• Les rêves d’Élisa(3)-Les disparus de Liberté

    Après leurs retrouvailles inattendues, Élisa et Jonathan se sont installés à Liberté où ils vivent heureux au sein de cette communauté des survivants de l'Arche.

    Ils sont parents d'un petit garçon qu'ils ont appelé Jacob, comme l'enfant des rêves  d'Élisa.

    Tout va bien jusqu'au jour où des habitants du village commencent à disparaître sans laisser de trace. Or seule Élisa constate ces disparitions...

  • Bonjour !

    J'ai beaucoup de mal à poursuivre cette histoire alors je vais publier au fur et à mesure chaque nouveau chapitre que je parviendrai à écrire, en espérant que ça me reboostera l'imagination.

    Voici donc le chapitre 12.

    Bonne lecture

    Anne-Marie

    ***

    Si beaucoup de choses se sont éclaircies pour Élisa. depuis son réveil et ces trois ans à Liberté, beaucoup d'autres se bousculent encore dans sa tête. Trop des souvenirs de ses rêves continuent à perturber sa vision du Monde tel qu'il est devenu. Elle regarde et compare.. Elle regarde et ne cesse de s'extasier devant le diversité de la faune et de la flore que mille ans d'inoccupation humaine ont refaçonnées. L'ensemble est un fabuleux mélange entre ce que la Terre saccagée par le cataclysme, a réparé d'elle même au cours des siècles, et ce que les robots de l'Arche y ont réintroduit, programmés pour le faire par les Noé.

    Parce que oui, tout avait été programmé pour organiser le retour des Humains dans les meilleures conditions possibles. Les robots anthropomorphes dernière génération que les plus géniaux informaticiens avaient créés dix ans avant Armaggeddon, ne l'avaient été que dans un unique dessein : suppléer à l'Homme pendant le grand sommeil.

    Ultime degré d'une technologie de pointe, ces androïdes paraissaient tellement humains qu'il y avait de quoi s'y tromper. Ils étaient capables de s'auto- régénérer, de se mettre en sommeil et de se "réveiller" à des périodes prédéterminées. Ceci dans le but outre de maintenir le bon fonctionnement de l'Arche et de toutes ses installations en vue du lointain réveil des survivants, mais également de vérifier régulièrement le retour à la vie en dehors des Arches : qualité de l'air, de l'eau, régénérescence de la flore, tout autant que de la faune dont on avait estimé que certaines espèces se montreraient plus aptes à résister aux effets dévastateurs du cataclysme qui allait décimer l'Humanité:: certains insectes, des animaux cavernicoles, la faune des grandes profondeurs marines.... Cependant, en l'absence de toute certitude quant à ces estimations, tout avait été fait pour que chaque espèce soit réimplantée périodiquement dans l'écosystème pour en mesurer l'avancement de la guérison. A cet effet, des millions et des millions de graines, d'échantillons d' ADN, de fœtus, de larves de toute sorte, avaient été cryogénisés ou conservés dans l'une des vastes sphères de l'Arche, construite et équipée pour cela, et aussi bien surveillée, contrôlée, protégée, que l'étaient les caissons cryogéniques des survivants.

    Ainsi, chaque espèce animale ou végétale réimplantée par périodes de dix ans  dans l'écosystème bouleversé, était observée méthodiquement pas les androïdes. Ils en suivaient l'évolution et consignaient soigneusement le résultat final de la réimplantation. Soit elles mouraient, soit elles survivaient. Tout ce qui avait la chance de survivre finissait par se croiser avec les espèces qui avaient résisté. Ceci expliquait la plupart des mutations génétiques que ses rêves lui avaient montrées et qui finalement, à quelques détails près issus de son imagination, étaient bien réelles.

    Les robots avaient parfaitement rempli leur office !

    Leur présence pérenne depuis sa "mise en service" expliquait elle à elle seule le maintien en activité de l'Arche ?

    Les avait-on réactivés et reprogrammés à la surveillance des extraits de Liberté ?

    Obéissaient-ils toujours aux anciennes lois de la robotique ou étaient ils si perfectionnés qu'ils avaient évolués et agissaient de leur propre chef ?

    Toutes ces questions se lisent sur son visage bien qu'elle n'ose pas les formuler à haute voix. "Tu sauras bien assez tôt !" Semble lui dire le regard narquois de Khaled

    En attendant, il faut continuer à marcher en redoublant de prudence, surtout à la tombée de la nuit où des animaux sauvages tels qu'elle n'en a jamais vus au XXIe siècle, les suivent à la trace, avides du sang frais des humains.

    Pour couronner le tout, une pluie fine et persistante s'est mise à tomber et chaque refuge lui paraît chaque soir plus éloigné que le précédent. Trouver des abris sûrs pour se reposer, se sécher, se nourrir, est devenu la priorité de Jonathan que la toux de leur fils inquiète. Le petit bonhomme habituellement si calme et d'une éternelle bonne humeur, est devenu grincheux. Il ne cesse de pleurer et ne supporte plus de passer de bras en bras, si bien qu'elle se retrouve seule à le porter. Elle ne se plaint pas pourtant, trop consciente qu'elle ne devrait pas être là ! Pas besoin que son compagnon le lui répète, sa mauvaise humeur permanente parle pour lui.

