ATELIER D'ÉCRITURE N ° 307 : THÈME " LES FRISSONS "

Les 10 mots : Temps, Corps, Bise, Esprit, Lettre, Immensité, Brouillard, Fantôme, Horizon, Nirvana...

ATELIER D'ÉCRITURE N ° 308 : THÈME " PALPITANT

Les 10 mots : Blottir, Liberté, Pur, Songer, Peuple, Joindre, Multiple, Jeune, Sauvage, Germe...

Parce que je n'ai pu répondre à temps au défi N° 307, je me suis amusée,  à le composer avec le suivant. Soit, 20 mots à caser

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« Je débloque ! » songe Albert, tandis qu’il se penche en frissonnant vers la tombe de sa bien- aimée Clémentine partie rejoindre ce Créateur auquel elle croyait tant.

Lui ne croit ni au Paradis, ni au Nirvana. Il ne rêve pas de devenir un saint ! Non ! Albert est juste un homme simple, un esprit sain dans un corps sain !

C’est un homme de la terre et c’est en elle seule qu’il croit ! Sa religion, c’est la nature sauvage, l’immensité du ciel et des océans, les horizons lointains, l’air pur de cette campagne où il a toujours vécu. Son peuple, c’est l’Humanité tout entière !

Combien de fois, blottie contre son corps, a-t-elle essayé de le gagner à la cause de ce Dieu qui le privait de sa présence  au minimum tous les dimanches de 10 h 30 à midi ?

Le cœur palpitant, il se souvient encore de la dernière.

« Je n’ai pas de temps à perdre avec ces fariboles ! » Lui  a-t-il répondu alors qu’elle tentait  pour la millionième fois de faire lever en lui le germe  de la Foi !

Elle a insisté, comme à son habitude : « Tu as pourtant fait ta communion ! »

« C’était la tradition ! On ne  m’a pas laissé la liberté de dire non ! » A-t-il rétorqué excédé.

Elle a enchaîné sur leur mariage à l’église, ce à quoi il  a répondu qu’il n’avait accepté que pour lui faire plaisir.

« J’étais jeune et très amoureux ma Clémentine ! S’il n’y avait que ça pour te contenter, je n’allais pas t’en priver ! »

« Tu ne m’aimes plus alors ? »  A-t-elle lâché en soupirant tristement. C’était généralement son dernier argument au terme de ces multiples  et sempiternelles discussions 

« Oh que si je t’aime ma petite femme ! » La rassurait-il. Ce qu’il a fait une fois de plus en claquant une bise sonore sur sa joue douce et parcheminée.

« Et je n’ai pas besoin de ces bondieuseries pour te le prouver ma mie, tu le sais bien ! » A-t-il ajouté pour clore ce énième débat.

Il entend encore ce qu’elle a murmuré, vaincue : « On ne se retrouvera pas alors… »

La semaine d’après, elle rentrait à l’hôpital. Cancer foudroyant. A peine une semaine plus tard, elle succombait.

Avant qu’on ne referme son cercueil, sous ses mains jointes, il a laissé une lettre  avec juste ces  quelques mots : « Nous nous retrouverons ma Clémentine, c’est promis ! Je t’aime et je t’aimerai toujours »

Et le voilà, environné d’un brouillard humide, à se demander, lui qui n’a jamais cru en Dieu, au Diable ni aux fantômes, s’il ne s’est pas trompé sur toute la ligne !

Sous la plaque gravée « Á mon épouse adorée », est coincée une enveloppe ...

Ses doigts tremblent et son cœur bat  douloureusement quand il se décide à l’ouvrir.

Il frissonne de froid autant que d’appréhension… Des larmes coulent de ses yeux incrédules. Sur la feuille blanche, il peut lire : « A bientôt mon amour »

C’est l’écriture de Clémentine.

©A-M Lejeune 

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