• Chapitre 30

    Mary….Sa douce Mary Où se trouvait-elle à présent ?

    En ce Cinquième Rassemblement, elle était au centre de bien des questions. Même si une lourde chape de secret semblait avoir étouffé l’affaire, tout le monde n’avait pas oublié le procès de Mary-Anne Conroy-Defrance. Certains journalistes incorruptibles dont la curiosité à ce sujet comme à celui des mutants, était demeurée inassouvie depuis bien trop longtemps, comptaient sur cet extraordinaire meeting pour la satisfaire enfin.

    Qu’était devenue la jeune femme considérée alors comme l’ennemie publique numéro un parce qu’elle avait été « corrompue » par les mutants ? Au final, à quoi avait servi son arrestation puisque le chef du mouvement qu’on était censé piéger, jouissait aujourd’hui d’une liberté plus que relative à en juger par cet événement grandiose ?

    Qui étaient réellement les amis de Blue Hawk ? Des anormaux ou plutôt le résultat d’une étrange mutation génétique ? Et si c’était le cas, à quoi, à qui était due cette mutation que rien de très humain ne paraissait pouvoir expliquer ? La Roue, comme ils avaient baptisé leur mouvement, était-elle la secte satanique qu’on disait, ou plus simplement une mouvance philosophique ?

    Était-elle une nouvelle religion ou une confrérie de gentils sorciers comme ce qu’ils paraissaient être aujourd’hui ? D’où leur venaient ces pouvoirs magiques étonnants, pour ne pas dire effrayants dont ils faisaient la démonstration en souriant ? Le mythe des petits hommes verts venus de Mars avait eu son heure de gloire autrefois. On n’était pas très loin aujourd’hui de le remplacer par celui des géants aux yeux bleus débarqués de quelque lointaine galaxie à bord de leur engin interplanétaire en forme de…roue bien sûr !

    Qu’on les voit comme témoins d’on ne savait quel Dieu, disciples de Satan ou extraterrestre les avis étaient encore très partagés même si la tendance les faisaient petit à petit pencher du côté obscur au côté lumineux. S’ils étaient des E.T, ils étaient bien pacifiques ! Quels qu’ils soient, ces avis convergeaient sur un point : on voulait savoir.

    Dans la foule des gens « ordinaires », c’était aussi la curiosité qui prédominait désormais. Elle avait remplacé le rejet pur et simple. La haine primitive de l’anormalité et des sectes, avait fait place à des sentiments plus mitigés. Si une certaine peur persistait, chez beaucoup elle se teintait à présent d’une touche encore infime d’admiration pour ces géants aux prunelles bleues qui ne craignaient pas la mort pour eux-même mais répugnaient à la donner à autrui.

    À les voir ainsi de près, si grands et beaux, on était aujourd’hui plus enclin à les vénérer qu’à les craindre. Leur calme olympien et la force retenue qu’ils dégageaient forçaient le respect. On s’apercevait également avec une pointe d’étonnement amusé, que s’ils se ressemblaient effectivement beaucoup, ils étaient aussi différents les uns des autres que les noirs ou les chinois entre eux. En fait, ils avaient tous l’air de charrier du sang apache ou navajo dans leurs veines. Des apaches et des navajos aux yeux bleus, voilà tout !

    Rien de bien mystérieux ou de particulièrement diabolique là-dedans ! Une grande tribu bien plus qu’une secte en somme. Des hommes, des femmes, des enfants au sourire franc, pleins de douceur et de gentillesse qui répondait en toute simplicité à leurs questions timides, comme le faisait leur chef.

    Si Hawk consentit en effet à répondre à beaucoup de questions, il éluda adroitement celles qui concernaient Mary. Le mot d’ordre général était d’ailleurs d’afficher une façade d’oubli, d’indifférence même, pour tout ce qui touchait à sa femme et chacun le suivit scrupuleusement. Il en allait de la sécurité de l’évadée.

    En revanche, parce que c’était là le but du Cinquième Rassemblement, il éclaira la lanterne du Monde au sujet de la Roue Universelle. Il s’adressa à la multitude assemblée avec l’aisance d’un orateur aguerri, dominant de sa haute taille les milliers de micros et de caméras tridi tendus vers lui. Il dit et beaucoup le crurent, combien les peuples avaient été abusés par le pouvoir en place. Se servant sans vergogne de la détresse et des terreurs enfouies depuis la Grande Crise, le gouvernement en avait profité pour les asservir plus encore. Un gouvernement sous la coupe d’un seul homme.