    Leur petite expédition s'épuise. Martha se traîne. Elle a commencé à tousser elle aussi. Voir sa vieille amie dans cet état lamentable, n'est pas sans lui rappeler un triste épisode de ses rêves : la maladie puis la mort de Jacob sur le chemin de Liberté. Elle sait à présent que cet homme a réellement existé et que les circonstances de son décès se sont déroulées exactement de la façon que lui ont montré ses songes. Elle a peur !

    Il n'y en a qu'un que la situation semble réjouir, c'est leur prisonnier. Elle a même la sensation que ses forces augmentent au fur et à mesure que les leurs diminuent. Heureusement, Jonathan ne relâche pas sa vigilance. Il sait que son ennemi est capable de profiter de la moindre de ses défaillances. Il le connaît si bien et depuis si longtemps ! Le bougre mange comme quatre, dort comme un bébé, si bien qu'il récupère sans problème au contraire des autres que le surveiller sans cesse oblige à rester en en permanence sur le qui-vive.. Du coup, il ne se prive pas de montrer à quel point il est en forme en dépit de ses liens serrés. Il rit à tout propos, lance des piques à son vieil ami ou à Martha qui crache se poumons. Le pire c'est qu'il semble énormément s'amuser à exacerber la colère latente de Jonathan en laissant tomber sans préavis des propos salaces sur elle.. Si elle encaisse sans piper mot , ce n'est pas le cas de son homme à bout de patience.

    Son dernier "Je me la ferais bien ta petite pute, elle a l'air bonne !" Lui a valu une deuxième dent cassée. Et quand il s'en est pris à leur fils en jetant : "Il ne te ressemble pas beaucoup cet avorton ! T'es sûr qu'il est de toi ?", la rage de Jonathan a explosé. .Il s'en est fallu de peu qu'il ne tue Khaled sur place ! Elle a dû déployer des trésors de persuasion pour qu'il ne le fasse pas, pourtant une folle envie d'écraser elle-même cette punaise l'envahit avec une force décuplée par son immense fatigue, chaque fois que son regard goguenard se pose sur elle..

    Les journées s'écoulent avec une lenteur désespérante. La végétation anarchique brouille les pistes. Ils se sont déjà plusieurs fois perdus. La toux de Jacob leur vrille les nerfs. L'état de Martha s'est aggravé. Pour elle c'est marche ou crève parce qu'il n'est pas question de lui fabriquer un brancard de fortune ! Qui le tirerait ? . L'exaspération de Jonathan est à son comble.

    Combien de temps encore vont ils pouvoir ainsi cheminer dans cette atmosphère humide et pesante ?


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  • Martha a parlé.

    En entendant ses explications Élisa n'a pu retenir un cri de surprise. Jacob s'est réveillé et s'est mis à pleurer. Découverte elle n'a pu que descendre, contrite mais déterminée, rejoindre le trio sous le regard courroucé de Jonathan. Comme elle ne pouvait rebrousser chemin, force a été d'admettre à son compagnon qu'elle devait faire route avec eux. Heureusement, Jacob n'est pas un enfant difficile. Martha et elle se relaient pour le porter et il mange sans rechigner baies, fruits et racines comestibles que les deux femmes récoltent pour nourrir tout le monde. Un peu de petit gibier améliore cet ordinaire frugal.

    Khaled toujours solidement attaché, le groupe se dirige vers l'Arche d'où ils sont sortis trois années auparavant. L'air hargneux, il marche à contre cœur mais il marche, une fois tiré, une fois poussé par un Jonathan dont la colère ne désempare pas. Colère contre son traître d'ami, colère contre Martha qui lui a sciemment caché les manigances des Noé, colère contre Élisa qui a si légèrement à ses yeux, mis leur fils en danger.

    Retourner dans les profondeurs du dôme pour y déterrer les secrets d'une bande de savants fous qui ont joué aux apprentis sorciers, n'enchante pas la jeune femme. Mais il en va de la vie des disparus.

    Un sourire carnassier aux lèvres, Khaled a assuré que s'ils ne sont pas morts, leur sort ne vaut guère mieux ! Jonathan qui ne lui connaissait pas cette propension au sadisme, lui a décroché un violent uppercut. Depuis, l'ennemi juré d’Élisa a la mâchoire de travers ! Du coup, on ne l'entend plus !

    Les surprenantes révélations de Martha l'ont laissée dans un état de sidération tel qu'elle avance machinalement, comme un automate bien remonté sans dire un mot. Ça tombe bien, parce que Jonathan ne desserre pas les dents même pour elle. Quant à Martha qui arbore l'air d'une condamnée qu'on mène à l'échafaud, elle est silencieuse elle aussi. Il n'y a que le babil de Jacob pour égayer un peu ce morne cortège !

    Tout ce qu'a raconté Martha a confirmé à un Khaled plus belliqueux que jamais, que non seulement Élisa est une rêveuse spéciale, mais qu'en plus ce dérèglement n'est pas causé par une défaillance de l'implant pour la bonne raison qu'elle ne l'a tout simplement pas reçu comme les autres ! Et cela, c'est lui-même qui l'a avoué à la vieille femme stupéfaite. Laquelle comprenait brusquement pourquoi il n'avait cessé de parler à sa compagne avant son réveil. Il savait bien lui, qu'il alimentait son subconscient. Non seulement il savait qu'Élisa  rêvait, mais en plus elle lui avait tout raconté de ses errances oniriques dès sa sortie du "coma"..

