-
Chapitre 19
Washington
Adam siégeait donc avec les autres chaque mois et si le reste du monde ignorait le jour du conseil des Sages, la Roue elle, grâce à lui, le connaissait.
Au cours de ces réunions très sérieuses, les membres du gouvernement débattaient des problèmes de la planète et péroraient inlassablement sur les moyens idéaux à mettre en œuvre pour régler chacun d'entre eux en respectant les lois qu'ils avaient eux-mêmes édictées.
Dotés des mêmes pouvoirs que les Mus, l'Élu, lui, n'avait aucun mal à déceler le mensonge derrières ces discussions sages en apparence. Il décryptait aisément les noires pensées qui en agitaient plus d'un. Peur, haine, ambition…Il percevait sans peine mais avec une inquiétude grandissante, leur crainte irraisonnée des mutants savamment entretenue par Solomon Mitchell.
Le Monde, ignorant leurs manigances pour maintenir les peuples sous leur coupe, obéissait à leurs préceptes. Mais les mutants eux, ces anormaux notoires selon une opinion sous influence, avaient le pouvoir de lire dans leurs esprits donc de savoir ce que les normaux ignoraient. Voilà pourquoi il devenait de plus en plus urgent de s'en débarrasser. Les Sages trompaient le peuple et ils craignaient plus que tout d'être découverts. Ils étaient de plus en plus nombreux à avoir été cooptés par les anciens demeurés en place ! Lui-même ne l'avait-il pas été par le plus dangereux d'entre tous, Mitchell en personne ?
Dès qu'il avait été pressenti par Blue Hawk pour cette opération d'infiltration, il avait commencé à graviter dans les cercles très fermés de l'élite mondiale où, écrivain et philosophe renommé, il avait sa place et ses entrées. Il espérait y rencontrer un jour ou l'autre, celui que tous avaient baptisé « le Révérend » sans jamais prononcer son véritable nom. Or celui-ci, pour avoir les mains plus libres, préférait l'ombre à l’éclairage trop vif des sunlights. On ne le voyait donc que très rarement dans les raouts organisés par la Haute Société.
Ainsi évitait-il autant qu’il lui était possible, galas de bienfaisance, bals des débutantes et autres soirées mondaines toujours prisées par ceux que leur position privilégiée politique ou sociale obligeait plus ou moins à ce genre de mondanités.Il n'était pas de ceux qui aiment à se montrer lors des salons, congrès, festivals ou grands meetings nationaux et internationaux. Il laissait à d'autres les honneurs liés au plaisir d'être vu, filmé, photographié, interviewé.
S'il se rendait à l’un de ces rassemblements de foule qu'il détestait, c'était incognito. Si on le connaissait pour l'avoir lu sur la liste des Sages désignés, le véritable nom du « Révérend » était vite oublié. Solomon Mitchell était donc une ombre pratiquement anonyme et tenait à le rester.
À force de persévérance, Adam avait cependant fini par le rencontrer, tout à fait par hasard avait alors cru Solomon, lors d'une de ces rarissimes fois où il avait consenti à se rendre au vernissage organisé pour l’ixième exposition « géniale » d'un peintre célébrissime.
- Parce que, lui avoua-t-il par la suite, il faut bien sacrifier quelquefois un peu de sa tranquillité et se montrer, juste pour que ceux qui visent votre place sachent que vous êtes toujours vivant ! »
- Je suis bien d'accord avec vous ! Avait acquiescé Adam
Ils furent heureux de se découvrir déjà ce point commun. Puis un autre quand ils s'avouèrent avoir voulu échapper au bruit et à la foule clinquante qui se pressait autour du génie de la palette pour le congratuler.
C'est dans un petit salon attenant à la galerie où Solomon s'était réfugié, qu'Adam l’avait psychiquement repéré. Les effluves de son aura particulière et sombre avaient dirigé ses pas. Un parfum nauséabond que diffusaient les pensées grouillantes et malfaisantes de l'homme. Un malaise profond l'avait envahi qui avait failli le faire renoncer à sa mission. C'est les tripes nouées d'une funeste appréhension qu'il avait néanmoins poussé la porte. Tout de noir vêtu, « le Révérend » était assis au fond d'un confortable fauteuil club de cuir fauve. Il fumait nonchalamment un gros havane dont il savourait les riches senteurs les yeux mi-clos. Un luxe et un délit ! Le tabac était interdit !
