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Chapitre 29
29 juin
Elle arriva sans trop se hâter chez les Andrevski qui les avaient conviés à dîner elle et Hubert Elle était emplie d’appréhension. Son « fiancé » était déjà sur place. Le fait qu’il soit arrivé sans elle intriguait Surprise qui ignorait encore leur rupture. Seul Alexeï savait. Son ami s’était tout naturellement confié à lui. Les deux hommes partageaient désormais un secret dont la future jeune mère était pour le moment toujours exclue. Mais son extraordinaire sagacité lui faisait pressentir que les deux larrons lui cachaient quelque chose.
Et c’était vrai ! Ils avaient discuté longuement de ce que Mary leur avait appris et avaient encore du mal à y croire mais force leur avait été d’admettre son étrange nature et ce qui en découlait. Aussi s’étaient-ils discrètement renseignés sur les membres de cette fameuse et dangereuse secte des Mutants dont elle leur avait dit faire désormais partie intégrante.
La liste de leurs supposées exactions était impressionnante cependant, curieusement il n’y avait ni photos ni vidéos sur le sujet. Aucune preuve alors que les reportages de leurs arrestations étaient nombreux, abondamment commentés et très détaillés ! Cela sentait l’arnaque à plein nez, ils en convenaient. En somme, la seule chose qu’on pouvait leur reprocher, c’était leur anormalité. Ce qui en cette époque, était le plus pénalisé des crimes.
Mary ! Une criminelle ! C’était presque risible ! Ils en auraient d’ailleurs volontiers ri si le simple fait qu’elle appartienne à ce mouvement détestable ne l’avait pas mise en danger.
Car aucun des deux hommes n’aurait pu se résoudre à la trahir, même Hubert qu’elle avait si profondément blessé. Ils ne pouvaient la voir autrement que comme leur Mary, celle qui accourait dans la nuit pour venir en aide à ses amis !
Voilà ce que captait la jeune femme qui hésitait à s’annoncer à l’interphone. Quand elle saurait de quoi il retournait, son amie que la grossesse rendait capricieuse et colérique, risquait, elle, d’en faire le drame du siècle. Elle se décida pourtant. Hubert et Al qui subissaient stoïquement la question, avaient assez souffert. Elle sonna et s’annonça. La porte s’ouvrit. « Courage ma vieille ! » Se morigéna-t-elle en entrant.
- Ah, te voilà toi ! C’est pas trop tôt ! Clama Surprise tout en continuant à gesticuler autour de ses malheureuses victimes.
Son apparition suscita chez les deux hommes un intense soulagement qu’elle saisit sans peine. Cette fois encore, elle allait devoir trancher dans le vif.
- Allons la belle ! Cesse donc de t’agiter, c’est mauvais pour ta fille ! Et laisse ces deux pauvres garçons tranquilles, je vais te dire ce que tu brûles de savoir ! Lança-t-elle tout à trac, mettant ainsi fin au calvaire desdits pauvres garçons.
Surprise stoppa net son manège et la regarda interloquée. Elle ne se souvenait pas lui avoir dit qu’elle attendait une fille. De fait, elles ne s’étaient guère vues en dehors du travail depuis la visite de cette cousine dont Mary ne lui avait jamais parlé. Elle reprit, essoufflée :
- Comment sais-tu que c’est une fille ? Al t’a dit au moins ! Quel cafteur ! Moi qui voulais te l’annoncer ce soir !
- Il ne m’a rien dit. Il n’a pas eu besoin, je le sais depuis le début. À vrai dire, j’ai su presque en même temps que toi que tu étais enceinte !
- Que… comment.
- Et bien avant l’échographie qui te l’a confirmé, je savais que c’était une fille. Allons, ne t’énerve pas ! Poursuivit-elle en voyant Surprise au bord de l’apoplexie. J’ai encore un tas de choses à t’avouer !
- Puis-je rester ? Intervint Hubert.
Elle capta : « Tu vas avoir besoin de soutien ma vieille ! Ça risque d’être encore pire qu’avec moi ! »
- Tu as raison mon ami ! Répondit-elle tout haut à cette pensée subreptice. Reste, tu as le droit de connaître toute la vérité !
Il posa sur elle son regard noisette, encore surpris et troublé qu’elle puisse lire aussi facilement en lui.
- Parce qu’il sait déjà des trucs que moi j’ignore ? Et mon cher mari semble lui aussi dans la confidence à voir son air de conspirateur ! Je me doutais bien qu’ils me cachaient des trucs ces deux-là ! D’abord, c’est quoi ce bazar entre vous ? Tu lui donnes du « mon ami » maintenant ?