    .En dehors des Noé, dont Jonathan faisait partie, qui s'étaient arrogé le droit de garder toutes leurs facultés d'avant le grand sommeil, dont celui des rêves antérieurs et des souvenirs, Élisa  était la seule autre survivante des Arches à avoir gardé ces mêmes facultés.

    Une traîtrise de plus de Jonathan aux yeux de son ancien ami !

    Le fameux implant Procréa créé au départ dans le seul but de pousser les survivants à former des couples et à procréer, a été considérablement modifié par Septime, Serena, Andrew , Khaled et Martha,, même si cette dernière n'y a consenti qu'à contre cœur. Elle a admis qu'il était dangereux que le hasard puisse présider à la reconstruction de l'Humanité d'où la programmation indispensable liée à la formation des couples reproducteurs. Ce fut la première variation des paramètres codifiés de l'implant. Plus qu'une seconde variation, la nécessité absolue que le passé apocalyptique disparaisse de la mémoire collective, avait contribué à un total bouleversement de ces paramètres de base avec l'introduction du code "effacement des souvenirs" liés à cette période en particulier. Puis, de fil en aiguille, un marqueur spécial avait été ajouté pour gommer purement et simplement tout le passé des survivants, ce qui avait naturellement conduit à l'éradication des rêves antérieurs. Tout cela, Jonathan le savait. Et grâce à son aveu, Élisa connaissait l'effet de la Procréa modifiée sur les rêves antérieurs et comprenait mieux qu'il lui ait demandé de se taire !

    Mais ce qu'ils avaient fait après, dans le dos de Jonathan, était inimaginable.

    Si l'ensemble des futurs cryogénisés avait bien reçu la Procréa modifiée, Élisa exclue bien sûr et pour cause, un groupe de sujets, choisi par la bande des cinq, avait fait l'objet d'une injection très spéciale. Une Procréa dans laquelle avait été inscrit un code redoutable puisque qu'il privait purement et simplement celles et ceux qui la recevaient, de toute faculté de rêver, même au présent. Exit les rêves, exit les souvenirs.

    Ces survivants-là en somme fonctionnaient comme les robots qu'on avait fait d'eux ! On peut dire qu'ils avaient la mémoire courte, leurs souvenirs n'excédant pas la journée de la veille. De plus, aussi inexplicable que cela puisse paraître, les habitants de Liberté qui rêvaient, ne partageaient que très peu leurs songes, pour ne pas dire jamais ! Avait-on insidieusement introduit ce marqueur spécifique de l'extrême discrétion dans les codes de l'implant ? Le système était par conséquent parfaitement huilé puisque ceux qui ne rêvaient pas, ignoraient que les autres rêvaient et inversement. Et tout le monde s'en portait très bien ! Sauf Élisa qui devait sa sauvegarde à son silence, alors qu'eux se taisaient sans avoir besoin de s'y forcer !

    Mais voilà, tout rouage même bien huilé peut être enrayé par un grain de sable !

    Une non rêveuse se mit à rêver.

    Annaëlle.

    Paniquée par cette intrusion brutale dans la platitude de ses nuits, elle alla consulter le médecin habilité de Liberté, lequel ignorait qu'il existait des non-rêveurs dans la communauté. Aussi ne s'inquiéta-t-il pas plus que ça, Il la renvoya chez elle avec un calmant. Mais quand elle revint le lendemain et que, très agitée pour le coup, elle lui raconta une histoire totalement abracadabrante de catastrophe apocalyptique qui aurait eu lieu dans un passé si lointain que c'en était inimaginable. il se dit qu'il avait en face de lui une malade mentale semblable aux patients qu'il soignait à la Maison de Santé Il en informa aussitôt le Conseil où siégeaient les Noé. Il arrivait que des mal réveillés soient tardivement détectés mais ce cas-là était autrement plus inquiétant.

    Annaëlle disparut opportunément. Le médecin oublia qu'il l'avait reçue. Liberté oublia qu'elle avait existé. La vie reprit son cours . Jusqu'aux cas suivants qui survinrent à intervalle régulier. La Procréa spéciale avait de gros ratés ! Elle réveillait un passé dangereux.

    Dès le premier cas, Martha l'avait compris et s'était violemment insurgée après la disparition d'Annaëlle. Elle avait aussitôt été mise à l'écart et pour être sûrs qu'elle ne vende pas la mèche, les quatre autres l'avait ravalée au rang de citoyenne ordinaire, droguée comme les autres, elle avait aussitôt oublié l'existence de la couturière de Liberté ! Il en avait été ainsi à chaque nouvelle disparition. Sans l'intervention d’Élisa, elle aurait continué à ignorer les machinations des hauts dignitaires du conseil.

    La réflexion cruelle de Khaled concernant le sort des disparus, trotte dans la tête d’Élisa. Si elle peut comprendre de quelle façon ses complices et lui ont pu les extraire de Liberté sans attirer l'attention pour les ramener dans les profondeurs de l'Arche, elle se demande dans quel but inavouable ils l'ont fait..

    Elle sait désormais, comment grâce aux technologies avancées et hyper sophistiquées qui ont présidé à sa construction, l'immense complexe souterrain a pu continuer à fonctionner durant un millénaire. Mais elle était persuadée que devenu inutile après le réveil de tous les survivants, il s'était auto désactivé.

    C'était compter sans le machiavélisme des Cinq dont Martha fait toujours partie, même si elle a été mise à l'écart.

    Là bas l'attendent toutes les réponses.