    « Qui ? Qui ? » Trépignaient les journalistes. Mais il gardait l’information pour plus tard, leur dit- il.

    Comme les Mus savent le faire, il montra à la foule ébahie, la corruption, les exactions des Sages et de leurs serviteurs. Des paroles accompagnées d’images aussi explicites que frappantes.

    Que ce soit en direct ou à la télé, les gens découvrirent avec effroi comment on les maintenait dans un abêtissement psychique artificiel par le biais des médias et du corps médical tout entier. Hawk dénonça avec force et prouva la complicité de l’OMS et de l’Ordre Mondial des Médecins avec le Gouvernement pour parvenir à ce but.

    Il expliqua tout cela sans haine ni colère en dépit de la peine que lui causait la mort de son beau-frère et de son ami Phil Adams. Cette absence d’animosité donna plus de force encore à ses mots. Leur impact fut phénoménal sur l’opinion publique mondiale qui découvrait enfin le visage de l’énigmatique leader recherché par tous les gops de la planète. En fait, il n’avait pas l’air plus diabolique que ça. Ni tellement dangereux à tout prendre, constatait-on étonné ! Pas plus que ne paraissait dangereux son mouvement que beaucoup déjà ne voulaient plus voir comme une secte. Au pire, ils paraissaient un rien illuminés mais en aucun cas, ils n’avaient l’air de démons comme on le leur avait rabâché durant trop longtemps ! Et puis ces dons qu’ils possédaient, si extraordinaires, si magiques, si utiles, comment avait-on pu les assimiler à des pratiques sataniques ?

    Il faut dire que les Mus ne se privèrent pas de dévoiler leurs multiples talents aux regards émerveillés des milliers de spectateurs, tandis que les caméras tournaient à plein régime et que crépitaient les flashes des nombreux reporters venus de tous les coins du globe pour couvrir cet évènement sans précédent. Comme chaque fois, le Pouvoir était amplifié par leur union psychique, elle-même rendue exceptionnelle par le nombre élevé de Mutants présents sur les deux sites de rassemblement.

    C’est ainsi que d’un bout à l’autre de la terre, tout comme à Pékin ou dans l’ancien camp australien, on put voir et s’ébaubir des incroyables prodiges que réalisaient en direct ces grands gaillards bruns aux étonnants yeux bleus et leurs compagnes aussi belles que les déesses des vieilles légendes indiennes. Même leurs enfants étaient capables des plus fabuleux tours de magie ! Le charme agissait. Ce que l’on avait toujours considéré comme de sulfureuses diableries, devenait soudain des miracles.

    Les Mus pratiquaient naturellement la lévitation, sans aucun des tours de passe-passe utilisés par les plus affûtés des magiciens. Ils déplaçaient d’un seul regard les objets les plus hétéroclites. De très lourds parfois ! Ils faisaient apparaître des images issues de leurs cerveaux, non pas anormaux, on n’en était plus là, mais hors-normes en tous cas.

    Mieux, ou pire encore, ils pouvaient montrer ce qu’il se passait dans celui des simples mortels qui assistaient à la fois effrayés et ravis, à la projection de leur moi intime. Bien entendu, les mutants ne montraient que ce qui était montrable. Leur but était non pas de choquer l’opinion mais de la séduire et de prouver leur bonne foi.

    Ils guérirent à la demande de simples bobos, juste en posant les paumes dessus. Mais ils traitèrent de la même façon des maux bien plus graves tel ce brûlé récent, atteint au troisième degré et qui n’avait pas encore eu le temps de passer en Chirurgie reconstructive. Ses brûlures disparurent instantanément ! On comprenait mieux pourquoi ils étaient mis à l’index par l’O M S et consort ! Avec eux, ce pouvait être la fin de la médecine traditionnelle ! Lorsqu’ils libéraient l’incomparable énergie contenue en eux, du bout de leurs doigts, du creux de leurs paumes, fusait une étrange lumière bleue.

    Ceux qui osèrent les toucher, dirent qu’à leur contact, ils avaient ressenti comme une décharge électrique. Certains prétendirent même avoir vu des éclairs de cette lumière bleuâtre jaillir de leur tête quand ils pratiquaient leur « sorcellerie ». On ne change pas les mentalités en un seul jour !

