• 5 juin, 23 h

     

    Elle n’y croyait pas ! Il était là, derrière la porte, c’était insensé ! Elle avait senti sa présence presque instantanément. Ce devait être parce qu’elle n’avait pas cessé de penser à lui depuis son départ. Il était revenu pour elle, faisant fi du danger. Ainsi qu’il l’avait fait trois jours auparavant - une éternité - il fut devant elle avant qu’elle n’ait pu commander l’ouverture de la porte.

    Muets, ils se dévisageaient, n’osant encore s’approcher l’un de l’autre. Ils savaient tous deux que dès qu’ils se toucheraient, il ne leur serait plus possible de revenir en arrière. Hawk lui laissait le temps d’accepter l’inéluctable mais son corps tendu vers elle trahissait l’urgence de son désir.

    - Hawk …tu …tu es fou ! Balbutia-t-elle autant pour briser le silence qui s’éternisait que pour rompre le charme qui les retenait encore au bord du gouffre.

    - Oui mon amour, fou de toi !

    Elle s’affola. Elle voulait reculer mais ses jambes étaient de plomb.

    - Crois-tu pouvoir m’échapper indéfiniment Mary ?

    - Oui….non…je…je t’en prie Hawk, tu devrais partir…c’est trop risqué.

    - C’est encore plus risqué pour moi de résister à ça !

    Joignant le geste à la parole, il franchit enfin la distance qui les séparait et la prit dans ses bras, la serrant contre lui éperdument tandis qu’il capturait ses lèvres de sa bouche chaude et possessive, les écartait de la langue pour mieux étancher sa soif d’elle.

    Elle noua les mains sur la nuque puissante du Faucon répondant à son baiser avec une fougue égale, insoupçonnée, donnant autant qu'elle recevait. Leurs corps qui ne s’étaient pourtant aimés qu’en pensée, consumés par la même fièvre, se reconnurent, s’épousèrent, se fondirent. Celui de Blue Hawk, dur et frémissant contre le sien, lui prouvait la force de son désir d’homme. Un désir auquel ses hanches ondulantes répondaient malgré elle. Il gémissait, au bord de la folie. Son souffle rauque se précipitait. Il était en feu, elle était l’incendie. Elle brûlait et il attisait la flamme, la parcourant de caresses que ses mains lui rendaient, comme mues par une volonté propre…

    Le temps n’était plus aux mensonges. Elle ne pouvait plus se leurrer. Ce qu’elle voulait, c’était lui. L’aimer enfin, l’adorer, lui faire perdre la raison comme il la lui faisait perdre par sa seule présence. Elle l’aimait, plus que sa vie même.

    - Mary, enfin! Répondit-il, faisant écho à sa pensée.

    Et il reprit sa bouche avec plus d’ardeur encore, nouant sa langue à la sienne en un grisant duel.

    - Attends… laisse-moi… c’est mon tour …

    Dans l’ivresse du moment, ces paroles lui étaient venues naturellement. Elles traduisaient la force intacte du souvenir qui l’envahissait; balayant d’un coup ses dernières réticences. L’expérience magique sur la falaise…Cette fusion de leurs esprits qui avait fait naître de si folles images…Car elle admettait aujourd’hui que ce n’était pas seulement celui de Hawk qui avait pu les susciter mais qu’elles étaient nées aussi de son propre désir de lui, bien qu’alors elle ait refusé de le reconnaître. À présent, elle voulait lui rendre au centuple et en réalité l’intense bonheur qu’elle avait ressenti cette nuit-là en dépit de la haine féroce qu'elle s’était alors efforcée d'éprouver pour lui. La haine s'était enfuie. Elle se découvrait amoureuse, ardente, impudique.

    Elle entreprit de le déshabiller lentement, lui infligeant le pire des supplices, celui de l’attente, même si pour cela, elle devait refréner sa propre impatience. Elle sortit sa chemise de son jean, la fit glisser, subtile caresse, des ses épaules à ses bras puis sur le sol. Elle resta quelques secondes en arrêt devant cet homme superbe, musclé, immobile, tendu, crispé de désir. Pour mieux résister, il avait fermé les yeux. Ses poings serrés témoignaient de la difficile maîtrise qu’il s’imposait. Elle posa les paumes sur le torse cuivré. Il frémit mais ne bougea pas. Sous ses doigts, le cœur du Faucon battait la chamade. Elle embrassa la peau nue, juste sous le pendentif qui scintillait. Elle respirait avec délice son odeur musquée qu’aucun parfum n’altérait. Elle lécha les fines gouttes de sueur qui perlaient, titilla des lèvres et des dents les tétons sensibles, remonta vers le cou où les veines saillaient…

    Toujours silencieux et tendu à l’extrême, stoïque, Hawk attendait son bon vouloir La langue douce humide et chaude descendit le long de l’étroit sillon qui séparait les puissants pectoraux, jusqu’au nombril où elle s’attarda, mutine. Le ventre se creusa sous l’érotique caresse. À genoux devant lui, adorante, elle laissa errer sa bouche à la limite de la ceinture de cuir, là où commençait la toison noire qui continuait plus bas. Posément, elle défit la boucle d’argent…

    - Mary… Arrête…

    - Vraiment ? Fit-elle taquine.

    Les mains audacieuses poursuivirent leur œuvre. Tirant résolument sur l’encombrant vêtement, elles le firent descendre sur les hanches minces jusqu’aux chevilles, l’obligeant à l’enlever. D’un geste désinvolte, elle le lança plus loin. Le suivant prit le même chemin. Il était maintenant livré à elle, nu, magnifique. Son membre libéré de ses entraves se dressait juste à hauteur de ses lèvres. C’était tentant, irrésistible !

    Hawk tremblait. Sa respiration s’était faite haletante. Les mains enfouies dans la coulée fluide de ses longs cheveux dorés, il tentait encore de la retenir. Elle l’enserra de ses doigts et le sentit vibrer, dur et doux à la fois. Elle n’y tint plus. Il gémit quand elle le prit dans sa bouche.

    - Non…Râlait-il mais son corps enfiévré lui, parlait un autre langage et tendu, s’abandonnait à l'ivresse de ce moment unique.

    Elle le savoura lentement, voluptueusement. Il était le premier, le seul ! Elle découvrait pour lui, avec lui, son pouvoir de femme. Elle mettait dans cette intime caresse toute sa passion trop longtemps refoulée, tout son amour si obstinément nié. Le mouvement lancinant de ses lèvres, le jeu affolant de sa langue, amenèrent bientôt son amant au bord de l’explosion.

    - Mary…. arrête… pas comme çà…

    Les mains agrippées à ses cheveux, il la tirait en arrière. Elle obéit enfin, se releva lentement, semant au passage des milliers de baisers sur cette peau hâlée qui la rendait folle tandis que ses mains passaient de ses fesses dures à son dos moite puis à ses épaules et enfin à son cou dont elle embrassa la veine palpitante. Elle poursuivit son chemin jusqu’au menton légèrement piquant puis jusqu’à la bouche entr’ouverte d’où s’exhalait son souffle rauque et saccadé. Elle s’en empara alors longuement, profondément.