    Hormis celle d'y retourner, sa plus grande crainte et celle de Jonathan aussi manifestement, c'est d'y faire entrer leur fils.

    Qui règne encore là-bas puisque Septime, Serena et Andrew sont restés à Liberté ? Et à quelles horribles expériences se livre-t-on sur les disparus de la communauté ?


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  • Cachée à l’abri d’un gros rocher à quelques mètres du refuge, Élisa observe la discussion très animée qui est en train de se dérouler entre Jonathan, Martha et leur prisonnier. Elle ne comprend pas pourquoi ils la tiennent à l’écart de ce qui, de loin, ressemble fort à un interrogatoire assez musclé. Jonathan n’a rien d’un tendre ! D’autant moins qu’il se sent terriblement trahi par son meilleur ami !

    Il a fallu trois jours à Khaled pour sortir de la torpeur béate dans laquelle le plongeait la potion secrète de la Guérisseuse. Trois jours pour comprendre, la rage au ventre, qu’il avait été enlevé ! Depuis, il ne décolère pas ! Heureusement qu’il était solidement attaché lors de son réveil !

    Et maintenant, l’heure des comptes a sonné !

    -Va faire un tour avec Jacob ! Lui a gentiment mais fermement ordonné Jonathan !

    - Pourquoi ? J’ai le droit de savoir moi aussi !

    -Je sais ma chérie mais ça risque d’être violent et notre fils est trop jeune pour assister à ce genre de chose !

    -Vous n’allez pas…

    -Bien sûr que non ! Mais il faudra peut-être user d’un peu plus que de simple persuasion pour obliger Khaled à parler !

    Elle a donc obéi et son fils accroché contre sa poitrine, elle est partie en maugréant, certaine qu’en fait Martha et Jonathan l’éloignaient à dessein, juste pour qu’elle n’entende pas ce que ces trois-là avaient à se dire. Eux trois sont  des éminents pontes à l’origine de l’Arche, alors qu’elle-même n’est qu’un simple sujet d'expérience.

    « Quel est votre secret ? Qu’avez-vous de si grave à vous dire que ma présence ne soit pas souhaitée ? » Ne pouvait-elle s’empêcher de penser en cheminant à contre cœur vers la rivière en contrebas.

    C’est cette réflexion qui l’a soudain poussée à revenir discrètement sur ses pas et à se tapir à l’ombre du rocher, pour tenter de capter ce que Jonathan ne veut pas qu’elle entende.

    Contre elle, Jacob est profondément endormi ! Une chance ! Décidément, ce petit bonhomme ne cesse de la surprendre ! C’est exactement comme s’il était doté d’un sixième sens qui lui ferait comprendre quand il est nécessaire qu’il soit silencieux ! Exactement comme lors de leur périlleuse traversée nocturne sur l’océan agité !

    Pour ce qui est de l’agitation, aujourd’hui c’est dans l’appentis attenant au refuge que ça se passe ! Il est heureux que Khaled soit attaché au solide montant de bois parce que de l’agitation, on passerait au pugilat ! Le moins que l’on puisse dire c’est que son ennemi de toujours rue dans les brancards comme un forcené en hurlant qu’il ne dira rien tant qu’il sera ligoté comme un malfaiteur !

    - Mais tu es un malfaiteur ! Et de la pire espèce mon ami ! Celle des traîtres ! Lui répond Jonathan sans une once de colère !

    Ce calme olympien exacerbe d’autant la rage de Khaled qui crache !

    - Tu parles de traîtrise toi ! Alors que tu t’es retourné contre nous pour ta cinglée de bonne femme ! Je ne donne pas cher de ta peau quand ils te retrouveront !

    - Tu l’ignores peut-être mais pour eux, nous sommes morts Khaled ! Nos cadavres sont mangés par les poissons à l’heure qu’il est ! Ils ne nous cherchent plus ! Je pense même que notre disparition les arrange ! Les morts, ça ne parle pas ! Toi en revanche, tu vas parler !

    - N’y compte pas !

    - Détrompe-toi ! Nous avons des moyens de persuasion très efficaces ! Tu cracheras le morceau de gré ou de force ! Tu dis que je me suis retourné contre vous, mais il semblerait que vous ayez sciemment gardé pour vous certains de vos projets non ?

    - Nous n’aurions pas eu besoin de le faire si tu ne t’étais pas exclu de toi-même en rompant notre accord initial. Aucun d’entre nous n’avait le droit de se choisir une génitrice avant le grand réveil. Le hasard seul devait présider à ces rencontres.

    - Génitrice ! Quel vilain mot !

    - C’est pourtant de ça qu’il s’agit, tu le sais parfaitement ! Des génitrices et des géniteurs choisis pour repeupler le Monde, voilà ce que nous sommes ! Rien d’autre !

    - Comme tu y vas ! Et que fais-tu des sentiments ? Ce sont eux qui nous confèrent notre humanité !

    - Qui dit sentiment, dit rivalité, jalousie, querelles sans fin… Pire encore ! Tu connais bien la facilité avec laquelle les hommes en particulier, se battent pour un oui ou pour un non ! Un bout de terre, une maison, une femme…Nous ne pouvions laisser ce paramètre instable interférer dans notre projet vital!

    - D’où l’implant « Procréa » mais pas que ça je suppose hein ! Pour faire un enfant, il faut tout de même un peu d’amour !

    - Pas d’amour non ! Seulement l’illusion de l’amour Jonathan ! Pour maintenir la paix et la sécurité dans la communauté !