Le ton montait. Surprise commençait à comprendre qu’on l’avait volontairement tenue à l’écart et que ce qu’on lui cachait était grave. Elle en avait oublié le début troublant de la discussion. C’était le moment de se jeter à l’eau.
- Hubert et moi, nous avons rompu !
Pâle soudain, Surprise en tomba assise sur le canapé, les deux mains sur son ventre rebondi. Al lui lança un silencieux avertissement. Elle comprenait son inquiétude. Sa femme dormait mal ces derniers jours, le bébé bougeait beaucoup et elle était obligée de prendre des anti-D pour se détendre.
- Calme- toi ma chérie ! Dit-il en s’asseyant près d’elle.
- Tu en as de bonnes toi ! Me calmer alors que ma meilleure amie m’annonce froidement qu’elle a rompu ses fiançailles ! Al, tu savais hein ? Tu savais, j’en suis sûre ! Et tu ne m’as rien dit !
- Pas depuis longtemps ma biche, je te jure ! Et ce n’étais pas à moi te le dire, de toute façon, tu es d’accord ?
- C’est lamentable ! Tu n’avais pas le droit ! On ne se cache rien toi et moi !
- Je maintiens que ce n’étais pas à moi de t’annoncer la mauvaise nouvelle, moya lyubovʹ ! Tu ne peux vraiment pas me reprocher ça !
- Moya lyubov’ ! Y’a bien longtemps que tu ne m’as pas appelée mon amour en Russe ! Y a que quand t’as quelque chose à te reprocher que tu parles dans la langue de tes ancêtres !
- Il a raison Surprise ! Intervint Mary qui sentait que la température grimpait à grande vitesse !
- Bon, d’accord ! Alors qui a eu l’initiative de la rupture ?
Elle regarda son amie dont l’attitude gênée en disait long.
- Mary ! Ce n’est pas toi tout de même ?
- Si ma puce, c’est moi! ! Et ce n’est pas le pire !
- Mais pourquoi bon sang ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait ce pauvre Hubert dis-moi ?
- Mais rien Surprise ! Hubert n’y est pour rien ! Tout est de ma faute !
- Explique !
Et elle expliqua. Tout ! Au fur et à mesure de son récit, elle voyait son amie se pétrifier. Elle pouvait lire en elle et sur son visage toute la gamme des émotions qui la traversaient : incrédulité, déception, indignation, colère, dégoût, haine, peur et rejet. Un rejet total, absolu. Ni peine ni compassion si ce n’est pour le fiancé cocufié. Elle effaçait d’un coup plus de vingt ans d’une amitié exemplaire.
Cette femme-là, pensait-elle, cette étrangère qui lui assénait la plus horrible des vérités avec un calme surnaturel, anormal, ne pouvait pas être, n’était pas son amie d’enfance !
Quand ce fut fini, elle se détourna ostensiblement de celle qu’elle avait chérie comme une grande sœur depuis qu’elles étaient toute petites et regarda tour à tour son mari et Hubert, guettant sur leur visage le moindre démenti.
Mais leur mine fermée ne fit que confirmer la véracité des faits terrifiants qu’avait vomis la gueule du monstre qui ressemblait à Mary. Ce qu’elle venait d’apprendre constituait à ses yeux la pire des trahisons. Mary-Anne Conroy-Defrance, fille de la si charmante et sympathique Félie « Est-ce bien sa fille d’ailleurs ? » était une anormale ! Pire, la maîtresse d’un de ces salauds de mutants ! Et cette cinglée s’en vantait le plus naturellement du monde alors qu’il n’y avait rien de plus contre-nature que ces êtres immondes qui ne méritaient pas le nom d’Hommes ! Elle ne pourrait jamais lui pardonner cette infamie.
Elle n’eut pas besoin de le crier, Mary lut en elle le cruel verdict.
- Surprise… Je …
- Tais-toi ! J’en ai assez entendu ! Espèce de… de…
- Monstre ? C’est ce mot que tu ne peux prononcer ?
Hubert baissa les yeux, honteux. Il avait été après Al l'un des premiers à la considérer ainsi, sauf que son ami avait fait preuve d'une plus rapide et plus grande mansuétude. Lui avait éprouvé le même intense dégoût que Surprise et il n’était pas loin de penser encore de cette manière. La pilule restait amère et dure à avaler !
- Sale hypocrite ! Menteuse ! Comment as-tu osé nous berner ainsi ?