    Quelques spectateurs plus réceptifs que les autres purent également entamer de courts échanges télépathiques avec les Mus. S’ils résistaient bien un peu quand ils se sentaient ainsi investis par ces ondes psychiques étrangères, ils se prenaient vite au jeu. Au début, comme ils ne pouvaient longtemps lutter contre une telle force d’invasion sans en souffrir, ils se contentaient d’être des récepteurs volontaires. Puis mourant d’envie de pousser l’expérience un peu plus loin, ils essayaient assez rapidement de répondre de la même manière. C’était un exercice difficile qui demandait une énorme concentration mais, stimulés par leur mentor aux prunelles magnétiques, ils finissaient par y parvenir. Alors, l’étonnement et la joie se peignaient sur leur visage, donnant à d’autres l’envie de tenter le surprenant dialogue silencieux.

    Tous ceux qui avaient osé et réussi le test télépathique se hâtaient de témoigner avec enthousiasme de leur fantastique expérience aux journalistes qui, à leur tour et en direct face aux caméras, s’essayaient, impressionnés à ce moyen de communication peu banal.

    Cependant, le plus grand des prodiges de cette manifestation exceptionnelle et hyper médiatisée, fut sans conteste l’impact phénoménal qu’eurent la présence et les paroles de Blue Hawk sur les foules massées autour de la scène dressée sur la place Tienanmen d’où il intervint maintes fois au cours des trois jours que dura le Cinquième Rassemblement.

    Il se prêta de bonne grâce à de multiples interviewes, accepta avec le sourire qu’on le traite de doux dingue à tendance mégalomaniaque, admettant volontiers que la démarche des Mus lors de ce rassemblement puisse être taxée de démagogie.

    « Peu importe que vous nous trouviez démagogues si nous parvenons à faire passer notre message avoua-t-il. Non, nous ne sommes pas les ennemis des nations, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement. Et non, nous ne sommes pas si différents de vous qu’on s’évertue à vous le faire croire ! »

    Chaque fois qu’il prenait la parole, c’était la même chose. Il suffisait qu’il pose son regard bleu pénétrant sur l’assistance pour que tout brouhaha cesse dans la seconde. On savait aussitôt qu’il allait parler. Et dès que sa voix s’élevait, rauque, quasi hypnotique, elle captivait l’auditoire où qu’il se trouve, massé devant la scène à Pékin, agglutiné face à l’écran tridi géant dans le bush australien ou encore scotché devant la télé à son domicile.

    Pour eux tous, il martelait calmement chaque mot, donnant à chacun de ses discours une telle densité, qu’aucun de ceux qui l’écoutaient ne parviendrait jamais à l’oublier.

    Tous ces gens, nourris de peur et de haine pendant de nombreuses années, voyaient en ce géant serein tellement charismatique, seul devant son micro et qui les dominait d’avantage par son aura majestueuse que par sa taille ou par sa place sur cette scène surélevée, le messager de la vérité. Ils attendaient de lui qu’il la leur délivre enfin !

    Le dernier de ses discours, prononcé à la fin du troisième jour, devait marquer durablement les esprits. Lorsqu’il prit place, l’attente était encore plus tangible que les jours précédents. Il en ressentit de tels frémissements qu’avant qu’il ne parle, un impalpable halo bleu émanant de son corps, l’entoura. Saisie d’une frayeur quasi mystique, les yeux écarquillés, retenant son souffle, la foule était suspendue à ses lèvres. Il parla.

    «Vous tous qui m’écoutez, oubliez votre peur ! Repoussez les limites qui vous sont imposées depuis trop longtemps. Car c’est en vous que se trouvent toutes les réponses à vos questions. Ne vous demandez pas : qui sont-ils ? Mais plutôt : qui sommes-nous ? Qui suis-je ? Il vous faudra du temps encore et une réelle volonté pour découvrir la vérité au fond de votre cœur. Je n’ai pas de réponse à vous donner mais je peux vous proposer des clés pour les trouver, le voulez-vous ?

    Un murmure approbateur lui répondit. Il reprit :

    « Oui, oubliez votre peur car c’est elle qui vous dévore. Elle qui masque en vous la vérité que vous recherchez. La vérité que vous vous cachez inconsciemment. La vérité que l’on vous travestit en haut lieu !