    Leur baiser se fit sauvage, presque violent. Tout en continuant à l’embrasser, parvenu au comble de l’impatience et du désir, Hawk la déshabilla à son tour, lui arrachant plus qu’il ne les lui ôtait, les vêtements qui faisaient encore rempart entre sa propre peau et la sienne. Elle fut bientôt nue entre ses bras et de guerrière elle devint proie. Il la souleva sans peine, l’emporta jusqu’à la chambre... Ils s’abattirent sur le lit sans cesser de se caresser des mains et de la bouche.

    - Viens… viens… Implorait Mary

    - Pas encore… Murmurait Hawk qui se mit à l’explorer du bout de la langue, lui infligeant à son tour la plus douce, la plus exquise des tortures.

    C’était à elle maintenant de gémir, de supplier.

    - Hawk… pitié…

    Il ne l’écoutait pas. Quand son souffle brûlant atteignit le creux humide de ses cuisses, ce fut elle qui empoigna ses cheveux pour le retenir.

    Mais déjà ses doigts écartaient le buisson doré…Sa bouche gourmande se posait sur elle. Sa langue cherchait, trouvait…Le bouton sensible s’érigeait contre les lèvres qui le butinaient. Attentif au moindre de ses frémissements, il s’enivrait de sa féminité comme du plus divin nectar…

    Elle se mit à crier tant le plaisir devenait fulgurant. Arquée contre sa bouche, elle hurla, délirante, quand la jouissance déferla, telle une lame de fond. À califourchon au-dessus d’elle, ivre de joie, il la regarda tandis que les spasmes du plaisir la secouaient toute entière. Les larmes s’échappaient de ses paupières closes. Ainsi abandonnée, elle était infiniment belle, merveilleusement vulnérable et si désirable qu’il sut que son désir d’elle ne serait jamais rassasié. Un désir qu’il avait fait attendre pour la mener à l’orgasme et qu’il lui fallait maintenant assouvir.

    Avec une douceur et une lenteur infinie malgré son envie de la posséder enfin totalement, il lui fit endurer un supplice égal à celui qu’elle lui avait infligé quelques minutes auparavant. Avides, ses mains, sa bouche reprirent en sens inverse le voluptueux chemin de ses courbes de déesse. Il parvint ainsi aux lèvres gonflées de baisers qu’il ouvrit des siennes. Alors, patiemment, longuement, il lui fit goûter sur sa langue la saveur un peu salée de son propre plaisir.

    - Viens maintenant, je t’en prie…viens… Gémit-elle implorante.

    - C’est la première fois mon amour je ne veux pas te faire mal. J’ai tellement envie…

    -Moi aussi chéri ! J’ai mal d’attendre…Viens, Viens, Viens !

    - Oui… Céda-t-il enfin.

    Il la pénétra d’un seul coup. Elle était prête pour lui. Il resta quelques secondes immobile, enfoui dans sa douceur, jouissant à son tour de l’attente, la faisant durer jusqu’à l’insupportable pour elle autant que pour lui.

    - Hawk… Supplia-t-elle d’une voix mourante.

    Il obéit et plongea en elle puis replongea encore et encore dans sa moiteur accueillante, amplifiant à chaque fois le mouvement puissant de ses reins. Les jambes nouées autour de sa taille, elle était totalement ouverte, totalement offerte à son désir, totalement sienne et lui était tout aussi totalement sien. Ils fusionnaient enfin, corps, âmes et esprits indissolublement liés. Ils se parlaient en silence mais les mots qu’ils se murmuraient en même temps, les gémissements qu’ils exhalaient, étaient ceux de tous les amants.

    - Oui…. oui…

    - Encore…

    Se disaient leurs bouches à l’unisson entre deux baisers.

    « C’est si bon ! Je t’aime ! »

    « Moi aussi, je t’aime à la folie mon amour ! »

    Se répétaient à l’infini leurs esprits aussi unis que l’étaient leurs corps embrasés.

    Elle s’accorda à son va et vient de plus en plus rapide tandis que le plaisir montait en eux, violent, magique. L’amour les soulevait toujours plus haut…La houle les emportait toujours plus loin. Ensemble, ils atteignirent les étoiles… Ensemble ils s’y noyèrent dans un cri d’extase et de volupté…Tremblants, trempés de sueur, souffles et membres mêlés, ils demeurèrent étendus, lui encore en elle, elle encore autour de lui.

    C’est ainsi que le sommeil les prit d’un coup, épuisés de plaisir. C’est ainsi qu’ils se réveillèrent, renaissant au désir. Elle sentit le sien s’épanouir de nouveau, plus fort encore, du creux de son intimité à la pointe de ses mamelons dressés contre le torse de Hawk. Elle sentit celui de son amant frémir, se tendre à nouveau dans son ventre. Aucun mot ne fut nécessaire. Lentement, presque religieusement cette fois, ils refirent l’amour, savourant en gourmets chaque seconde de cette paisible étreinte. Quand ils eurent abordés une nouvelle fois aux rivages de l’extase, ils ne purent se résoudre à se déprendre et restèrent imbriqués l’un dans l’autre.

    Le réveil les retrouva toujours aussi affamés d’amour. Hawk la fit glisser au-dessus de lui Ses mains chaudes sur les hanches de Mary, il était prêt pour un troisième et fabuleux voyage. Elle aussi mais elle voulait qu’il soit encore plus beau que les précédents. Elle attendit donc, exacerbant le désir du Faucon, tempérant la frénésie qu’elle sentait renaître en elle à le voir ainsi captif, soumis à sa volonté.

    Le regard bleu se troublait, se faisait suppliant. Au fond de son ventre le sexe dur palpitait…Pour profiter mieux encore de cette merveilleuse sensation de plénitude, sans bouger le reste de son corps, elle se resserra autour de lui puis se desserra et se resserra encore et encore, le rendant fou…Un râle sourd s’échappait de sa gorge… Il se retenait, gémissait, implorait …

    - Mary…Ô Mary…Je n’en peux plus…Fais-moi l’amour… Je vais mourir…

    Alors commença la course folle, le galop endiablé de la cavalière et de sa monture cabrée vers la jouissance qui les prit tous deux ensemble pour la troisième fois.

    Ils dormirent peu. L’aube vint trop vite pour les amants éblouis.

    Hawk devait repartir. C’était un crève-cœur pour lui comme pour elle. Ils savaient pourtant tous deux que c’était nécessaire. Le désespoir de le quitter se doublait pour Mary de la crainte ravivée qu’elle éprouvait pour lui. Elle n’ignorait pas que lui et les siens étaient activement recherchés et cela suffisait à l’emplir de terreur. Ce qu’elle réalisait soudain le cœur serré d’appréhension, c’est qu’elle aussi désormais, courait le plus grand des dangers car non contente d’être à moitié Mutante, autant dire totalement anormale aux yeux de la Loi, elle aimait le leader de la secte maudite entre toutes.

    La simple idée de le perdre alors qu’elle venait à peine de le trouver…

    - Tu ne me perdras pas mon amour ! Nous serons bientôt réunis ! Répondit-il à son inquiétude.

    - Tu ne peux vraiment pas rester ?