- Surprise, écoute-moi !
- Non !
Elle se bouchait les oreilles tout en continuant à vociférer des injures.
- Garce ! Sorcière ! Tu es un rebut de l’humanité ! Les répugnantes bestioles comme toi, on les…
- Enferme ! Je le sais ! On m’a déjà dit ça ! Et j’ai hélas pu le vérifier de visu ! Sais-tu, toi si sensible à la cause animale, qu’on les traître pire que des chiens ?
- Parce qu’ils sont pires que des chiens !
- Tu déraisonnes Surprise ! Ce n’est pas toi ! Comment peux-tu proférer de telles insanités ? Tu me connais, t’ai-je jamais fait le moindre mal ? Regarde-moi ! C’est moi, Mary, ton amie !
- Non, je ne te connais plus ! Tu me répugnes ! Je te hais ! Toi et tes immondes congénères, vous êtes des bêtes visqueuses ! Vous enfermer, ce n’est pas assez ! On devrait vous éliminer ! Tous ! Sors de chez moi ! Tu me donnes envie de gerber !
Elle était devenue très pâle. Presque grise. Aussi pâle que celle qu’elle insultait de la sorte, crachant tel un venin mortel, ces mots terribles qui faisaient si mal. Mary sentait son cœur saigner et ce sang de douleur qui s’écoulait de ses plaies béantes, lui rappelait celui de son amie, la nuit où elle les avait sauvés de la mort, elle et le bébé qu’elle portait.
La jeune femme avait tout oublié de ces heures dramatiques, hormis la sensation apaisante des mains de Mary sur son ventre douloureux. Cela lui revenait à présent avec une effrayante acuité. Dieu ! Les sales pattes de cette raclure anormale sur elle…Sur son bébé ! Elle suffoquait…Elle ouvrit la bouche et son hurlement de terreur atteignit Mary plus sauvagement que ne l’avaient fait ses insultes.
Elle « entendait » dans la tête de son amie, la terreur à l’état pur. Surprise avala une grande goulée d’air et se remit à hurler. Cette fois, les mots allaient franchir ses lèvres décolorées. Mary les connaissait déjà. Elle se mit à sangloter, désespérée.
- Surprise ! Non ! Ce n’est pas vrai… Ne crois pas…
Le cri de haine et d’effroi de la jeune femme, jaillit, strident la transperçant tel un coup de poignard. Hystérique, incohérente, Surprise se balançait d’avant en arrière en proférant de terribles accusations :
- Al, elle m’a touchée…ce monstre m’a touchée…le bébé…mon dieu, mon bébé ! Appelle les gops…chasse-la de chez nous…je ne veux plus la voir…jamais ! Elle me fait horreur ! J’ai peur…si peur…fous le camp salope ! Fous le camp ou je te tue de mes mains !
Ce disant, elle s’était levée, vacillante et elle fixait sur Mary-Anne la braise assassine de son regard révulsé. Alexeï la rejoignit, prêt à intervenir. Hubert et lui étaient sous le choc, tant à cause du supplément de révélations qu’elle venait de faire que de la réaction violente de Surprise. Cette petite femme si gaie, si aimable, s’était muée sous leurs yeux ébahis en la pire des harpies, le regard mauvais, les traits déformés par la rage, la peur et la répulsion.
À sa pâleur mortelle, Mary sut qu’elle n’était pas loin de s’évanouir. Surmontant sa peine, elle s’avança pour la soutenir. Folle de terreur, Surprise la repoussa violemment.
- Ne me touche pas sorcière ! Al, empêche-la de me… j’ai mal au cœur… c’est elle… c’est cette…
Le chirurgien n’eut que le temps de la retenir. Soudain molle comme une poupée de chiffon, elle s’effondra entre ses bras. Il la porta sur le canapé. Les deux hommes regardèrent Mary-Anne, infiniment désolés pour elle. La confrontation avait tourné au drame. Elle avait le cœur horriblement serré. Les larmes se bousculaient au bord de ses paupières. Elle se rappelait : Hawk l’avait prévenue mais contre toute attente, elle avait espéré que sa petite sœur, son amie la plus chère, comprendrait.
C’était compter sans les traitements auxquels sa grossesse la soumettait, renforçant d’autant le conditionnement pernicieux qu’elle subissait sans même en avoir conscience. Sa réaction était plus que prévisible. Hawk avait bien tenté de l’y préparer mais c’était bien pire que ce qu’il avait subodoré. Ô oui ! Mille fois pire !