- Oh ! Veuillez m'excuser, je ne vous avais pas vu ! S'était-il exclamé en faisant mine de découvrir sa présence.
- Cet endroit est à tout le monde ! Avait rétorqué l'autre d'un ton peu amène sans bouger d'un pouce.
- Cette foule caquetante m'étourdit ! Avait invoqué Adam en guise d'excuse pour son intrusion.
- Ah ! Vous aussi ! Comme je vous comprends ! Asseyez-vous donc !
- Merci ! Avait répondu Adam en s'installant avec un soupir heureux dans le fauteuil jumeau qui faisait face à celui de Solomon.
Il avait fermé les yeux mais entre ses cils, il avait minutieusement observé son adversaire Durant deux ou trois minutes, ils n'avaient pipé mot ni l'un ni l'autre.
C'est le « Révérend » qui avait le premier brisé le silence feutré de la pièce.
- La fumée ne vous gêne pas j'espère ?
- Pas du tout ! C'est même un délice après tous ces remugles de parfum et d'after-shave !
- Ah ! Vous fumez peut-être ? Avait demandé Solomon en lui tendant un cigare.
- Volontiers, merci ! Avait-il accepté
Puis, sous le regard appréciateur de l'autre, il avait savamment préparé le coûteux cigare de contrebande, se préparant mentalement à en respirer la fumée délétère autant que délictueuse.
- Hum ! Connaisseur à ce que je vois ! Avait fait le Sage, un sourire naissant sur son visage austère. .
Ils avaient savouré en silence le tabac épicé et le moment béni, isolés du reste du monde par les murs tendus de toile pourpre du petit salon. Adam avait ainsi pu l'observer à loisir. L'homme était grand en dépit de la légère voussure dorsale qu’Adam découvrit lorsqu'il se leva pour leur servir un doigt de whisky à tous deux. Une voussure qu’il semblait accentuer à dessein. Ses cheveux poivre et sel qu’il portait courts et coiffés en arrière, dégageaient un front haut et large dénotant une vive intelligence. Une courte barbe en collier du même ton encadrait un visage carré, comme taillé à la serpe.
Les yeux aux prunelles acérées - grises ou bleues, il ne savait- se cachaient derrière de grosses lunettes à verres fumés et à monture d'écaille. À n’en pas douter, c’était de propos délibéré qu’il en portait car en cette époque où l'on guérissait sans peine tous les dysfonctionnements de la vue, les lunettes n’avaient d’autre utilité que celle de se donner un genre ou de changer d'apparence. Plus pratiques et moins onéreuses que la microchirurgie optique, les lentilles suffisaient pour varier à volonté la couleur des yeux.
L'énergie indomptable et la sévérité des traits étaient encore accusées par un nez légèrement aquilin et par une lippe dédaigneuse. Une carrure impressionnante et des mains comme des battoirs complétaient l'impression de puissance dominatrice, dangereuse qui se dégageait du personnage qui de son côté, le scrutait lui aussi très minutieusement. Ce ne fut qu'après de longues minutes de ce silence partagé qu'ils se décidèrent à se présenter l'un à l'autre, comme mus par le même besoin primaire de faire connaissance.
- Phil Adams, écrivain et philosophe. Commença Adam d'un ton faussement pompeux destiné à démontrer à son vis-à vis qu'il se foutait pas mal des honneurs liés à son statut.
- Solomon Mitchell, Sage parmi les Sages poursuivit l'autre sur le même ton.
Adam put presque entendre le ricanement sardonique qui s'éleva dans le cerveau de Mitchell lorsqu'il prononça le mot sage.
Ainsi débuta leur étrange amitié. Ils échangèrent leurs coordonnées, se contentant tout d'abord de longues conversations à distance. Puis ils commencèrent à se rencontrer régulièrement, pour un dîner impromptu ou pour l'une ou l'autre de ces soirées obligatoires pendant lesquelles, ainsi qu'ils l'avaient fait lors de leur première rencontre, ils s'isolaient de la foule bruyante pour discuter et confronter leurs opinions sur tout et sur rien, ravis chaque fois de se découvrir de nouvelles affinités.
