Eh oui, toujours cette inspirante "désinspiration"

Mots de l’eau

L’ode mais…

(2009)

 

Mes verbes étaient gourds

Et ma gourde était vide

Je marchais le pas lourd

Dans un désert aride

 

De sable surchauffé

Où mon inspiration,

Pauvre hère assoiffé

Crevait d’insolation,

 

Quand soudain j’aperçus

Un mirage liquide…

Épuisée j’ai couru

M’y abreuver, avide.

 

À l’onde du ruisseau

J’ai rafraîchi les pieds

De mes vers les moins beaux

Et les plus fatigués,

 

J’y ai noyé les strophes

De mes tristes poèmes

Écrits en catastrophe

Au petit matin blême.

 

J’ai trempé mes mots las,

Laminés et livides

Dans l’ode, l’eau de la

Source claire et limpide.

 

Ils sont ressortis nus

De ce bain de jouvence

Aussi nus, ingénus

Que peut l’être l’enfance…

 

J’ai retrouvé mes mots

Mes verbes et mes vers

Dans l’eau  d’un clair ruisseau

Surgissant du désert.

 

 

©A-M Lejeune

 

***

 

Capricieuse Muse (5/05/2010)

 

Bizarre, très bizarre

C’est quand je suis au fond

Tout au fond de la mare

Que mon inspiration

 

Sort  la tête de l’eau

Et me souffle trempée

Les mots, cette chameau

Dont elle m’a privée

 

Tu triches, tu abuses

Ma Muse paresseuse

Quand de moi tu t’amuses

Et fais ta capricieuse !

 

Arrête de souffler,

Sans toi, je me débrouille

Reste donc coasser

Dans la mare aux grenouilles !

 

Arrête je te dis

Tu empestes la vase

Même le poisson fuit

Tant tes rimes sont nases

 

Et tes mots sur mes lignes

Vermisseaux gigoteurs

Seraient à peine dignes

D’un piètre rimailleur.

 

Garde-les tes chansons

Pitoyable sirène

Va séduire les thons

Enchanter les murènes

 

Ma Muse, j’en ai marre

Tu m’as trop délaissée

Un jour dans cette mare,

Je finirai noyée

 ©A-M Lejeune