    - Tu sais bien que non ! Une lourde tâche m’attend, je n’ai pas le droit d’ignorer la mission que ton père m’a léguée en mourant Mary. Même si je ne sais pas encore exactement où tout cela mène, je sais que je suis le Rassembleur et que c’est à moi de réunir tous les nôtres. En attendant ce jour, nous avons tous deux des problèmes urgents à régler.

    - Mais pourquoi devez-vous vous rassembler ?

    - Nous rassembler ! Les Mus et les Élus dont tu es Mary, ne l’oublie pas ! Nous devons encore retrouver tous ceux qui ne se sont pas fait connaître, disséminés de par le monde. Chacun de nos Rassemblements rituels les voit de plus en plus nombreux sortir de l’ombre et chaque fois, notre pouvoir commun s'en renforce. Là non plus, nous ne savons pas pourquoi, mais c’est ainsi. Pour nous, le proverbe « L’union fait la force. » prend tout son sens. Le jour viendra où nous serons enfin tous réunis pour accomplir cette fameuse mission dont nous ignorons encore la teneur. Bien que pour ma part, je commence à l’entrevoir.

    - Comment ?

    - J’ai parfois des flashes dont je ne m’explique pas la provenance. Peut-être font- ils partie de l’héritage de ton père ?

    - Que vois-tu ?

    - Je ne peux te le dire, c’est trop imprécis. Il m'arrive cependant de percevoir plus que de voir réellement, une ombre malfaisante penchée sur moi, sur nous tous. Une ombre qu’il nous faudra dissiper sous peine de mourir…

    - Dieu ! Tu me fais peur !

    - Il ne faut pas que tu aies peur pour moi. Allons mon amour, cette fois, il va vraiment falloir que j'y aille

    - Et moi, quels problèmes ai-je à régler pendant ton absence ?

    - Hubert tout d’abord. Tu dois lui dire la vérité pour nous deux non ? Et le reste aussi !

    - Je… C’est difficile !

    - Tu le lui dois, tu nous le dois mon amour !

    - Bien ! Et c’est tout ?

    - Non ! J’aimerais aussi que tu parles à tes amis, que tu leur fasses comprendre qui nous sommes. Ni des monstres ni des anormaux ni des suppôts de Satan ni de dangereux sectateurs comme l'étaient ces fous illuminés qu’on appelait les Maîtres de l’Apocalypse.

    - Mais…

    - Alexeï est prêt à entendre la vérité. Il en a déjà vu beaucoup sans te retirer son amitié. Hubert risque d’être plus difficile à convaincre cependant je pense que son amour pour toi l’y aidera. Quant à Jézabel…

    - Nous sommes en froid !

    - Elle n’attend qu’un geste de ta part ! En elle et sous des dehors pragmatiques, se cache une grande sensitive. De plus, elle est dotée d’une insatiable curiosité scientifique je le sais, je l’ai sondée à son insu. Elle saura faire la part des choses. Sais-tu qu’elle rechigne à utiliser les méthodes préconisées par l’OMS ?

    - Comment ça ?

    - Jamais elle ne prescrit à ses patients le moindre médicament inutile, ainsi et sans même en avoir vraiment conscience, elle ne favorise pas la prise de ces fameuses substances qu'ils contiennent immanquablement tous, comme nous te l'avons appris, rappelle-toi. Des substances qui conditionnent et entretiennent la « normalité » comme ils disent. Il serait bon qu’il y ait plus de thérapeutes comme Jézabel Beauregard, car aujourd’hui et sur l’ordre de l’OMS, l’usage de ces psychotropes déguisés en médicaments inoffensifs, s’intensifie dangereusement ! Tu crois prendre un antalgique contre la migraine alors que tu avales à ton insu une saloperie qui te rend malléable et perméable à toutes les suggestions qu’on souhaite implanter dans ton cerveau !

    Elle savait désormais qu’il disait vrai, pourtant elle avait encore bien du mal à digérer le fait qu’elle aussi avait été conditionnée de cette insidieuse façon durant des années.

    Elle se rappelait avec une indicible horreur qu’à chaque fois qu’elle avait pris des anti-D, il n’y avait pas si longtemps de cela encore et à cause de lui de surcroît, elle s’était un peu plus enfoncée dans l’abêtissement. Heureusement, elle en était sortie à présent. Il avait raison. Elle allait convaincre ses amis qui, elle l’espérait, feraient de même avec d’autres. Comme Antonio avait guéri les Lobos du camp australien, elle et ceux qu’elle gagnerait à sa cause, guériraient leurs semblables lobotomisés en quelque sorte, tout comme elle l’avait elle-même été, par le plus acéré des scalpels : la peur.

    - Et Surprise ? Tu ne m’en as pas parlé.

    - Du fait même de sa grossesse, ton amie est actuellement extrêmement fragile et par conséquent, particulièrement conditionnée. Je crains donc qu’elle ne soit très réticente et je pèse mes mots ! Sois prudente mon amour ! Parfois, le danger vient d’où on l’attend le moins. Bien ! Cette fois, il faut vraiment que je parte. Mes amis s’impatientent dehors ! À bientôt ma douce, je t’aime !

    - Je t’aime Hawk ! Sois prudent toi aussi !

    Ils s’enlacèrent, désespérés de devoir se quitter si vite. Il l'embrassa passionnément puis la laissa étourdie et prostrée sur le pas de la porte.


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  • 1er juin, 0h30

     

    Elle l’attendait. La veille, à la même heure, elle l’avait appelé et à présent, le cœur étreint d’angoisse à l’idée de le revoir, elle l’attendait.

    Serait-elle capable de lui résister encore ? En aurait-elle envie ?

    « Viens ! J’ai besoin de ton aide ! » Avait-elle lancé dans la nuit.

    La réponse avait fusé, immédiate :

    « Je suis en chemin ma douce. Je serai là demain, probablement aux alentours de minuit. »

    « Ce n’est pas pour moi, tu le sais ! » N’avait-elle pu s’empêcher de s’excuser.

    « Bien sûr mon cœur ! Ce n’est pas pour toi que je viens ! »

    Elle perçut son rire silencieux. Il serait là demain !

    « Il n’y a pas de quoi rire Hawk ! Nous sommes en danger ! Nous devons sortir rapidement Brise et son bébé de ce guêpier ! »

    « Rassure-toi, tout est déjà organisé ! Au fait mon amour, tu sais que j’aime quand tu dis nous ? »

    La journée qui avait suivi lui avait paru longue. Interminable ! Même Brise se montra fébrile et le bébé, si calme depuis sa naissance mouvementée, se révéla grognon comme s’il avait perçu l’inquiétude des deux femmes.

    Il était presque 1h et …

    « Que fais-tu Hawk ? »

    « Je suis là mon ange ! »

    Elle n’avait pas eu le temps de réagir au son de sa voix que déjà la porte, pourtant fermée à double tour, s’ouvrait sur lui. Le monde autour d’eux cessa d’exister. Ils étaient seuls, face à face… Ils se dévoraient des yeux. Entre eux le charme opérait toujours, plus puissant que jamais.

    Ils mouraient d’envie de se toucher mais elle résistait encore farouchement à cette fatale attraction. Lui, ne tint pas longtemps. Il franchit la courte distance qui les séparait, referma la porte, posa les mains sur ses épaules et appuya son front contre le sien.