    À cause de la peur, vous avez cruellement rejeté, dénoncé, condamné même, aussi sûrement que le fait la justice, tous ceux que vous appelez des anormaux. Vous l’avez fait aveuglément uniquement parce qu’ils diffèrent de ce que l’on a fait de vous !

    Qui, une fois au moins, n’a pas dénoncé un quidam dans la rue, un voisin ou pire, un ami, pour un comportement jugé anormal ?

    Qui n’a pas voué aux Gémonies, un honnête citoyen juste doué d’une certaine intuition ou d’un soupçon de prescience ? Des tares assurément malvenues de nos jours !

    Combien d’entre vous possèdent des facultés un tant soit peu paranormales et s’en cachent, se croyant atteint de la pire des maladies, l’anormalité ?

    Combien de thérapsys ont dénoncé de tels cas sur ordre express de l’OMS qui a décrété que l’anormalité ne peut être guérie que par la lobotomie ?

    Moi, Mutant, anormal notoire, animal pourchassé, je peux répondre à toutes ces questions, parce que je peux lire en chacun de vous, c’est vrai !

    En condamnant ceux que vous croyez anormaux, en nous condamnant parce que vous voyez en nous des démons ou les membres d’une nouvelle secte de l’apocalypse, c’est vous-même que vous condamnez. Ce qui est en nous est en vous. Nous ne sommes pas différents, seulement, ce que nous savons, vous l’avez oublié.

    Depuis des siècles maintenant, Les humains n’utilisent plus qu’une infime partie de leur potentiel psychique. Or, il est reconnu que ce qui ne sert plus s’atrophie. En revanche, je ne peux vous expliquer pourquoi seuls nous, les Mus, avons gardé en nous vivace, et surdéveloppé cette part inutilisée de potentiel. Pourtant, en dehors de ces capacités qui vous font peur, nous sommes comme vous, des humains pétris du désir commun à tous de vivre en paix au grand jour !

    Car si nous, les mutants comme vous nous appelez, nous sommes anormaux, ce n’est pas dans le sens de « tarés » qu’on donne généralement à ce terme. À moins que la différence ne soit une tare ! C’est en tous cas ainsi que la considère nos dirigeants et c’est cela qu’ils ont inculqué au Monde !

    Si nous sommes anormaux à leurs yeux - hors normes me semble plus approprié - c’est parce que, effectivement, nous n’entrons pas dans les normes rigides et sacrées édictées par le Gouvernement Unique des Sages ! Des normes sévères, terriblement restrictives qui définissent ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.

    Ces normes, non seulement on exige que vous vous y conformiez mais plus encore, on vous y enferme de force. Toute rébellion est punie de lobotomie partielle, d’internement en camp de travail et, pour les pires cas, en QHI. C’est ce qu’ils ont trouvé de plus sûr pour extirper le plus infime germe d’anormalité en vous. Pour séparer efficacement le bon grain de l’ivraie ! C’est de cette façon qu’ils bafouent la liberté pour chacun d’être ce que l’a nature l’a fait !

    Nous, les Mus, nous ne refusons pas ces « normes » qui nous permettraient de vivre parmi vous sans nous cacher. Cela ne veut pas dire que nous aimerions nous y conformer, non ! Il se trouve simplement que par nous ne savons quel caprice du destin, nous n’y entrons pas ! Comment pourrions-nous rejeter ce qui est notre nature sans en souffrir, sans en mourir peut-être ?

    En effet, vous devez savoir que c’est tellement puissant, tellement développé que lorsque l’un d’entre nous essaie de lutter contre, il en éprouve une douleur au-delà de toute mesure !

    Alors cette « hors-normalité » qui nous met au ban de la société, non seulement nous l’assumons par la force des choses mais encore nous avons décidé de la revendiquer, comme chacun de vous désormais, devrait revendiquer le droit à la différence !

    Oubliez votre peur ! Ne soyez plus des moutons bêlants enfermés dans leur enclos, tenus en respect par les chiens de garde des Sages ! Refusez le moule unique dans lequel on vous maintient prisonniers à seule fin de vous empêcher à jamais d’apprendre qui vous êtes vraiment !

    Oubliez votre peur et vous saurez. C’est votre richesse intérieure que vous retrouverez, votre moi profond. Les trésors enfouis de votre personnalité intrinsèque qui remonteront à la surface et brilleront au grand soleil de la liberté !