En présence d'Adam, Solomon perdait un peu de sa coutumière froideur, apparemment heureux d'avoir trouvé en ce jeune homme ambitieux une espèce d'alter ego. Un être qui, comme lui, ne s'embarrassait ni de préjugés ni de morale et ne s'offusquait pas, au contraire de tant d'autres, de sa mégalomanie galopante. Mieux, derrière le masque sympathique et rassurant du penseur, son nouvel ami semblait la partager. Leur différence d'âge : 60 ans pour Solomon, 38 pour Phil, ne fut pas un obstacle à cette amitié, au contraire. Le « Révérend » jouait avec délice le rôle du mentor auprès de ce jeune philosophe aux idées larges. Bientôt, les rares fois où il consentit à paraître en public, on ne le vit plus sans son protégé. Aussi, lorsqu’il lui demanda de faire partie du futur Gouvernement des Sages, Adam, jubilatoire, sut parfaitement jouer de l'étonnement et de la joie que suscitait en lui cette alléchante proposition. Il avait atteint son objectif et le grand manipulateur de la Maison Blanche ne se rendait pas compte qu'il avait été lui-même manipulé
- C'est un immense honneur que tu me fais là mon ami mais je ne suis pas sûr de le mériter.
- À d'autres mon cher ! Tu me ressembles comme un frère et nul autre que toi ne mérite autant cette place. En ce lieu où je me méfie de chacun, tu seras le seul en qui je puisse avoir confiance. Tu seras mon bras droit Phil.
Son bras droit, rien que ça ! Le plus fidèle serviteur du Deus ex machina trônant au -dessus des Sages, son plus fervent soutien, son plus aveuglément admirateur aux yeux de tous ! En fait, son pire ennemi dans la place ! En acceptant, il avait croisé les doigts dans le dos afin de conjurer le mauvais sort. Si Solomon découvrait un jour son rôle réel auprès de lui, il ne donnait pas cher de sa propre peau !
Comme les autres Sages mais en apparence seulement lui, Adam buvait la moindre parole du « Révérend ». Le sobriquet lui allait bien !
Ses propos lors de leurs réunions officielles, généralement teinté de mysticisme et prononcés sur un ton sentencieux de prédicateur, tenaient plus du sermon que du discours politique. Ils dénonçaient en Solomon le fils de pasteur qu'il était. Destiné à succéder à son père, il avait choisi une autre voie. Brillant diplômé de John Hopkins, il était devenu un jeune neurologue de génie avant de se reconvertir à la politique par goût immodéré du pouvoir. Doté d'un extraordinaire charisme et possédant à fond l'art de convaincre en douceur, il avait su, sous ses dehors faussement modestes, se faire remarquer du groupe d'hommes et de femmes qui s'étaient fédérés pour rechercher les membres idéaux du premier Gouvernement mondial. Solomon Mitchell faisait figure de Sage par excellence. Qui aurait pu se douter alors, à quel point déjà il savait cacher son jeu et ses véritables motivations ?
Depuis et à force de magouilles, de pots de vin et de chantages divers, il n'avait jamais quitté les rangs des élus mondiaux qui, année après année, continuaient à voir en lui dès qu'ils le rencontraient, un chef puissant, redoutable et de ce fait, incontesté.
Ils passaient insensiblement de l'admiration dévote pour le grand homme, à la peur qu'il finissait toujours par faire naître en eux tant sa soif de domination se révélait insatiable. Il semblait connaître les ambitions secrètes, les désirs les mieux cachés de chacun d'entre eux et il savait les satisfaire. Il leur procurait à volonté, pouvoir, honneurs, argent, sexe attendant d'eux en contrepartie une adhésion tacite à ses idées.
Il fustigeait les faibles et les timorés qui se réfugiaient derrière leur rassurante image de Sage pour refuser de sacrifier un pouce de leurs « idéaux à la petite semaine. » ainsi qu’il les qualifiait.