    - Mary… Enfin !

    - Tu n’es pas là pour moi Hawk ! Lui rappela-t-elle.

    - Inutile d’être cruelle mon amour, je le sais !

    En retrait de la scène, Brise les observait, un léger sourire au coin des lèvres. Ces deux là étaient faits l’un pour l’autre, ça crevait les yeux !

    - Bonjour Hawk ! Intervint-elle. Merci d’être venu si vite, je suis prête !

    Il se détacha de Mary.

    - Bien, nous allons partir alors. Des amis sûrs nous attendent en bas.

    Les deux jeunes femmes se dirent au revoir. Mary pleurait en serrant sa nouvelle amie dans ses bras.

    - Ne soit pas triste Mary, nous nous reverrons.

    - Promis ?

    - Juré ! Tu verras grandir ton filleul !

    - Alors je ne te dis pas adieu Brise !

    Elle l’embrassa affectueusement puis se pencha sur le couffin et posa sur le front du bébé endormi un léger baiser. Il ouvrit les yeux et la regarda. Un regard intense, comme s’il cherchait à graver ses traits dans sa mémoire. Il lui sourit et les referma, bienheureux. C’était impossible, il n’avait que trois jours !

    - C’est possible Mary ! Dit Hawk. N’oublie pas que c’est un enfant de la Roue.

    - C’est vrai ! Bien ! Il est temps de partir maintenant, soyez prudents et bonne chance !

    Hawk la fixait d’un regard pénétrant comme s’il attendait d’elle un geste qu’elle ne se décidait pas à faire. En une seconde il fut près d’elle. Elle se retrouva prisonnière de ses bras. C’était une sensation connue, terrible et enivrante dont elle avait gardé le souvenir malgré elle.

    - Tu comptais me laisser partir comme ça mon amour ? Susurra-t-il à son oreille.

    Et avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, il s’abattit sur sa bouche qui s’ouvrit sous la sienne indépendamment de sa volonté. Ce fut un baiser bref mais ravageur qui la laissa pantelante sur le pas de la porte refermée.

    « Pas adieu mon amour ! Pas adieu, crois moi ! » Entendit-elle tandis que le chuintement de l’ascenseur décroissait. Puis ce fut le silence, et le vide de l’absence.

    Hébétée devant la porte close, elle toucha du bout des doigts ses lèvres brûlantes et gonflées.


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  • Mai 2058

     

    Frustré par l’indécision de sa fiancée de laquelle il n’avait pu obtenir une date précise pour leur mariage, Hubert qui sentait qu’elle lui échappait sans en connaître la raison, accepta un nouveau chantier en Allemagne. Elle lui avait juste dit qu’elle n’était pas prête et qu’il lui semblait que c’était encore trop tôt après seulement quatre mois de fiançailles, surtout qu’il n’était pas souvent là à cause de son travail. Elle comprenait bien, sûr mais…Elle avait même plaisanté en disant qu’elle voulait être aussi sûre de la solidité de leur union que lui l’était de celle de ses fondations.

    Il espérait qu’après ces trois nouveaux longs mois de séparation, elle serait autant en manque de lui qu’il l’était déjà d’elle à la simple idée de la quitter encore. Il partit donc. Remonta dans le train après un dernier et possessif baiser, priant pour que le temps joue en sa faveur.

    Ce dimanche 28 mai, c’était la fête des mères. Jolie coutume que ce siècle n’avait pas changée. Bien au contraire, les traditionnelles valeurs familiales s’étaient renforcées après la Grande Crise, comme pour mieux lutter contre le malheur et la mort qui avaient frappé tant de foyers. Pour y sacrifier, Mary appela Félie. Cette dernière semblait s’être résignée à accepter les fiançailles de sa fille avec l’architecte. À moins qu’elle n’ait deviné l’évolution à la baisse de leur relation devenue très épisodique, au grand dam de Surprise et d’Alex d’ailleurs !

    Leur mutuelle affection avait repris le dessus en dépit des non-dits toujours d’actualité. Pour sceller ce regain d’amour entre elles, Mary avait envoyé à sa mère, comme cadeau pour sa fête, une vieille photo agrandie et encadrée de ses parents au temps où ils l’attendaient. Félie y était ronde, radieuse contre Patrick, fier et protecteur un bras possessif autour des épaules de sa femme. Tous deux souriaient à l’objectif. Au visiophone, Félie pleurait en la remerciant.

    - Rien ne pouvait me faire plus plaisir ma puce ! As-tu des nouvelles….

    - Stop maman ! N’oublie pas que je sais désormais ce que tu penses, même à distance !

    - D’accord mon petit ! Excuse-moi ! Tu sais ce que tu fais après tout !

    Faux ! Elle ne savait plus très bien justement ! Elle se prenait à languir d’un autre qui se faisait volontairement silencieux et pour cause ! Elle ne se résolvait pas à l’appeler bien qu’elle en meure d’envie parfois, alors qu’Hubert lui, ne cessait de lui crier son amour par le moindre de ses regards et qu’il était toujours officiellement son fiancé. Mais toujours par sa faute, il était loin lui aussi ! Et s’il lui manquait, ce n’était hélas qu'en sa qualité d'ami.

    Cet après-midi-là, le couple Andrevski étant parti chez les Moret-Montarel pour la circonstance, elle se retrouvait seule et se sentait abandonnée après son coup de fil à sa mère. Il faisait beau. Le printemps était magnifique. Elle décida donc de sortir pour tromper son ennui autant que pour oublier ses soucis.

    Flâner sans but, humer l’air embaumé au milieu des autres promeneurs de ce dimanche, voilà qui lui ferait le plus grand bien. Elle marchait sans hâte, s’arrêtant devant les vitrines quand elle la vit ! Une toute jeune femme, enceinte jusqu’aux yeux, presque à son terme. Elle suait la peur. Faible mot pour décrire les bouffées de panique sauvages qui parvenaient à Mary, submergeant son esprit. Au creux de ses seins, le pendentif se mit à la brûler.

    Danger !

    Elle reconnut sans peine l’une des « leurs » bien qu’elle ait les cheveux coupés très courts. Grande, brune, ses yeux d’azur terrorisés lui mangeaient le visage. Elle était épuisée, aux abois, pourchassée. Sa grossesse avancée l’empêchait de courir mais aux regards qu'elle jetait fréquemment par-dessus son épaule, il était clair qu’elle fuyait un invisible ennemi. Haletante, elle arriva droit sur Mary. Leurs yeux se croisèrent, se reconnurent. Ceux de la fuyarde se firent suppliants, implorant muettement son aide. Son prénom s’imprima dans sa tête : Brise.

    « Au secours ! » Hurlait-elle en silence.

    Résolument, Mary s’avança vers elle les bras tendus. En même temps qu’elle lui transmettait télépathiquement : « Je vais vous aider », elle lui dit à voix haute, d’un ton joyeux :

    - Brise ! Mon Dieu, il y a si longtemps ! Quel bonheur de te revoir !

    - Ma chère Mary ! Si je m’attendais ! Je n’en crois pas mes yeux ! S’exclama ladite Brise en lui tombant littéralement dans les bras.

