• Chapitre 45

    Dimanche 23 juin

     

    Pour les traditionalistes chrétiens, le dimanche était toujours le jour du Seigneur. Pour les hommes de la première meute, ce dimanche là serait le jour de leur Seigneur et Maître, Solomon Mitchell. Ils allaient enfin mettre la main sur la catin de l’insaisissable Blue Hawk ainsi que sur son bâtard.

    C’était même devenu une question de vie ou de mort puisque leurs collègues ne répondaient plus à l’appel depuis deux jours. Ce silence impliquait qu’ils avaient failli à leur mission et que le gourou qu’ils étaient chargés de capturer courait encore. Ils ne pouvaient avoir renoncé. L’appât du gain, la peur de la punition en cas d’échec était un moteur plus puissant encore que leur indéfectible fidélité aux corps d’élite des Gops. S’ils n’avaient pas renoncé, c’est qu’ils s’étaient fait avoir par ceux qu’ils pourchassaient. Les mutants devaient avoir reçu des renforts. Pas de veine pour les copains ! Il ne restait donc plus qu’eux, premiers partis, premiers arrivés, pour sauver les meubles.

    Il fallait faire fissa ! Ces ordures d’anormaux ne devaient plus être très loin derrière eux. L’instinct du chasseur ne trompe pas !

    La Meute était hors d’haleine mais les chiens aboyaient vengeance pour leurs camarades probablement morts au champ d’honneur à l’heure qu’il était. Ils montraient les crocs. Ceux qui s’opposeraient à eux allaient payer non seulement pour ce crime contre leurs collègues mais encore pour la fatigue, les reins brisés par les longues journées passées en voiture. Afin de parvenir à conserver la maigre avance qu’ils avaient encore sur les mutants, ils avaient roulé à tombeau ouvert à travers la Sibérie. S’ils avaient eu la chance de le faire dans d’assez bonnes conditions au début, les cinq-cents derniers kilomètres avaient été épuisants ! À ce stade du parcours, fini les belles voies carrossables. Dans ce coin perdu du fin fond de la Sibérie, on avait plutôt affaire à des chemins cahoteux et boueux qu’à de véritables routes ! Le progrès paraissait avoir oublié la Iakoutie. La preuve, le petit village sur pilotis qu’ils s’apprêtaient à investir, avait l’air de sortir tout droit du moyen-âge.

    Lûba le savait, ses prémonitions ne l’ayant encore jamais trompée, ce jour funeste était celui de sa mort. Sa stratégie avait marché, Gertrud se tenait à l’écart du village. Ce matin, elle était allée lui apporter le ravitaillement comme d’habitude. La grande femme ne se doutait de rien. Mais les jumeaux savaient, eux ! Leur père était en chemin. Hélas, il risquait d’arriver trop tard, pour elle qui les avait mis au monde, pour Ielo. Oui, elle avait lu dans leurs yeux qu’ils savaient.

    Les villageois s’étaient enfermés dans leurs maisons. Pétrifiés de crainte, ils priaient tous les Dieux ancestraux de leur venir en aide. Contre l’ennemi qui était à leurs portes, ils n’avaient que des bâtons, des faux, des pioches et leurs poings nus. Ça et leur sagesse de femmes et d’hommes habitués à lutter contre les forces d’une nature peu clémente en ces contrées.

    Assise devant sa cahute de rondins, Lûba vit soudain une silhouette massive sortir du bois. Ses deux armes bien en main, Gertrud arrivait au pas de charge.

    - Tu comptais livrer bataille sans moi vieille folle ! Tonna-t-elle.

    - Si nous pouvons l’éviter, il n’y aura pas de bataille. Qu’as-tu fait de Mary et des enfants ?

    - Ils sont bien cachés, rassure-toi !

    - Comment as-tu su…

    - Les jumeaux me l’ont dit. Je les ai entendus dans ma tête. Ils m’ont dit de venir t’aider à combattre les Chiens. Soudain, j’ai compris.

    - C’est bien mon enfant.

    - Quelle naïve j’ai été de croire que je pourrais indéfiniment vivre en paix ici !

    - Ils arrivent Gertrud. Les Chiens arrivent et ils ont les dents longues.

    - Ils viennent pour Mary, n’est-ce pas ?

    - Pour elle et pour ses petits, même s’ils ne savent pas encore qu’il y en a deux. Le Faucon lui, vient aussi pour nous, les gens d’Ielo et pour toi qui as sauvé sa famille.

    « Je vais t’attendre pour mourir Faucon. Le village tout entier va se mobiliser pour retarder la Meute. » Lança t-elle silencieusement à celui qui roulait vers le village.

    Ce qu’elle ne voulut pas à dire à Gertrud, c’est que le père des jumeaux arriverait trop tard pour beaucoup d’entre eux.

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  • Commentaires

    2
    Mercredi 14 Décembre 2022 à 13:56

    Ça va être difficile, sale moment à passer !

    1
    Mercredi 14 Décembre 2022 à 11:17

    Pour retarder la meute, l'union ne fait elle pas la force... amitiés JB

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