« Si vous n’êtes pas capables de comprendre que ce n’est pas avec un idéal - si noble soit-il - que l’on fait tourner le Monde, vous n’avez rien à faire avec nous ! Car, n’en doutez pas, nous avons la charge de la planète, une charge lourde et rude qui ne peut souffrir aucun faux-fuyant et qui en aucun cas ne peut incomber à une bande d’enfants de chœur. Pour mener à bien cette tâche immense, il nous faut être nous-mêmes, rudes et sans pitié envers les faibles et les mous qui voudraient entrer dans nos rangs ! » Clamait-il
Ce faisant, il isolait du reste du troupeau qui mangeait dans sa main, la poignée d’irréductibles idéalistes qui résistait encore à ses manigances, rendant très vite la position de ces véritables Sages au sein du gouvernement tellement intenable qu’ainsi pressurés, soudoyés, menacés, ils finissaient immanquablement par démissionner ou le plus souvent, par tomber sous sa coupe même si c'était à contrecœur. Surtout quand ils apprenaient, tout à fait fortuitement, comme par hasard, que les rares démissionnaires ne profitaient pas longtemps de leur liberté d’expression, ni de leur liberté tout court ! Étrangement, peu après leur départ du gouvernement, ils disparaissaient tragiquement : noyade, accident de ski, incendie de leur maison, chute mortelle lors d’une partie d’escalade…
La peur, toujours la peur pour asservir lorsque la flatterie ne marchait pas, voilà comment fonctionnait Solomon. D'une façon comme de l'autre, la majorité des Sages devenaient tous, à plus ou moins brève échéance, des pantins serviles entre ses mains habiles, entérinant de bon ou de mauvais gré ses thèses les plus insensées.
C'est lui qui, jouant des peurs intrinsèquement humaines, avait su petit à petit ancrer chez les membres des gouvernements successifs, la crainte toujours présente - à l'état latent chez certains - de l'anormalité et du retour des sectes apocalyptiques si bien représentée par les mutants.
Une crainte si parfaitement entretenue qu'elle en était devenue démesurée au point de faire de la lutte contre l'anormalité et les sectes une priorité incontournable du programme gouvernemental mondial. Les mutants, monstrueuse et démoniaque entité, étaient ainsi devenus au fil du temps, l'Ennemi public numéro un. Celui que l'on doit détruire à tout prix afin qu'il ne puisse pervertir le Monde ou pire, le détruire en en souillant irrémédiablement la pureté mentale.
« Ce n'est pas à nos corps qu'ils en veulent mais, ce qui est pis, à nos esprits et à nos âmes ! Ils sont un fléau bien plus mortel que ceux qui frappèrent notre Terre lors de la Grande Crise. Ces maux terribles, après des années d'efforts soutenus, armés de persévérance et d'espoir, nous les avons éradiqués. C'est notre sagesse retrouvée qui nous les a fait vaincre ! C'est cette même sagesse qui nous fera vaincre le dernier Grand Mal qui risque de détruire notre Monde dans ce qu'il a de plus précieux, sa pureté et sa normalité. Il est de notre devoir de supprimer les mutants qui portent en eux le germe de ce mal destructeur ! » Prêchait le Révérend dont les sermons étaient repris et répétés inlassablement par les dirigeants du GUT depuis des années, sous forme de discours venimeux et vitupérant destinés à secouer les foules, à les faire trembler d'une terreur quasi religieuse devant la gravité terrifiante de la menace mutante.
Et la voix des Sages n'avait jamais été aussi forte ni aussi impérieuse. Les nouvelles que Phil Adams faisait parvenir à Blue Hawk étaient alarmantes !
À l'abri de son bunker secret, creusé à six niveaux au-dessous de la Maison Blanche, bien en dessous de l’officiel abri blindé, secondé par les éminents experts à sa solde qui avaient inventé les brouilleurs-psy, Solomon avait mis au point un analyseur de pensée conçu pour percer les mystères des seuls cerveaux mutants.
Il l'avait en effet tout d’abord essayé sur un normal de ses ennemis. Le pauvre cobaye l'avait payé de sa vie. Son cerveau malmené par les puissants capteurs d’ondes mentales, n'avait pas résisté. Il avait explosé comme une pastèque trop mûre sans avoir rien livré des secrets de son trop ordinaire fonctionnement. Il lui fallait donc maintenant et à tout prix un cerveau d'anormal pour vérifier à la fois le fonctionnement de l’appareil et l’exactitude de ses thèses concernant l’origine de l’exceptionnelle résistance et du diabolique pouvoir du cerveau des mutants ! Voilà pourquoi il en avait encore intensifié la chasse, augmentant de quelques milliers de dryes la récompense déjà rondelette offerte pour la capture d'un membre de la secte abhorrée. Sa machine infernale attendait un rat de labo à sa mesure !