    « Merci ! » Lança-t-elle soulagée.

    « Mais de rien ! » Répondit-elle de la même façon.

    Comme il était facile de communiquer ainsi tout en montrant une toute autre façade aux piétons qui les croisaient sans se douter de quoi que ce soit ! Ils ne voyaient que deux vieilles amies qui se retrouvaient par hasard.

    Ce don-là, comme les autres, s’affinait de jour en jour. Elle n’était plus, comme aux premiers temps, totalement perméable aux pensées des autres. À présent, capable de filtrer ce qu’elle voulait « entendre », elle pouvait également sonder profondément les esprits à seule fin d’en apprendre plus sur ceux qui constituaient un risque pour elle.

    Pour l’heure, elle n’avait pas besoin de sonder Brise pour savoir qui elle était et ce qu’il lui arrivait. Elle apprenait d’elle tout ce dont elle avait besoin pour la secourir utilement. La « Mu » avait pris la fuite pour ne pas être arrêtée comme l’avait été son mari le matin- même, dénoncé par un voisin trop curieux.

    Nuage - c’était, son prénom - faisait partie de ces jeunes impétueux en rupture avec la Roue. Il n’avait pas voulu rentrer dans le rang et s’était installé à Lille avec sa jeune épouse enceinte. Sans la protection de son pendentif, il avait baissé sa garde, laissant entrevoir sa nature anormale à ce brave homme, pas méchant pour deux sous mais que la peur des sectes et du satanisme qu’on lui instillait chaque jour - comme à tout un chacun- rendait méfiant et soupçonneux plus que de raison.

    En revenant de sa quotidienne promenade matinale, Brise avait vu deux gops armés l’emmener, flasque et inconscient. Depuis, elle errait dans la ville sans oser demander l’aide de quiconque. Mary pensa qu’elle aussi s’était découverte devant Alexeï.

    « Il ne te trahira pas. » Lui transmit sa nouvelle protégée.

    « Que le ciel t’entende ! »

    Tout en devisant gaiement comme deux amies l’auraient fait, elles continuèrent à faire télépathiquement connaissance. Mary ne s’étonna pas que Brise sache déjà tout d’elle et des deux « sauvetages » qu’elle avait effectués au mépris de sa propre sécurité, suscitant chez les membres de la Roue - pour lesquels l’Élue de Hawk était vite devenue une célébrité - à la fois inquiétude et admiration. Pour une femme qui prétendait les haïr et abhorrer leur Pouvoir il y a peu de temps encore, elle agissait de façon bien contradictoire pour ne pas dire inconsidérée !

    Les deux jeunes femmes paraissaient marcher bras dessus-bras dessous alors qu’en réalité, prête à s’écrouler tant elle était lasse, Brise s’appuyait de tout son poids sur Mary. Son ventre lourd la tiraillait, son dos la faisait souffrir, elle marchait depuis si longtemps !

    Le bébé, un petit garçon, s’était retourné, prêt à venir au monde et pressé de le faire semblait-il.

    Dès qu’elles furent chez elle, Mary la fit coucher, la borda comme une enfant, l’embrassant sur le front pour la réconforter. La future maman s’endormit aussitôt, recrue de fatigue. À 23h, elle perdait les eaux. Après deux heures de travail, parfaitement secondée par Mary et par le Pouvoir qui les unissait, elle accouchait d’un merveilleux bébé de quatre kilos cinq. Ainsi que l’avait perçu Mary-Anne, c’était un beau petit garçon qu’en guise de remerciement Brise décida d'appeler Patrick.

    Décidément, rien ne leur échappait puisqu’elle n’eut pas le temps de poser la question qui la titillait que déjà la jeune accouchée lui répondait :

    - Oui, le Pouvoir est inné chez nos petits, tout comme il l’est pour les enfants des Élus ! Même s’ils doivent travailler d’avantage pour le développer. Toi, tu sembles être une exception car bien que tu l’aies découvert très tard et rejeté avec violence, tu l’as finalement maîtrisé très vite ! Ce doit être dû aux gènes de Patrick. Il était l’un des plus puissants d’entre nous.

    - Et aujourd’hui ?

    - Aujourd’hui, tu es enfin réellement des nôtres. Cela seul compte !

    Elle tenait son enfant entre ses bras, le regardant émerveillée.

    - Comment te remercier Mary ?

    Elle ne répondit pas. L’émotion la submergeait. C’était le premier enfant de la Roue qu’elle voyait et c’était elle qui l’avait mis au monde. Un jour, peut-être…

    - Lui aussi en rêve tu sais ! Pourquoi ne l’appelles-tu pas ?

    - Comment sais-tu …

    - Nuage a rompu avec la Roue, pas moi !

    - Je ne peux pas !

    - Dis plutôt que tu ne veux pas ! Vous êtes aussi fiers et obstinés l'un que l'autre.

    Elle n’eut pas à répondre à cette allégation. Épuisée par l’accouchement autant que par l’angoisse de cette longue journée, Brise s’était endormie d’un coup. Mary lui retira doucement le nouveau-né des bras, lui donna les soins qui s’imposaient et le déposa, propre, enveloppé d’une moelleuse serviette, dans le couffin douillet destiné à la petite fille de Surprise. Elle lui en achèterait un autre, voilà tout ! Puis elle recouvrit la jeune mère et s’installa confortablement dans un relax pour les veiller elle et le bébé.

    C’est seulement alors que toute la tension accumulée depuis le début de l’après- midi retomba, la laissant étourdie. Elle mesurait soudain les conséquences de ses actes. La présence chez elle de Brise, criminelle recherchée par les gops, la mettait en péril ! On l’avait peut-être vue entrer avec elle dans l’immeuble. Elle prit quelques minutes pour sonder ses voisins de palier puis elle fit mentalement et minutieusement le tour du bâtiment et de ses habitants…

    Rien ! Pas l’ombre d’une pensée soupçonneuse ! L’arrivée de l’inconnue au bras de la demoiselle du quatrième n’était néanmoins pas passée inaperçue. C’est là que résidait le danger. Elle ne pourrait garder bien longtemps ses deux invités sans attirer la curiosité des gens. Elle allait devoir accepter un secours qu’elle répugnait encore à demander.

    Le lendemain, elle répandit la nouvelle que l’une de ses cousines, perdue de vue depuis des années, était venue lui rendre une visite impromptue. Elle en avait effectivement une quelque part dans le monde, elle ne savait où et elle comprenait désormais pourquoi elle ne l'avait jamais rencontrée. En épousant Ophélia, Patrick avait vraiment totalement coupé les ponts avec le reste de sa famille.

    - Et son mari ? Fut la question que les curieux lui posèrent.

    - Il voyage beaucoup à cause de son métier mais il doit passer la chercher dans deux ou trois jours ! Répondit-elle.

    Trois jours maximum, c’est le temps qu’elle donnait à Brise pour se rétablir. Elle ne pouvait sans risque lui en accorder d’avantages. Elle comptait pour cela sur les extraordinaires facultés des Mus. Elle espérait que ces trois jours suffiraient pour organiser le départ de la jeune mère et de son bébé en toute sécurité. Elle servit le même mensonge à ses amis, sûre qu’ils comprendraient leur besoin à toutes deux de se retrouver en toute intimité et ne viendraient donc pas les déranger.

