• On l'appelait Simplet...

    On l'appelait Simplet...

     

    On l'appelait Simplet

     

    Ce matin, une âme s'est envolée, emportée vers le ciel par les blanches ailes d'une Colombe

    On l'appelait Simplet, ou le "bredin". Il était le simple d'esprit; l'idiot du village dont on se moquait gentiment mais que tous aimaient et protégeaient de la méchante raillerie des "estrangers" qui traversaient cette petite commune du fin fond de la France. Tous les habitants étaient heureux et fiers d'avoir leur bredin. "Il porte chance" disait-on "Son âme candide et pure éloigne les démons" Affirmait la grand-mère de Simplet qui était de surcroît le seul membre encore en vie de la famille de l'adolescent. Ses parents, qui l'avaient eu sur le tard, étaient morts la même nuit dans l'incendie de leur ferme. Simplet leur unique enfant, en avait réchappé parce qu'il dormait chez son aïeule. Il n'avait que cinq ans lors du drame et personne encore ne pouvait deviner qu'il était ce qu'on appelle communément un enfant attardé.

    " Jean Dormeur, notre cher Simplet nous a quittés. Il était notre enfant à tous, le Béni du village. La maladie nous l'a enlevé. Il s'est endormi comme il a toujours vécu, bienheureux, le sourire aux lèvres. En souvenir de la beauté si simple de son âme et de son éternelle bonté, rappelons-nous ce merveilleux poème que René Fallet aurait pu écrire pour lui !" Prononça le curé en guise d'oraison funèbre. Puis de sa voix grave et profonde, il commença à réciter :

    " Il est mort, celui qui parlait aux escargots

    Qui savait le printemps, le soir et le matin

    On entend sur la route encore ses sabots.

    Le bredin est parti dans le ciel de bredins.

    Il avait pour ami, le vent, les libellules,

    Ce soir le vent qui pleure a comme de la peine.

    Il est mort, celui qui s'amusait d'une bulle,

    D'une odeur de muguet, d'un refrain de fontaine

    Et ne le verra plus le lapin de garenne

    Danser sur les chemins qui mènent dans la Lune.

    Il est mort..."

    D'où tu es Jean Dormeur, cher enfant de nos cœurs, toi qui fus notre Simplet si plein de bon sens, protège nous car en vérité, toi tu étais un Sage et c'est nous hélas, qui sommes fous .

    ©A-M Lejeune

    13/05/2024

     ***

    Voir : (René FalletChant dunèbre pour un ami bredin, 1962)

    http://aln03.eklablog.com/poeme-de-rene-fallet-chant-funebre-pour-un-ami-bredin-a93170829

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  • Commentaires

    5
    Samedi 18 Mai à 12:19

    Les simplets sont heureux c'est sûr

    ils ne voient pas la vie comme nous la voyons.

    bel écrit

    bisous mon amie

    4
    Mardi 14 Mai à 07:53

    Que c'est beau ma Copine.

    N'est pas simplet qui le veut je dirais.

    L'être simplet, pour moi c'est avant tout

    celui qui jamais, même en pensées, ne

    pensera à mal. Il n'est que naturel et gentillesse, bien loin des mystères de la manigance...

    3
    Lundi 13 Mai à 19:59

    Bel hommage pour ce simplet qui ne devait pas l'être tant que ça.

    Bonne semaine.

    2
    Lundi 13 Mai à 18:19

    Simplet... ce mot me fait penser à la chanson de Fernandel, au dessin animé de Disney, avec attendrissement.
    Si je peux me permettre de paraphraser Courteline...

    "Être appelé simplet par des sots est une volupté de fin gourmet"

    Merci pour ce beau texte, et aussi de m'avoir fait connaître René Fallet.

    1
    Lundi 13 Mai à 18:09

    Bonjour

    Si triste 

    Mais si beau ton texte

    Oui chaque village à le sien 

    Celui de ma campagne à moi

    Le bien nommé Bébé Jacquot

    Mais pas si bête que certains le pensaient 

    Bonne journée @ TOI 

     

     

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