’assoupir quand on toque à la porte. A cette heure, qui cela peut-il être ? Le chat dans les bras, elle se dirige vers l’entrée.

-Qui est là, demande-t-elle inquiète.

-C’est-moi ! Répond une voix reconnaissable entre toutes en dépit des années.

Elle ouvre, le cœur battant follement.  Deux bras se referment sur elle. Entre eux la magie de l’amour opère toujours. Leur baiser ranime le brasier…

-Bonjour ma chérie... ou plutôt bonsoir, murmure-t-il contre sa bouche.

03-11-2021

©A-M Lejeune