    Dans la journée elle sortit acheter des vêtements pour le nouveau-né. Le prétexte était tout trouvé, sa meilleure amie attendait un enfant. Elle fit également le plein de couches et de produits de toilette. Pour la nourriture, le lait de sa mère suffirait au nourrisson. Elle tira de sa garde-robe quelques vêtements pour Brise. Quoique un peu trop courts ils feraient l’affaire. Puis à contre cœur certes, elle se décida à appeler Hawk.

    « Tu as raison » Lui dit mentalement Brise qui se réveillait d’une courte sieste.

    Puis elle ajouta de vive voix :

    - Ne t’inquiète pas Mary-Anne, il sait !

    - je me doute bien qu’il sait mais il attend que je le lui demande clairement !

    - As-tu besoin de mon appui ?

    - Non, je dois le faire seule.

    - Tu l’aimes, n’est-ce pas ?

    - Trop pour ma tranquillité !

    Elle osait enfin se l'avouer clairement et devant témoin de surcroît.


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  • 15 mars,4h

     

    Elle se dressa hagarde sur son lit, les yeux fixé sur l’obscurité environnante pour y déceler ce qui l’avait ainsi réveillée en sursaut. Pendant un instant, elle avait cru qu’on l’appelait. Elle avait dû rêver mais cela n’avait rien à voir avec son ancien cauchemar. C’était plus proche. Sur sa poitrine, le pendentif vibrait comme chaque fois qu’un péril la menaçait.

    Elle ne pouvait être en danger à cette heure, à l’abri dans son appartement. De nouveau, le cri qui l’avait réveillée se répercuta dans sa tête. Soudain, elle ressentit la peur, la panique même et la souffrance de l’être qui criait.

    Surprise ! Elle avait mal. Elle saignait. Elle était en train de faire une fausse-couche. Elle le sut instantanément.

    Aussi clairement que si elle avait été présente chez les Andrevski, elle vit l’affolement d’Alexeï tandis que sa femme se tordait en gémissant de douleur sur son lit. Sous elle une tache rouge s’élargissait. Le pauvre mari, si sûr de lui dans sa profession, était incapable de réagir face à la souffrance de celle qu’il aimait. Tout aussi instantanément, sans penser une seule seconde à sa sécurité, elle sut ce qu’elle devait faire.

    Elle appela Alexeï qui décrocha, pâle et défait. Il était trop affolé pour se poser la moindre question sur cet appel qui tombait à point nommé. Plus tard, il ne se souviendrait même plus que c’était elle qui avait appelé et non pas lui.

    - Mary… je …c’est affreux ! Surprise… elle est en train de perdre le bébé… elle va mourir…. viens vite !

    - J’arrive !

    Au volant de la voiture d’Hubert, elle s’élança dans la nuit aussi vite que le lui autorisait la limitation de vitesse. Elle ne pouvait se permettre aucune infraction alors qu’elle n’avait même pas le droit de conduire ! Ses proches l’ignoraient encore, pas les gops. Il suffisait d’un contrôle … Elle eut de la chance de parvenir sans encombre chez ses amis à l’autre bout de la ville. Le temps pressait, le pendentif s’incrustait dans sa peau mais elle ne sentait rien. Rien d’autre que la terreur, la douleur de Surprise et la vie de l’enfant qui s’écoulait avec le sang de sa mère. Elle courut jusqu’à la porte, hurla dans l’interphone :

    - Al, ouvre, c’est Mary !

    - Il apparut, décomposé, les yeux rouges et gonflés.

    - J’ai appelé une ambulance !

    - Annule, ce sera inutile !

    - Mary, tu es folle !

    - Annule, vite !

    Abasourdi par cette Mary-Anne autoritaire, décidée, qu’il découvrait et dans l’incapacité totale de prendre lui-même une décision cohérente tant la panique obscurcissait son jugement, il obtempéra tandis qu’elle se précipitait vers l’escalier qui menait à la chambre du couple. Elle grimpa quatre à quatre, entra et découvrit Surprise qui gisait, presque inconsciente à présent. Terrorisée, elle serra le pendentif brûlant entre ses doigts tremblants, y puisant la force et la détermination dont elle allait avoir besoin pour agir.

    « Aide- moi ! » Murmura-t-elle.

    Cette prière s’adressait autant au bijou qu’à Hawk, persuadée qu’il l’entendrait où qu’il se trouve. Elle dénuda le ventre de son amie sur lequel elle posa les mains. Aussitôt, une douce chaleur se répandit en elle. Ses paumes ainsi que le bout de ses doigts devenus hyper sensibles, étaient chauds. La lumière bleue en sourdait, impalpable brouillard, puis les entourait. Le Pouvoir était là, prêt à opérer. Alexeï l’avait rejointe dans la chambre. Sans comprendre ce qui se passait sous ses yeux, il assistait médusé à la scène. Surprise n’avait pas repris connaissance. Il avait de quoi être inquiet mais Mary qui sentait sous ses paumes la petite étincelle de vie du bébé prête à s’éteindre, n’avait pas le temps de s’arrêter aux états d’âme de son père.

    - Mary… que … que fais-tu ?

    - Chut ! Laisse-moi faire ! Prends-lui la main. Cela m’aidera et l’aidera aussi, crois-moi ! Et fais-moi confiance, je t’en prie. !

    Stupéfait, incrédule, tétanisé par la peur il obéit néanmoins. Se plaçant à genoux de l’autre côté du lit, il s’agrippa à la main de sa femme comme à une bouée de sauvetage. Il ne comprenait rien et se sentait en plein naufrage.

    Mary canalisa le fluide bienfaiteur qui irradia soudain. Devenu plus bleu, plus brillant, il se focalisa sur le nombril de Surprise qui tressaillit sous l’afflux.

    La lumière parut alors s’insinuer dans le ventre palpitant, sous le regard exorbité d’Alexeï qui faillit en hurler de terreur. Mais il tint bon, conscient d’assister à un prodige. Sous ses doigts, Mary sentit la vie reprendre son cours. Le sang s’arrêta miraculeusement de couler. Le souffle de son amie redevint paisible. La douleur se calma et elle cessa de gémir, apaisée.

    - Elles sont sauvées toutes les deux ! Balbutia Mary épuisée.

    - Elles? Comment peux-tu savoir ? Mary, qu’as-tu fait ? Je ne comprends pas !

    En même temps qu’il disait cela, il savait que c’était vrai. Surprise et leur fille vivraient. Une fille... Il ne douta pas un seul instant que Mary ait raison pour ça comme pour le reste. Sans pouvoir imaginer comment c’était possible, il savait que le miracle avait eu lieu. Il lâcha la main de sa femme et contourna le lit pour soutenir Mary qui tentait de se redresser, portait une main tremblante à son front et s’écroulait entre ses bras, évanouie. Il la porta sur le canapé. Puis il retourna vers le lit pour ausculter sa femme. Le cœur du bébé battait. Surprise, endormie, respirait doucement. Il revint vers cette jeune femme qu’il ne connaissait pas, il devait bien se l’avouer. Qui était vraiment Mary-Anne Conroy-Defrance ? Qu’était-elle ?

