• Chapitre 31

    Plus de mille membres de la Roue avaient été présents en Bretagne mais toute à la joie de ses noces, elle ne s'en était pas vraiment souciée. Pas plus qu'elle n'avait remarqué que son mari la quittait pendant qu'elle dormait pour se rendre à des réunions secrètes, avant de la rejoindre dans leur lit au petit jour.

    Leurs vacances en Provence furent idylliques. Ils se partagèrent entre les réunions d'État major du mouvement, la famille et les amis. Les gens de Pourrières furent rapidement conquis par ces géants aux yeux bleus, tout comme ils l'avaient été par Fleur de Lune. Il avait suffi pour cela qu'ils se mettent à les guérir gratuitement et rapidement, de tous les petits maux et bobos qui ne nécessitent pas une visite chez un médecin agréé : coupures, brûlures, entorses et foulures, migraines intempestives ou règles douloureuses…Quel bonheur pour eux d'être instantanément guéris ! Même s'ils prenaient ces drôles de zèbres pour des rebouteux d'un autre temps, leur profonde bonté désarmait les plus réticents.

    Quant aux enfants, ils avaient l'impression de se retrouver en face de héros fabuleux sauveurs de l'humanité, tels ceux qu’ils découvraient dans les livres-puces des médiathèques publiques. Hawk en particulier, avec les histoires merveilleuses qu'il leur racontait, s'était annexé leur totale dévotion !

    Son diable de mari avait même trouvé grâce aux yeux méfiants des chats de la Villa bleue, partout où il allait, ils le suivaient comme deux ombres furtives.

    Pour se faire accepter et s'en faire obéir, il lui avait suffi, à leur première rencontre, de les regarder droit dans les yeux une seule fois et les deux matous qui quelques secondes avant, feulaient le poil hérissé comme ils l'avaient fait en présence de Fleur, se mirent à ronronner et vinrent se frotter contre ses jambes, pas soumis mais domptés !

    Pendant leur séjour les mariés et leurs amis se cantonnèrent à Pourrières et à la campagne environnante. Trop de gops à Aix-en -Provence. Là comme dans la majorité des grandes villes, depuis quelques temps, ils fourmillaient. La chasse aux mutants n'était pas close, loin de là ! Et la délation était plus que jamais monnaie courante.

    Les parents de Hawk ranimaient avec Félie la braise des souvenirs. Parler de Patrick n'était plus tabou. Le mariage de sa fille avec l’actuel Rassembleur, avait à titre posthume, réconcilié le mari d’Ophélia avec les siens. L’absent était plus vivant que jamais et on lui pardonnait, ainsi qu’à sa femme désormais, d’avoir tenu si longtemps Mary dans l’ignorance de ses origines mais surtout, on pardonnait enfin à Félie d’avoir détourné le premier Rassembleur de sa noble Mission !

    Hubert lui, parcourait la région de long en large, l'appareil photo en bandoulière. Sous l’apparence anodine d’un parfait touriste, il servait en fait d'informateur au reste de l'équipe. Quant à Jézabel, elle ne semblait pas pressée de rejoindre ses pénates ni son cabinet. C'est à la loupe qu'elle étudiait Loup. Le beau Mu constituait un sujet d'étude autrement plus passionnant que ses habituels névrosés. Bon enfant, Loup acceptait de satisfaire la curiosité soit disant professionnelle de la sculpturale psy. Et la curieuse était tellement accaparée par son sujet d’observation, qu’elle ne s’apercevait même pas que lui la dévorait du regard, sans équivoque ni faux prétexte !

    De ces deux-là, qui était le chasseur, qui la proie ?

    Quand elle les surprit fougueusement embrassés, Mary ne se posa plus la question.

    La fin août arriva bien trop tôt pour eux tous. Pour les jeunes mariés en particulier ! Ils allaient subir la première vraie séparation de leur vie de couple. Même si elle devait être courte, cela leur paraissait néanmoins douloureux.