    - Un autre implant donc, si j’ai bien compris, que vous avez programmé dans mon dos !

    - Il était prêt Jon’ et nous t’en aurions parlé si tu n’étais pas parti chercher cette satanée Élisa !

    - C’est ma femme Khaled, tu ferais bien de t’en souvenir !

    - C’est ça le hic justement, cette relation exclusive non prévue et totalement contre-nature dans le cadre strict du processus que nous avions codifié.

    - Je commence à comprendre ! Tout était programmé, Même les futures rencontres prétendument fortuites entre les «Élus»  Vous aviez déjà formé les couples reproducteurs quoi ! Accouche !

    Toujours à l’abri de son rocher, anxieuse, Élisa attend la réponse de Khaled ! La seule idée que le couple uni qu'elle forme avec Jonathan, ait été décidé bien avant leur rencontre, la terrifie. Se peut-il que l'amour profond qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, ne soit qu'une illusion ?

    Non ! Elle a bien entendu de la bouche de ce traître, qu'elle et Jonathan sont l'exception à la règle, parce qu'il a désobéi en allant à sa rencontre. Mais pourquoi l'a-t-il fait ? L'a-t-il choisie dans le lot des « Élus », comme ils disent. Tout se brouille à nouveau dans sa mémoire où les souvenirs se diluent, se mêlant aux rêves qu'elle a vécus comme des faits réels pendant si longtemps! Mais une question plus importante que tout reste posée: pourquoi cette série de disparitions à Liberté, et que sont devenus les disparus ?

    Obstinément, Khaled se mure dans le silence, laissant Jonathan tirer seul les conclusions qui s'imposent à lui.

    Rageur, celui-ci se tourne vers Martha qui semble faire profil bas depuis le début de l’interrogatoire.

    -Et toi, que peux-tu me dire puisque cet enfoiré refuse de passer aux aveux ? Que sais-tu que tu me cacherais depuis si longtemps ?

    -Ce n’est pas ce que tu crois Jonathan ! Comme toi, j’ai approuvé l’implant Procréa, parce qu’il me semblait indispensable que tout s’enclenche rapidement dès le réveil. Toutes les « Arches » étaient d’accord là-dessus ! Puis tu es allé finaliser ta propre opération de sélection ! Tu y as rencontré Élisa et tu t’en es épris, ce qui allait à l'encontre du programme.

    -En quoi notre rencontre dérangeait-elle le programme ?

    -Pourquoi t'obstines-tu à nier si farouchement ce pourquoi tu as signé Jonathan ? Parce que tu l'as signé, le Pacte des Arches ! As-tu oublié ce qu'il nous en a coûté de l'écrire ? As-tu oublié les sacrifices auxquels nous avons dû consentir ? Nous ne pouvions nous permettre aucune dérogation. Il semblerait que le réveil n'ait pas été total pour toi !

    Crache Khaled venimeux et totalement réveillé lui !

    -Toi ta gueule ! Je parle à Martha. Que m'avez vous caché ? Et que sais-tu des disparitions ? je te croyais mon amie toi aussi ! Es-tu complice de cette machination ?

    -Pas du tout ! J'ai été mise à l'écart, comme toi. Comme toi j'ai été droguée pour ne pas voir ce qui se tramait. Si Élisa ne m'avait pas convaincue, j'aurais continué à la prendre pour une folle puisqu'elle seule, va savoir pourquoi, est restée insensible aux effets de cette drogue. Aujourd'hui j'imagine son angoisse quand elle a constaté ces disparitions sans être crue ! Je ne sais pas ce que sont devenus les disparus Jonathan, je te le jure.

    - Je te crois mais il y a quelque chose que tu sais et que moi j'ignore, qui pourrait expliquer pourquoi on les a fait disparaître. Si tu veux garder ma confiance, dis moi ce que ces salauds m'ont caché. Ce que tu m'as caché toi aussi Martha !

    - Dans l'implant Procréa, nous avons...

    -Tais-toi vieille folle ! Tu ne vas pas nous trahir pour ce pleutre ! L'interrompt brutalement Khaled pâle de fureur.

    -Je ne trahis personne Khaled ! Il a le droit de savoir ! C'est Serena, Septime, Andrew et toi qui êtes responsables de ces disparitions ! J'en suis sûre et je veux savoir pourquoi et où sont toutes ces personnes. Tout cela a un rapport avec ce que nous avons ajouté à la Procréa n'est-ce pas ?

    -Ferme-la ! Tu ne sais pas ce que tu fais !

    -Toi ferme-là ou je t'assomme de nouveau ! Jette froidement Jonathan ! Continue Martha.

    Masquée à leurs regards, Jacob endormi dans son giron, Élisa attend la réponse de sa vieille amie.


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  • Et voilà !

    Avec ce chapitre 9, je vais laisser sur leur faim les personnes qui, fidèles, passent lire. Poster ces chapitres aura eu l'effet escompté, je me suis remise  à l'écriture et petit à petit, la suite se dessine enfin .

    Patience donc pour les chapitres à venir...

    Bisous

    Anne-Marie

    *

    Jacob dort comme un bienheureux dans les bras cajoleurs de Martha qui ne cache pas sa joie d’avoir retrouvé son petit loupiot comme elle dit. Á vrai dire elle est complètement gaga avec le petit garçon qu’elle considère comme son petit-fils. Elle lui voue un amour sans borne et le bambin le lui rend bien !