    Elle reprit connaissance sous son regard où la perplexité la plus totale le disputait à l’inquiétude.

    - Que s’est-il passé Mary ?

    - Rien. Je dois juste récupérer après…

    - Après quoi Mary ?

    - Qu’importe Al ! Elles vont bien n’est-ce-pas ?

    - Oui ! J’ai examiné Surprise. Elle dort. S’il n’y avait pas tout ce sang sur les draps, on pourrait croire qu’il ne s’est rien passé. Et le cœur de notre enfant bat normalement alors que tout à l’heure, je ne le percevais presque plus au stéthoscope. Alors oui, tout va bien pas vrai ? Et je t’ai dérangée pour rien !

    - Alex…

    - Qui es-tu Mary ?

    - Je ne peux rien te dire. Tu ne me croirais pas de toute façon ! Et tu me haïrais.

    - Comment le pourrais-je après ce que tu viens de faire pour moi ? Je ne sais quels moyens tu as utilisés mais tu as agi alors que moi, je n’ai rien su faire. Je la voyais souffrir et mourir et j’étais incapable de prendre une décision. Une vraie loque ! Pourtant je suis médecin que diable ! J’étais annihilé par le choc Mary-Anne ! Sans toi, je les perdais toutes les deux. Je veux savoir ! Dis-moi la vérité !

    Tout en sachant qu’elle risquait de voir son amitié se muer en un compréhensible dégoût, pire encore en craignant qu’au terme de ses aveux il ne la dénonce illico aux autorités, elle consentit enfin à lâcher un peu de cette surprenante vérité qu’il exigeait de connaître.

    - Comme tu t’en doutes, ce que j’ai fait n’a rien à voir avec la médecine, même la plus avancée. Je possède le don de guérir depuis ma naissance bien qu'il ne se soit révélé à moi que très récemment. Celui-là et d’autres qui font de moi une anormale aux yeux de notre société. Je ne peux rien contre cela. C’est aussi naturel pour moi que de respirer. Comprends-tu ce que j’essaie de te dire ? Je devais me taire ! Tu sais ce qu’ils font aux gens comme moi?

    - Toi Mary, tu ferais partie de ces…

    - Monstres ? Oui !

    - Je n’y crois pas ! Et d’ailleurs, je m’en fous ! La seule chose qui compte pour moi c’est que tu aies sauvé ma femme et mon bébé ! Je ne veux plus savoir ni pourquoi ni comment ! Tu étais là quand j’ai eu besoin de toi. Point. Je n’ai rien vu, rien entendu. Nous avons sauvé Surprise tous les deux. Il en va de ma crédibilité de chirurgien pas vrai ? Je serais muet comme une tombe en ce qui concerne tes étranges révélations et tes…dons non moins étranges. Tu restes notre amie quoi qu’il arrive ! D’accord ?

    - Merci ! Murmura-t-elle en prenant dans les siennes les mains d’Alexeï.

    Il ne les lui retira pas. Aucun tressaillement de répulsion de sa part. Dans son esprit, encore des tas de questions à son sujet, une espèce de sainte terreur pour ce qu’il avait vu mais ni dégoût ni haine. Les larmes aux yeux, soulagée et lasse au-delà de tout, elle répéta :

    - Merci.

    Puis elle sombra d’un coup dans un sommeil de plomb qui ressemblait au coma. Il se souvint qu’il l’avait déjà vue comme ça auparavant mais où ? Et quand ?

     

    Fin mars, Surprise reprit le travail. Elle s’était rétablie avec une étonnante rapidité, semblant n’avoir gardé aucun souvenir de cette nuit tragique, pas plus que de sa miraculeuse guérison. Alexeï lui avait seulement dit qu’il avait appelé Mary à la rescousse parce qu’elle saignait un peu. Il avait paniqué, c’était normal pour un futur papa même chirurgien de renom. Mary et lui s’étaient inquiétés un peu trop vite ! Elle le crut. Par la suite les examens et l’échographie ne révélèrent aucune anomalie. C’était, ainsi que l’avait dit Alexeï à Mary cette nuit-là, exactement comme s’il ne s’était rien passé de grave. La future mère ne sut même pas qu’en fait, elle avait perdu beaucoup de sang et qu’elle avait failli y laisser sa vie en même temps que celle de l’enfant qu’elle portait.

    Fidèle à sa promesse, le chirurgien ne révéla à personne, surtout pas à Surprise, ce que Mary lui avait appris mais elle surprenait parfois son regard intrigué teinté d’inquiétude posé sur elle. Dans sa tête tournaient et retournaient les mêmes questions :

    « Qui est vraiment cette femme ? Que sait-elle encore faire d’autre ? Ai-je le droit de me taire ? » Pour l’heure, c’était encore l’amitié et la reconnaissance qui l’emportaient sur ses convictions profondément enracinées de médecin, de scientifique et de citoyen responsable. Jusqu’à quand ?

    Jusqu’à quand surtout pourrait-il tenir Surprise dans l’ignorance de la vérité sur son amie d’enfance ?

     

    Le 2 avril, Hubert rentrait d’Italie où il avait travaillé à la réhabilitation de la tour de Pise qui tombait littéralement en ruines.

    Elle l’attendait sur le quai. Il la regarda comme s’il la redécouvrait après trois longs mois d’absence. Il sentait bien qu’elle avait changé mais il n’aurait pas su dire en quoi. Il la serra contre lui, l’embrassa, attendant qu’elle lui dise ce « Je t’aime » qu’elle n’avait jamais prononcé. Elle savait ce qu’il espérait mais elle ne put, cette fois non plus se résigner à cet aveu. Il se contenta donc du baiser qu’elle lui rendit avec toute la conviction dont elle était capable à seule fin de le rassurer et de temporiser encore un peu.

     


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  • 24 février, 22h

     

    Après deux jours de total farniente et deux nuits réparatrices, toujours sans nouvelles d’Antonio, elle décida de faire fi de ses réticences et d’appeler Hawk.

    « Bonjour Mary ! »

    Elle n’avait pas eu le temps de formuler son appel qu’il était là. Magnifique, flottant à quelques centimètres du sol dans sa bulle bleue, son corps astral la dominait. Son regard d’azur intense posé sur elle la dévisageait, plein d’amour et de sollicitude. Sa voix rauque la pénétrait, perçait les défenses de son esprit rebelle. Les intonations tendres, si caressantes la faisaient frémir. Elle fut tellement éblouie qu’elle en ferma les yeux

    « Ouvre les yeux Mary, regarde moi ! Tu ne rêves pas. »

    « Hawk… »

    « Oui, Antonio a réussi ! Au-delà de tes espérances mon amour ! Nous ne pourrons jamais assez te remercier pour ce que tu as fait ! »

    « Je n’ai pas… »

    « Réfléchi, je sais ! Tu l’as fait d’instinct Mary. Parce que tu es ainsi faite, folle et brave ! »

    « Il avait promis de… »

    « Te prévenir ? Je le lui ai interdit et il en était très en colère, crois-moi ! Je voulais que tu m’appelles mon cœur ! »

    « C'est cruel ! Tu es un… »

    « Salaud ? Tu as raison Mary mais je t’aime ! Je voulais que tu te rendes compte que tu as besoin de moi comme j’ai besoin de toi. Entendre ta voix, te voir sans pouvoir te toucher m’est intolérable ! Moins cependant que ton silence obstiné ! »

    « Hawk, tu m'as aidée,, vous m'avez tous aidée, n'est-ce-pas ? »

    « C'est vrai ma mie mais je pense que tu aurais pu réussir sans nous tellement tu le voulais ! »

    « Hawk… Je… »

    « Non ! Ne dis rien encore dont tu ne sois absolument sûre ! Moi, je t’aime et pour l’instant, ça me suffit ! »

    Dieu ! Elle avait réellement été sur le point de lui dire…Elle se reprit.