Depuis qu'il savait que l'analyseur-psy était fonctionnel, Adam ne se sentait plus en sécurité à Washington. Aucun de ceux qu'il avait embauchés à son service de Sage ne l'était d'avantage. Ses deux conseillers, dont l'un était sa propre femme et ses trois secrétaires, étaient tous des Élus. Son chauffeur particulier et l'un de ses gardes du corps étaient des Mus qui avaient transformé leur apparence pour passer inaperçus. Même le deuxième garde du corps, un grand noir de ses amis, bâti comme un coffre-fort, courait de grands risques à faire partie de son entourage si lui, Phil Adams, nom de code Adam, venait à être découvert.
Mais il y avait encore pire ! Lors de leur dernière rencontres privée un mois auparavant, en le sondant discrètement ainsi qu’il il le faisait chaque fois par précaution, il avait pu capter brièvement dans ce cerveau bouillonnant en permanence, l'un de ses secrets les mieux gardés : Mitchell préparait le prochain Gouvernement mondial, celui qui allait présider aux destinées de toute la planète en 2065.
Afin de s'en annexer à l'avance la plus totale et parfaite loyauté, il n'avait rien trouvé de mieux que de se le fabriquer de toutes pièces et sur mesure !
Cet homme-là ne reculait devant rien pour satisfaire sa soif de pouvoir !
C'était une opération de grande envergure qu'il préparait depuis des années. Des centaines d'hommes et de femmes - il fallait compter sur un certain pourcentage de déchets pour cause de mort prématurée par exemple - qu'il avait choisis méticuleusement au gré de rencontres apparemment fortuites et sur lesquels, après les avoir proprement et discrètement enlevés, il avait fait pratiquer un radical lavage de cerveau suivi d'un conditionnement rigoureux par hypnose avant de les remettre en circulation. Par la suite, lorsque la technique en avait été parfaitement au point, il les avait fait revenir dans ses labos secrets pour leur faire subir une lobotomie personnalisée tout à fait spécifique et à effet retard. Lorsqu'ils sortaient de la salle d'opération, ils étaient prêts, par activation d'un stimulus vocal et visuel, à répondre à son appel. Programmés pour devenir de sages dirigeants du Monde, à sa solde naturellement, il les ferait sortir de l'ombre lorsque le moment serait venu. Un simple coup de visiophone suffirait.
De la même façon et à plus grande échelle encore, il façonnait la première armée de parfaits androïdes, spécialisée dans le repérage et l'élimination des mutants. Ces soldats « dormeurs » constituaient la plus formidable force paramilitaire n’ayant jamais existé. Et le gouvernement l’ignorait. La terre entière l’ignorait. L'armée de l'ombre de Solomon attendait d'être complétée. Alors elle aussi serait activée. C'était l'affaire de deux ou trois ans tout au plus !
Solomon Mitchell voulait un Monde à son image, normal, pur et sans taches. Parce qu'il se croyait le garant idéal de la pensée unique et de la normalité, comme cet autre dictateur, bien longtemps avant lui avait été persuadé de l’être de la pureté raciale, il était prêt à toutes les compromissions pour parvenir à ses fins. À toutes les bassesses, à tous les crimes…Et ce qui le rendait encore plus éminemment dangereux, c'est qu'en dépit de la proximité qui le rendait un peu plus lisible aux télépathes, même les plus habiles sondeurs se heurtaient toujours à une espèce de noyau très dur, très noir et totalement impénétrable. Seul Adam jusqu'alors avait réussi à s'en approcher et lorsqu'il avait tenté de le faire éclater pour voir ce qu'il protégeait, il avait ressenti une douleur si intense qu'il avait aussitôt battu en retraite, non sans avoir senti sur lui le regard scrutateur du « Révérend »
Danger !
Bien qu'il soit trop loin mais parce qu'il était l'un des plus affûtés en la matière, Hawk avait essayé lui aussi de percer ce noir mystère. Comme Adam, il avait dû renoncer. Lui, c'était une peur abjecte prenant naissance aux tréfonds de ses entrailles qui l'avait fait reculer. Une peur déjà ressentie auparavant et qu'il ne s'expliquait toujours pas…
Tags : septième rassemblement, séparation, Washington, gouvernement, sages, taupe
-
Commentaires
Ils se sont bien trouvés ces deux là, qui dominera l'autre ?
Bon week-end.