• "Les rêves d’Élisa" - Chapitre 21

    Ils sont repartis à l’aube, après cette trop courte première nuit de liberté qui les a à peine reposés. Une nuit sans rêves d’aucune sorte pourtant !

    Avant de quitter leur refuge, Martha leur a fait enfiler une espèce d’ample cape à capuche à Jacob et à elle.

    - Les matinées sont très fraîches en cette saison sans compter que nous aurons encore de la pluie aujourd’hui, leur a-t-elle dit en guise d’explication en jetant la sienne sur ses épaules.

    Puis elle leur a donné à chacun un solide bâton.

    - C’est pour nous défendre ? A avancé Jacob

    - Non, pour marcher ! Ça vous aidera, surtout quand nous grimperons.

    - Grimper ? Se sont exclamés les deux fugitifs d’une même voix plaintive.

    En se remémorant leur longue et épuisante course dans les tréfonds de la Sphère et la non moins harassante marche qu’ils ont dû subir après leur évasion, ils doutent d’être capables de « grimper ». Leur air désespéré a fait sourire Martha.

    - Oui, grimper ! Rien de bien méchant, rassurez-vous ! Juste une collinette !

    - Une collinette ? A questionné Élisa qui n’avait pas envie de rire.

    - Un monticule à côté de la Sphère que nous apercevrons lorsque nous serons au sommet, crois-moi petite ! Tenez ! A-t-elle ajouté en leur tendant un grossier havresac de toile, vos provisions de route.

    Puis elle leur a montré comment le fixer sur le dos.

    -Ce sera plus facile à porter de cette façon.

    - Il y a quoi là-dedans, a demandé Jacob que la perspective de « grimper » fatiguait d’avance.

    - Une gourde d’eau, des pilules nutritives qu’il vous faudra économiser parce que ce sont les dernières, de la vraie nourriture à laquelle tôt ou tard il faudra vous habituer, des vêtements de rechange. On va en avoir besoin. Et un onguent miracle de ma composition pour soigner vite fait plaies et bosses de toute sorte, également valable contre les coups de soleil - mais pas de risque aujourd’hui – et contre les piqûres d’insectes.

    -Des…insectes ? C’est quoi des insectes ? C’est dangereux ? L’a interrogée Jacob inquiet.

    - Pour vous deux dont la peau est encore très fragile et dont le système immunitaire n’a jamais été mis à l’épreuve, oui ! Mais rassure-toi Jacob, mon onguent a déjà fait plusieurs fois ses preuves sur les « sphériques », à commencer par Jonathan et moi.

    - Et les pilules…est-ce que…A timidement demandé Élisa que l’idée de se nourrir de ses congénères emplit désormais d’horreur.

    - Non, il n’y en a pas de rouges lui a assuré Martha devançant sa question.

    Un double soupir de soulagement lui a répondu. Quant à savoir en quoi consiste la « vraie nourriture » qu’elle a évoquée, ni l’un ni l’autre n’est pressé de le découvrir ! Ni d’y goûter d’ailleurs !

    - Où est Jonathan ? A demandé Élisa, remarquant d’un seul coup l’absence de son étrange sauveur.

    - Déjà parti ! A répondu Martha laconique

    - Parti ? S’est exclamé Jacob. Parti où ?

    - Pa...Parti ? A balbutié Élisa d’une toute petite voix, le cœur étreint d’une tristesse qu’elle ne veut pas s’expliquer.

    Sa soudaine pâleur n’a pas échappé à la vieille femme.

    - Allons ! Ne vous inquiétez pas ainsi ! Il ne nous a pas abandonnés hein ! Il est juste parti en éclaireur. Les sentiers que nous empruntons sont très vite repris par la végétation entre deux extractions vous savez ! Il faut donc chaque fois les retrouver et les rendre à nouveau praticables, c’est tout !

    Le sourire renaissant de la jeune fille et les couleurs revenues sur son visage, n’ont fait que confirmer l’intuition de Martha. Élisa est amoureuse ! C’est trop tôt ! Comment réagira-t-elle quand elle saura, éprise comme elle l’est déjà du jeune homme ! Elle a pourtant tout fait pour empêcher ça ! Et insisté assez lourdement pour que Jonathan passe aux aveux avant qu’il ne soit trop tard ! L’entêté l’a envoyée paître ! Il risque de s’en mordre les doigts plus vite qu’il ne le croit ! Il n’est hélas plus en son pouvoir d’intervenir !

    - Comment les retrouvez vous alors, a questionné Jacob, interrompant le cours de ses pensées.

    - Que… quoi ?

    - Les chemins ? Comment les retrouvez-vous ?

    -Comme le faisaient nos lointains ancêtres randonneurs cher Jacob ! Nous avons dressé des tumulus de pierres tout le long de la route jusqu’à Liberté. Et pour faciliter notre tâche de reconnaissance, nous y avons planté solidement des bâtons sur lesquels sont fixés des morceaux d’étoffe rouge. Nous perpétuons cette très ancienne tradition en demandant à ceux que nous libérons, d’ajouter leur pierre à chacun de ces tumulus.

    - Nous sacrifierons bien volontiers à cette tradition chère Martha, a déclaré Jacob d’un ton joyeux.

    - Vous avez parlé de « Liberté » s’est enquise Élisa. C’est quoi ?

    - Notre destination, tout en bas de la Nouvelle-France jeune fille ! D’ailleurs, si vous êtes prêts, on va y aller ! Il ne faudrait pas faire attendre notre guide trop longtemps !

    C’est ainsi qu’ils se sont mis en route tous les trois, cheminant d’un bon pas dans le petit matin frisquet, pressés de retrouver Jonathan à l’endroit prévu par Martha et lui la veille.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Janvier 2023 à 19:21

    Et bien, en route alors... amitiés, JB

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