Elle restait debout, prostrée, le regard fixe, incapable de réagir à ce total désastre. Hubert s’approcha d’elle et la serra fraternellement contre lui. Elle tremblait de tous ses membres.
Sur le canapé, Surprise s’agitait. Elle allait reprendre connaissance.
- Pars Mary ! Elle revient à elle et il vaut mieux qu’elle ne te voit pas ! L’enjoignit Alexeï désolé.
- Tu as raison, je m’en vais ! Al …
- Ne crains rien ! J’ai promis et je tiendrai parole, ton secret sera bien gardé !
- Mais Surprise ?
- C’est ma femme, je saurai la convaincre de se taire. Elle ne te dénoncera pas, fais-moi confiance ! J’en fais mon affaire !
- Merci ! Murmura-t-elle.
Mais il ne l’entendit pas, trop occupé à la cacher au regard chaviré de sa femme qui se redressait péniblement.
- Reste tranquille ma chérie, elle est partie ! L’entendit-elle la rassurer tandis que la porte se refermait sur elle et Hubert.
Ce dernier avait décidé de la raccompagner. Elle avait accepté. Ses jambes ne la portaient plus ! Chez elle, l’image astrale de Blue Hawk l’attendait. Son ex-rival eut un mouvement de recul.
- Excusez-moi, je vais partir !
- Non, restez Hubert !
- Vous êtes …
- « L’autre », c’est exact ! Ça va ma douce ? Allons, remets-toi ! C’est fini !
- Vous ne manquez pas d’air vous ! S’insurgea l’architecte dont la jalousie se rallumait à la vue de cet Apollon qui appelait Mary-Anne « ma douce » avec cet accent qui trahissait ses origines outre-Atlantique.
Vindicatif, il marcha vers l’athlète aux yeux bleus qui lui avait volé sa fiancée. Mary s’interposa. Elle était plus que fatiguée des vociférations et des injures. Avec lui d’abord puis avec Surprise, elle avait eu sa dose.
- Calme-toi Hubert !
- Non mais c’est vrai bordel de merde ! Il était là à faire le beau, ton coq de basse-cour pendant que toi tu…
- Hubert, ça suffit !
- Laisse mon amour ! Je le comprends tu sais ! Pour lui aussi c’est le choc en retour ! J’aurais tant voulu être à tes côtés pour cette pénible confrontation mais c’était impossible, tu le sais !
- Hawk mon amour, Dieu qu’il me tarde d’être dans tes bras !
- Bientôt ma sirène, bientôt !
- Mais que signifie… pourquoi dites-vous…vous … vous êtes là ! Balbutia Hubert effaré.
Il s’avança vers Hawk pour le toucher car il se souvenait soudain de l’une des ahurissantes révélations de Mary : des histoires de déplacement du corps astral…Il tendit la main vers l’homme qui lui faisait face, immobile. Il vit avec stupéfaction ses doigts traverser la haute silhouette pourtant si nette - peut-être pas si nette que ça après tout - et les retira tout aussitôt.
C’était bien une légère décharge électrique qu’il avait sentie ! Diable ! Quelque peu effrayé, il fit deux pas en arrière, buta sur un fauteuil manquant s’étaler de tout son long. Ce ne fut qu’à cet instant, avec ce recul, qu’il vit, ou crut voir - il ne savait plus très bien - une espèce de halo bleuâtre autour du géant. Car Blue Hawk était vraiment très grand. Ou était-ce l’étrange phénomène qui faisait qu’il était là sans vraiment être là, qui lui conférait cette taille hors normes ?
- C’est tout à fait ça mon ami ! Lui répondit l’intéressé.
- Bon dieu ! C’est incroyable ! Tu … tu peux faire ça toi aussi Mary ?
- Je l’ai fait.
À ce souvenir très proche, ses joues s’empourprèrent. Son corps devenait brûlant. Hubert allait se rendre compte... Hawk lui sourit tendrement.
« C’était si bon ! Tu étais nue sous ta robe… Tu m’as rendu fou mon amour ! Tout comme je te rendrai folle lorsque nous nous reverrons réellement ! » Lui transmit-il.
Puis il s’adressa à Hubert, le tutoyant pour la première fois :
- Mon ami, tu es à la hauteur de tout le bien que je pense de toi, en dépit du fait que tu aies courtisé la femme que j’aime. Tu te dis qu’elle t’a odieusement trompé, pourtant, tu ne l’as ni rejetée ni dénoncée quand tu as su ce qu’elle était ce malgré ta haine envers moi et ta réticence envers le mouvement que je représente. Tu l’as pardonnée pour tout ça et je sais que même si nous te faisons encore peur, tu es prêt à nous comprendre, à nous aider même. Je me trompe ?