    Il y a maintenant huit jours qu’ils l’ont rejointe dans le refuge où elle se rongeait les sangs en se demandant ce qu’ils devenaient.

    Ils ont quitté Liberté par la mer dans une barcasse qui tenait plus de la coquille de noix que du bateau de pêche auquel est habitué Jonathan !

    Élisa ne lui a pas posé de question quand il lui a annoncé que ça valait mieux que de prendre les sentiers habituels où on risquait de les poursuivre ! Si naviguer de nuit ne l’enchantait pas, elle a néanmoins admis qu’en effet, c’était la meilleure solution, surtout quand Jonathan lui a fait part de son plan, même si elle a rechigné en l’écoutant l’exposer :

    -Nous allons leur faire croire que nous avons péri en mer au cours de notre fuite !

    -Ils ne seront pas dupes !

    -Mais si, crois-moi ! Quand ils verront qu’aucun des bateaux de pêche ne manque, ils comprendront que nous sommes partis avec cette embarcation peu fiable dont plus personne n’ose se servir. Il va y avoir de la houle cette nuit, c’est prévu.

    - Il faut être fou en effet ! Que nous prenions des risques, je peux le concevoir mais tu as pensé à Jacob ?

    - Bien sûr que j’y pense ! Pour le sauver, nous devons les prendre ces risques ! Si Martha n’avait pas mesuré l’ampleur du danger qui vous menaçait Jacob et toi, elle n’aurait pas quitté Liberté. Elle a compris qu’en s’échappant, elle allait déstabiliser Andrew et ses acolytes, les obligeant à réviser leurs plans ! Tu peux être sûre que sinon, ils t’auraient fait disparaître toi aussi, sans attendre mon retour. Mon absence les arrangeait bien et tant qu’ils avaient Martha dans leur jeu, ils pouvaient tout se permettre !

    - Tu as sans doute raison !

    -J’ai raison ! Pense à Soraya et aux jumeaux ! Alors que chaque enfant de Liberté est si précieux pour notre avenir, ils n’ont pas hésité à les faire disparaître ! Ils en auraient fait autant pour toi et notre fils, avec d’autant plus de détermination que tu devenais une menace pour eux ! S’ils n’ont rien tenté avant, c’est probablement parce qu’ils voulaient d’abord découvrir pourquoi leur drogue ne fonctionne pas sur toi ! Tu es un cas unique ma douce! Même moi je n’y ai pas résisté au début !

    -Tu parles d’une drogue, mais quelle drogue ? Comment peuvent-ils l’administrer à toute la population en même temps ? Droguent-ils les enfants aussi ? Ont-ils une raison précise pour avoir fait disparaître les personnes cochées sur ma liste, ou les choisissent-ils au hasard ? Et pourquoi ont-il fait disparaître tous les "mal réveillés " d'un seul coup avec la garde du jour en prime ? 51 personnes , tu te rends compte ! Quel est le but de tout cela ?

    -Je ne sais pas mon amour, c’est ce que nous devons découvrir ! Voilà aussi pourquoi nous devons partir, vite !

    -Une dernière question Jonathan ! Deux plutôt. Tu parles d’une partie engagée entre nous et Andrew et sa bande, peux-tu me dire si elle est bientôt terminée cette partie ?

    - Je ne peux répondre à cette question ! Si j’en étais capable, nous ne serions pas obligés de fuir pour avoir une chance de trouver ces réponses ! L’autre question ?

    -Que fais-tu de Khaled ? Il te connaît mieux que personne ! En constatant ta fuite, il comprendra que tu l’as berné et il ne te lâchera plus !

    - Ça ma chérie, c’est un problème réglé ! L’as-tu vu depuis notre retour ?

    - Non, en effet ! Je pensais qu’il avait rejoint Shana !

    -Tu ne t’es pas dit qu’il aurait dû être avec ses comparses ?

    -Oui.. Non… je ne sais plus ! J’étais tellement heureuse de te voir que je n’ai pas vraiment fait attention !

    --Eh bien ma douce, ce cher Khaled nous attend !

    -Comment ça il nous attend ?

    - Oui, il part avec nous ! Bon, il est un peu sonné, d’accord ! C’est que Martha m’a appris quelques trucs si tu vois ce que je veux dire, alors il dort comme un bébé et il va dormir pendant un bon bout de temps ! Ligoté bien sûr !

    -Pourquoi l’emmener avec nous ?

    -C’est une carte dans notre jeu ! Un atout maître !

    -Il est dangereux !

    -Il le serait bien d’avantage en restant avec ses complices !

    -Les habitants de Liberté vont s’apercevoir de sa disparition ! Et de la nôtre !

    -Même pas ! Ont-ils fait la moindre remarque sur celle de Martha ? La drogue annihile leur perception. Ils n’auront pas à nous oublier parce qu’au même titre que les autres disparus, nous n’aurons jamais existé pour eux !

    -Mais Andrew, Septime et Serena…

    - Eux sauront bien sûr ! Ils comprendront que nous avons pris Khaled en otage et que ce traître aura péri en même temps que nous !

    -Comment ?

    -Quand ils verront les débris de notre piteuse embarcation !

    Et le plan de Jonathan a fonctionné à merveille. Un plan qu’il avait minutieusement préparé, avant son départ pour la chasse, après avoir surpris tout à fait par hasard, une conversation édifiante entre celui qu’il croyait être son ami depuis toujours et la bande des trois « maîtres » de l’Arche, quelques jours après qu’elle ait lancé sa bombe lors de la fameuse réunion du Conseil de la Communauté.