    Hawk avait promis à ses parents de les accompagner au Havre où ils reprendraient le bateau pour les USA. Hubert, toujours aussi dévoué, s'était proposé comme chauffeur. Fleur et Lazaro restaient encore une semaine ou deux chez Félie. Les autres Mus repartaient vers leurs repaires respectifs en attendant le prochain Rassemblement Quant à elle, elle rejoignait Lille par le train en compagnie de Jézabel. Flora et Gaétan les conduiraient en voiture à l'Euro gare de Marseille. Le temps de régler la paperasse et elle retrouverait son mari en Bretagne. Après quoi ils partiraient ensemble pour une destination encore inconnue d'elle.

    - Pour ta propre sécurité mon amour ! Lui avait expliqué Hawk.

    Le 30 août, ils se dirent au revoir. Près du quatre-quatre de Gaétan, Jézabel et Loup se livraient à un bouche à bouche effréné, entrecoupant leurs baisers de promesses éternelles et se jurant de se revoir bientôt. Mary avait embrassé sa mère, ses beaux-parents et ses amis. À présent, serrée tout contre Hawk, elle avait le cœur étreint d'angoisse. Elle avait eu tant de mal à le rejoindre qu'elle répugnait à le quitter, ne serait-ce que pour un temps très court. Elle était au bord des larmes tandis qu'il la berçait contre lui. Ils s'embrassèrent à perdre haleine sous le regard un peu envieux d'Hubert qui attendait près de sa voiture dans laquelle Brave Hawk et Blue Moon avaient déjà pris place.

    Elle ne voulait pas partir, ne voulait pas s'arracher à ses bras.

    - Il le faut ma douce ! Ce ne sera pas si long ! La rassura-t-il en la repoussant légèrement.

    S’il était malheureux lui aussi de devoir la quitter, il ne le montrait pas. C’était inutile, elle le lisait en lui. Entre eux, ce pouvoir-là s’était renforcé ! Pour lui, elle sécha ses larmes et lui montra un visage rasséréné. En aucun cas elle ne devait le priver d’une once de sa force. Il était celui en qui les Mus et leurs alliés avaient placé leur confiance. Il tenait leur avenir à tous entre ses mains.

    La nuit précédente, ils avaient fait l'amour avec une espèce de folie et dans l'excès de la passion, elle avait supplié :

    - Fais-moi un enfant mon amour…Fais moi un enfant.

    Alors il s'était enfoncé encore plus profondément en elle et quand ils avaient joui ensemble, leur orgasme avait eu la violence d’un raz-de-marée. Dans ses yeux, elle lut qu'il s'en souvenait lui aussi. Après un dernier baiser aussi âpre que possessif, ils consentirent enfin à s'écarter l'un de l'autre.

    Elle grimpa dans le quatre-quatre auprès de Jézabel qui essuyait furtivement une larme tandis que Hawk s'installait à côté d'Hubert. Les deux voitures démarrèrent et prirent l'une derrière l'autre la petite rue qui menait hors de Pourrières. Puis, pendant des kilomètres, ils se suivirent roulant de concert jusqu'à ce que leurs routes se séparent.

    « À bientôt mon amour! Qu'importe cette séparation puisque ensuite nous serons toute la vie ensemble ! » Lui lança-t-elle silencieusement en lui faisant signe de la main

    « C'est vrai ! Je t'aime ma sirène ! À dans deux semaines en Bretagne ! C’est de là que nous partirons pour notre nouvelle demeure. Sois prudente ! »

    Oui ! Bientôt, dans un lieu où ils seraient en sécurité, ils commenceraient vraiment leur vie à deux et ce serait merveilleux !

     

    Fin de la première partie

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  • Commentaires

    2
    Samedi 29 Octobre 2022 à 10:29

    Je me suis mariée à Montdidier la première fois et 6 mois plus tard mon mari partait à l'armée à Carcassonne, c'était loin. 

    Bon week-end.

    1
    Vendredi 28 Octobre 2022 à 19:10

    Comme on peut comprendre ces amoureux, les séparations sont pénibles à vivre, amitiés, JB

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