- Non ! Mais c'est Mary-Anne que j'aiderai, pas vous !
- Je sais ! Je t’admire néanmoins pour ta grandeur d’âme autant que pour ta largeur d’esprit et je t’en remercie, pour elle, pour les miens et pour moi. À ta place, j’aurais sans doute été moins beau joueur. Puis-je profiter encore de ton infinie générosité.
- Faut voir !
- J’ai un immense service à te demander. Tu sais à présent que Mary n’a plus le droit de conduire…
- À cause de toi mon vieux ! Rétorqua vertement Hubert, adoptant le tutoiement à son tour.
- C’est vrai ! Inutile de revenir là-dessus !
- Bon ! D’accord ! Qu’attends-tu de moi ?
- Peux-tu me l’amener bientôt ?
- Quand ?
- Il faudra que tu sois en Bretagne, dans le petit village dont elle t’a parlé, le 7 juillet, pour notre anniversaire qui sera aussi le jour de notre mariage, si elle veut toujours être ma femme après ce que je viens de lui faire subir.
Il y avait un peu d’ironie amère dans ce dernier propos, preuve qu’il avait été touché par l’attaque de l’architecte. Ce dernier, que l’annonce impromptue de ce mariage si proche replongeait illico dans les affres de la jalousie, serra les poings.
« C’est moi qu’elle aurait dû épouser ! Moi ! Mais j’ai perdu ! Je l’ai perdue ! » Se disait-il en jetant au géant astral un regard noir. Lequel géant n’entendait que trop bien.
« Veux-tu toujours être ma femme mon amour ? Dis moi oui, je t’en conjure ! » Pensait Hawk que le silence de Mary emplissait d’angoisse. Il aurait compris qu’elle lui préfère en fin de compte quelqu’un de plus stable et de moins dangereux. Hubert la méritait sans conteste mais lui, la méritait-il ?
Mary les captait tous les deux en même temps. Elle interceptait les doutes de l’un, les regrets et la peine cachée de l’autre.
Elle mit un terme à leurs réflexions et répondit à l’homme qu’elle avait choisi et dont la vulnérabilité et l’humilité en cet instant difficile, la touchait au plus profond de l’âme :
- Oui, je veux toujours être ta femme mon amour, comment peux-tu penser autrement ? S’exclama-t-elle au comble du bonheur, consolée d’un coup de tous les chagrins de la journée.
- Félicitations ! Dit Hubert très fair-play. Puis il ajouta à l’intention de Hawk :
- Tu as de la chance mon vieux ! Elle t’aime et elle est…
- Merveilleuse ! Je le sais et oui, je la rendrai heureuse, c’est promis ! Tu es un authentique gentleman mon ami. Tu aurais mérité qu’elle te choisisse.
- Je devrais te casser la gueule mon pote ! Et j’avoue que j’en ai parfois encore grande envie mais je serai heureux de te serrer la main lorsque je te rencontrerai en chair et en os Hawk !
- Bientôt Hubert ! Maintenant pardonne-moi mais j’aimerais rester un peu seul avec Mary avant de… disparaître.
Le jeune homme embrassa Mary sur les joues, toute rancœur désormais évacuée. En découvrant Hawk et plus encore en entendant la réponse enthousiaste de Mary-Anne à la demande en mariage du Mutant il avait compris qu’il n’était pas de taille à rivaliser avec un tel adversaire.
Sitôt qu’ils furent seuls, paumes à paumes sans se toucher, les deux amants se livrèrent aux délices et aux tourments de l’amour psychique. Puis il fut temps pour Hawk de repartir. Déjà son aura s’estompait.
- Il faut que j’y aille ma sirène. Bientôt tu seras près de moi, si près que tu pourras entendre les battements fous de mon cœur. Imagine ma douce !
- Je t’aime Hawk ! Je t’aime au cas où tu en douterais encore ! Va maintenant !
Il lui lança un dernier « Je t’aime ! » télépathique tandis que son image se troublait puis disparaissait.
Tags : septième, rassemblement, chapitre 29, confrontation, Surprise, aveux, rejet, dégoût, haine
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Commentaires
Je devrais lire depuis le début,mais cette histoire semble très intéressante pour ce que je viens de lire . Très bien écrit d'ailleurs .Bonne soirée
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Mary entre deux feux... deux envies d'être à elle... amitiés, jill