    Bien qu’il soit encore sous l’influence de la drogue, il n’avait retenu qu’une chose : on voulait faire du mal à l’amour de sa vie !

    -Ça ne marche pas avec Élisa ! Avait jeté cette garce de Serena

    -Il va peut-être falloir s’en débarrasser ! Avait suggéré Septime d’un ton froid !

    -Comme pour les autres ? Avait demandé Andrew.

    - Avec Jonathan dans les parages, ça risque d’être difficile ! On a beau le tenir comme les autres, il est plus résistant et il est très épris d’elle ! Avait argué Septime.

    -De toute façon avant d’agir, il faut qu’on essaye de comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas sur elle. Et pour ça, il vaudrait mieux qu’il ne soit pas présent. Avait ajouté Serena.

    -J’ai une idée, avait proposé Khaled. Je l’emmène à la chasse avec Rafaël. Il ne refusera pas ! Il faut profiter du fait qu’il avait l’air assez décontenancé et énervé contre elle quand elle a parlé des disparitions ! Je pense même qu’il sera soulagé de s’éloigner d’elle un moment !

    C’est cette trahison qui l’avait « dessoûlé » en quelque sorte. Alors il avait joué leur jeu, tout en préparant ses propres coups, comme un joueur d’échec !

    Non, il ne savait pas quand allait finir la partie, mais il était prêt à tout pour qu’elle se termine à son avantage

    Dans le petit bateau, ils n’ont embarqué que le strict nécessaire pour un voyage somme toute assez court par la mer, plus quelques bagages qui seraient sacrifiés pour duper leurs adversaires. Et bien sûr, un Khaled profondément endormi, saucissonné dans une couverture. Comme s’il avait compris, Jacob a été sage comme une image. Á la lueur de la lune, ils ont navigué sur le flot houleux, jusqu’à un îlot connu d’un seul équipage de pêcheurs, celui que formaient habituellement Jonathan, Rafaël et Khaled, sur le Liberté .

    Une cabane au confort rudimentaire les attendait et une autre embarcation bien plus solide pour les amener à bon port. Après avoir installé sa femme, son fils et leur prisonnier à l’abri, Jonathan est reparti à l’assaut des vagues, traînant derrière lui la barcasse contenant les bagages leurres.

    Á bonne distance de l’îlot, il a percé le fond d’un coup de hache, fracassé la coque, puis il l’a détachée et laissée partir à la dérive. L’océan et quelques écueils ont fait le reste.

    Jonathan savait que les courants à cet endroit précis, allaient ramener les débris de l’épave vers le rivage de Liberté.

    Après une journée de repos, ils ont repris la mer. Il ne leur a fallu que quelques heures pour rejoindre la côte, au plus près du refuge de Martha. Et seulement une demi-journée de marche pour l’atteindre enfin, avec un Khaled tenu fermement en laisse par Jonathan, et qui avançait l’air hébété, tel un zombie, sans comprendre encore ce qui lui arrivait.

    Quant à Jacob qui n’avait jamais quitté Liberté, du haut de ses 2 ans, il semblait s’émerveiller de tout.

     

     

     

     


    7 commentaires
  • La réaction du Doyen ne se fait pas attendre. S’il a paru totalement décontenancé devant Jonathan, il reprend très vite du poil de la bête. !

    N’est-elle pas allée trop loin avec sa petite comédie ?

    - Martha, espèce de folle ! Tu sais très bien de qui je parle ! Elle vivait chez toi depuis plus d’une semaine !

    Au point où elle en est et à voir l’expression fermée de Jonathan, elle peut tout aussi bien continuer le jeu qu’elle a commencé. Après tout, elle ne sait pas encore s’il est toujours sous influence.

    -Je ne connais aucune Martha ! Je suis seule chez moi avec notre fils depuis le départ de Jonathan ! Tu es bien placé pour le savoir Andrew ! Après la réunion que j’ai si inconsidérément convoquée, j’en conviens, plus personne ne m’adresse la parole ! On m’évite comme la peste ! Et on ne me laisse plus participer aux activités de la Communauté !

    - Á quoi t’amuses-tu petite écervelée ? Tu vois disparaître des gens qui n’existent pas et tu ne te serais pas aperçue de celle de Martha, qui est bien réelle, elle ! Á qui voudrais-tu faire croire ça ?

    - Je ne cherche pas à vous faire croire quoi que ce soit ! En quoi cette…Martha serait elle plus réelle que mes « disparus » ? Vous êtes peut-être tous devenus aussi fous que moi !

    -Et Jonathan qui vient tout juste de rentrer après une absence de presque un mois, tu penses qu’il est fou lui aussi ? Tu l’as bien entendu demander des nouvelles de Martha ! Argumente une Serena qui reprend pied à son tour !

    -Pas du tout ! Je remontais tranquillement de la plage quand j’ai entendu sa voix de loin. Ses cris ont même réveillé notre fils. J’étais si heureuse qu’il soit enfin rentré ! En m’approchant, je vous ai vus tous les quatre. Vous sembliez vous disputer et vous parliez d’une disparition Vous pensez bien que vu les circonstances, cela a fait plus que m’intriguer !

    -Tu mens ! Hurle Septime qui de pâle est passé à rouge de fureur !