    Oubliez votre peur et vous lirez en moi comme je lis en vous ! Vous saurez alors que nous ne sommes pas des dangers pour votre monde, pour votre paix si chèrement reconstruite ! Non !

    Nous ne sommes un danger que pour ceux qui ont semé en vous cette peur, cette haine, cette méfiance qui vous animaient encore hier et que je sens se dissoudre petit à petit ! C’est grâce à cela qu’ils vous tiennent sous leur emprise. Si vous n’avez plus peur, ils perdront leur pouvoir sur vous. Là réside le danger que nous représentons pour eux. Nous lisons en eux comme nous le faisons en vous. Aussi connaissons-nous parfaitement la noirceur de leurs véritables motivations. Ils vous manipulent afin de conserver le pouvoir et nous, nous savons qui, du fond de son repaire, les manipule tous pour conserver le sien !

    Ce qu’ils vénèrent et dispensent, c’est le mensonge ! Ce que nous vous proposons, c’est la vérité.

    Ce qu’ils génèrent, c’est l’ombre, la peur, la délation ce que nous vous offrons de partager, c’est la lumière, la sérénité, la fraternité retrouvée.

    Ils se prosternent devant cette noire idole qui a pour nom Solomon Mitchell, foulant aux pieds les beaux idéaux qui faisaient d’eux des Sages.

    Jamais nous ne vous demanderons d’abandonner vos idéaux, ni de vous prosterner devant nous comme j’en vois déjà certains prêts à le faire. Nous ne voulons être et ne sommes que des hommes et des femmes ordinaires qui ont hérité Dieu sait comment de dons extraordinaires. Mais jamais au grand jamais nous n’utiliserons ce Pouvoir qui vous impressionne tant pour asservir nos semblables.

    Car oui, je le dis et le répète, vous et nous, sommes semblables comme le sont tous les humains en dépit de leurs différences.

    Je le crois sincèrement et vous le croyez aussi. Écoutez votre cœur parler, vous savez au fond de vous que ce que je dis est la vérité ! Au-delà de la couleur de notre peau, de notre religion, de notre culture ou des dons reçus à notre naissance, dans notre multiplicité et notre variété, nous sommes tous frères, tous rejetons de la même mère, la Terre !

    Oubliez votre peur et nous redeviendrons enfin les enfants unis de la même Humanité, car c’est la différence qui fait la richesse des Hommes ! »

    Il se tut. Le halo bleu qui l’entourait se dissipa peu à peu. Subjuguée par ses paroles, la foule demeurait muette. On en vit plus d’un se frotter les yeux comme au sortir d’un lourd sommeil. Puis soudain, les bravos crépitèrent et de l’immense assemblée monta une clameur où se mêlaient les voix des simples spectateurs à celles des mutants et de leurs amis.

    Le plaidoyer vibrant de Blue Hawk avait fait mouche.

    Car il s’agissait bien d’un plaidoyer qui n’était pas sans en rappeler un autre entendu quelques mois auparavant et dont soudain la teneur revenait en force dans les mémoires les plus rétives. Celui-là aussi, de la même façon flamboyante, avait fait l’apologie de la différence. Pourtant, pas une seule fois le nom de Mary-Anne Conroy-Defrance ne fut prononcé. Encore secoués par ce qu’ils venaient d’entendre et de comprendre, aucun des journalistes présents ne songea plus à questionner le leader de la Roue sur la jeune femme dont on ne savait plus rien depuis son incarcération. La majorité de ceux qui se souvenaient encore d’elle pensaient même qu’elle était morte

    Et si elle était encore en vie, dans quel état était-elle aujourd’hui après ce qu’elle avait dû subir, enfermée en QHI, lobotomisée, séparée à vie de sa famille, isolée du reste de l’humanité telle une pestiférée. QHI, lobotomie, ces deux mots faisaient terriblement peur. Et sans comprendre pourquoi cette idée subite les traversait, beaucoup se demandaient si elle avait réellement mérité une si lourde peine !

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  • Commentaires

    2
    Mardi 29 Novembre 2022 à 11:10

    Ce que j'attends le plus, ce sont des nouvelles de Mary et des bébés, je patiente. 

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    1
    Mardi 29 Novembre 2022 à 10:40

    On ne peut que penser à Mary, et ce qui lui arrive... amitiés, JB

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