    Elle se moque qu’ils croient ou non à sa version. Ce qui l’inquiète, c’est l’absence de réaction de Jonathan. En apparence du moins, car ses poings serrés et les veines gonflées de son cou démentent ce calme de surface. Il va exploser d’un instant à l’autre. Sera-ce contre elle ou contre ceux qui accusent sa femme de mensonge et de folie ? Elle préférerait ne pas le savoir tout de suite.

    - Jonathan, nous devons te parler ! Il y a urgence ! Intervient Andrew.

    Sent-il que la situation leur échappe et qu’ils n’ont plus le contrôle sur l’esprit de son compagnon ?

    Il y a urgence en effet ! Á l’éloigner des trois comploteurs ! Il faut qu’elle puisse très vite et le plus calmement possible, lui expliquer les choses de son point de vue, partagé par Martha désormais. Elle se doit aussi de le rassurer sur le sort de leur vieille amie. Il faut qu’elle parvienne à le convaincre qu’elle n’a pas disparu mais qu’elle est partie de son plein gré, persuadée que c’était la seule façon de se protéger et de les protéger, elle et leur petit Jacob.

    - On y va maintenant ! Insiste Septime.

    La peur qu’elle avait réussi à juguler en entendant la voix de son homme, remonte en flèche ! Désespérée, elle lui jette un regard de muette supplique. Tout son être tendu vers lui, crie «Viens !»

    Comme s’il l’avait entendue, il pose enfin sur elle l’émeraude de ses prunelles acérées.

    -Dites-moi, c’est grave ou pas, si je préfère passer un peu de temps avec ma famille avant les discussions sérieuses ? Parce que s’il y a une urgence pour moi, c’est bien de serrer ma femme et mon fils dans mes bras ! La vôtre attendra ! Assène-t-il d’un ton dédaigneux aux trois comparses estomaqués.

    - Mais...Martha… Bégaie Andrew décomposé.

    -Vous n’avez rien fait depuis huit jours ! Cela aussi peut donc attendre, au point où on en est à cause de votre négligence !

    Et là-dessus il s’approche d’elle et passant un bras ferme autant que possessif autour de ses épaules, il l’entraîne sur la route qui mène à leur foyer !

    -Jonathan… il faut que je te dise…

    -Plus tard ma chérie ! Quand nous serons chez nous, à l’abri des oreilles indiscrètes. L’interrompt-il.

    - Tu.. Tu ne m’en veux plus ?

    - Plus tard je te dis ! Fais-moi confiance.

    Puis, sans se soucier de ceux qui les épient, avec précaution pour ne pas étouffer leur fils, il la prend dans ses bras et l’embrase avec une passion qui n’a rien de feint.

    Á peine sont-ils rentrés chez eux, que toute la tension accumulée depuis le départ de Jonathan, se relâche d’un seul coup. Elle se serait effondrée s’il ne l’avait pas retenue fermement contre lui.

    -Là… Là.. Tout va bien aller à présent mon amour ! Lui murmure-t-il apaisant

    Accroché aux longues jambes musclées de son père, Jacob gazouille :

    -Papa, papa. Zacob veut bisou…

    - Bien sûr mon bonhomme ! Papa va te manger de bisous ! Lui répond-il envahi de tendresse.

    -Il a retrouvé le sourire ! Si tu savais comme il a pleuré en ton absence ! C’est son tour de câlins maintenant ! Dit-elle en se détachant de lui.

    Puis, encore tremblante, elle va s’asseoir dans le rocking-chair qu’il a fait pour elle à la naissance de Jacob.

    - Je me doute ma chérie ! Pardonne-moi ! Nous allons rattraper un peu du temps perdu avec mon petit pirate, puis nous discuterons ! Je crois que nous avons des choses importantes à nous dire !

    -D’accord mon amour !

    Les retrouvailles entre le père et le fils sont si émouvantes qu’elle a bien du mal à retenir ses larmes.

    Le reste de la journée s’est déroulé sans anicroche Personne n’a osé venir relancer Jonathan chez lui. Mais Élisa sait que ses ennemis ne renonceront pas si facilement. Ils ont probablement compris avant elle, qu’ils n’avaient plus aucun pouvoir sur Jonathan ! La seule chose qu’ils ignorent et qu’elle, sait à présent, c’est, en utilisant leur propre terme, qu’ils ne l’ont pas « tenu » autant qu’ils le pensaient.

    Quand il est parti avec Khaled et Rafaël, il ne subissait déjà plus leur funeste emprise.

    -Pourquoi es tu parti alors ?

    -Pour donner le change ! Pour qu’ils croient que j’étais toujours sous influence. Au même titre que Rafaël.

    - Parce que Khaled…

    - Khaled fait partie de leur complot. Si j’avais refusé de partir, ils auraient compris que leur truc ne fonctionnait plus sur moi. Khaled était en quelque sorte, mon sauf-conduit. J’ai joué consciencieusement le zombie que j’étais censé être. Il n’y a vu que du feu ce traître !

    - Comment nous tiennent-ils et pourquoi cela ne marche-t-il pas avec moi ?

    -C’est là tout le nœud de l’histoire mon amour : Il faudra que je t’explique mais là, nous allons d’abord devoir agir, vite, très vite.

    -De quelle façon ?

    - En partant rejoindre Martha

    - Quand ?

    -Cette nuit-même. Alors, comme elle te l’a dit, nous aviserons. Les dés changent de main ! Nous reprenons la partie Élisa !


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