    « Alors ils sont tous guéris, n’est-ce-pas ? »

    « Presque tous et bientôt, ils seront libres ! »

    « Libres ? »

    « Oui, ils s’organisent peu à peu. Ils sont déjà parvenus à circonvenir certains gardiens. Ils y vont doucement afin de ne pas éveiller les soupçons des autres. Des neurologues attachés au camp surtout ! Mais c’est en bonne voie et beaucoup des nôtres sont d’ores et déjà en Australie pour leur prêter main forte s’il le faut ! »

    Elle se mit à pleurer de soulagement. De bonheur aussi parce qu’il était là mais cela, elle ne l’aurait admis pour rien au monde. Qu’importe ! Il savait de toute façon !!

    « C’est ça ! Pleure ma douce, libère- toi ! »

    « Je suis si heureuse ! »

    « Si je ne te connaissais pas aussi bien, je serais jaloux d’Antonio. Mais ce n’est pas lui que tu aimes, n’est-ce pas mon cœur ? »

    « Non, c’est… »

    « Hubert ? Parlons- en ! Cesse-donc de te leurrer sur toi-même Mary ! Il faudra bien que tu règles ce problème un jour ! »

    « Je… »

    « Non ! Admets-le enfin, c’est moi que tu aimes ! »

    « Je croyais que tu voulais que je sois sûre avant de te le dire ? »

    Cet aveux à peine déguisé les laissa tous deux muets durant quelques secondes. Elle aurait voulu le ravaler mais c'était trop tard.

    « Te reverrai-je ? » Ne put-elle s’empêcher de lui demander. Elle s’en mordit aussitôt la langue. Il n’allait pas manquer d’en tirer des conclusions ce fourbe !

    « Je ne suis pas fourbe mon amour ! J’en sais simplement plus sur toi que toi-même ! Et c’est oui, nous nous reverrons car chaque fois que tu auras besoin de moi, je viendrai ! »

    Sur ces mots, il disparut, un sourire victorieux aux lèvres.

    « Hawk ! » Cria-t-elle comme pour le retenir mais il n’était plus là.

    Ce ne fut qu’alors qu’elle prit conscience que non seulement leur dialogue avait été totalement télépathique mais encore qu’elle n’en avait ressenti aucune gêne. Elle se rendit également compte qu’elle n’avait pas tenté de ranimer sa haine. Peut-être que la joie profonde qui la baignait de savoir les prisonniers d’Australie guéris et en passe de récupérer leurs facultés normales et paranormales, surpassait tous les autres sentiments.

    Rien de néfaste n’avait pu ternir cette joie, pas même lorsqu’elle avait lu dans l’esprit de Hawk les terribles conséquences de la lobotomie chez certains Mus parmi les premiers arrêtés. Cent d’entre eux avaient succombé à l’étrange dégénérescence qui les frappaient tous au bout de trois ou quatre mois selon les cas, quelquefois d’avantage pour les plus résistants. Elle endommageait progressivement et irrémédiablement leur cerveau finissant par affecter tout leur organisme jusqu’à entraîner la mort.

    Cette dégradation neuronale était encore renforcée par les conditions déplorables de la vie au camp : malnutrition, manque de sommeil, sévices, expériences médicales, travail exténuant, pas de soins, pas d’hygiène…

    Lorsqu’ils mouraient, c’était une double mort, puisque privés de leurs pouvoirs par la lobotomie, ils ne pouvaient les transmettre. Il y avait aussi deux-cents d’entre eux qui, trop atteints, n’avaient pu être sauvés de la mort qu’in extrémis mais qu’Antonio, aidé de ceux qu’il avait déjà régénérés, n’avait pu guérir totalement. Ceux-là, le cerveau marqué à vie, ne récupèreraient probablement jamais ce qui faisait l’essence même des Mus, le Pouvoir ! C’était là une amputation bien plus douloureuse que la lobotomie. Cependant, malades ou pas, ils seraient bientôt tous libres.

    Un poids énorme venait de tomber des épaules de Mary. Elle se sentait légère…Si légère qu’elle planait, accrochée à un nuage. Elle ralluma toutes les lumières qu’elle avait éteintes pour mieux se concentrer et…s’aperçut qu’elle planait réellement ! Elle flottait à un mètre du sol en lévitation spontanée. Il était vraiment temps qu’elle apprenne à contrôler ces facultés dont elle découvrait chaque jour de nouvelles manifestations.

    Elle retomba littéralement sur terre, sans douceur. Heureusement qu’elle était au-dessus de son lit ! Elle imaginait sans peine la catastrophe si elle « s'envolait » ainsi chaque fois qu’elle serait transportée de bonheur ! Et la chute qui s’ensuivrait ! Et la frayeur des possibles témoins de ce phénomène tout à fait anormal ! Elle se retrouverait en prison, à coup sûr ! Là elle était chez elle, en sécurité. Le pendentif n’avait pas besoin de jouer son rôle d’avertisseur. Dehors, il le faisait mais il ne faisait que cela. Il n’empêchait pas les dons de se manifester, il les rendait juste prévisibles, pas contrôlables comme elle le pensait. Cela, elle seule pouvait le faire, elle venait tout juste de le comprendre.

    Elle décida de profiter de la petite semaine de repos qu’il lui restait pour intégrer au mieux ce pouvoir magique qu’un destin mystérieux avait mis dans sa tête et entre ses mains. Elle allait l’accepter enfin, sans honte ni colère, apprendre à le connaître, s’en rendre maîtresse afin de savoir s’en servir utilement et surtout sans danger.

    Elle était une Élue, il fallait qu’elle apprenne à vivre avec cela ! Elle entendit Hawk, son invisible protecteur lui susurrer :

    « Tu as raison mon amour mais reste prudente tout de même ! »

    Pendant quelque secondes, submergée de bonheur, elle flotta de nouveau à un mètre du sol.

    « Je l'aime ! Je l'aime ! » Chantait son cœur en dépit de la volonté de son esprit de refouler encore cette incontournable vérité.

     

    1er Mars

     

    Elle avait repris le travail avec un regain de bonne humeur qu’elle ne voulait toujours pas totalement s'expliquer à elle-même mais qu’elle expliquait aux autres par la proximité du retour d’Hubert. Elle était redevenue pleine d’entrain et de joie de vivre pour le plus grand plaisir de ses amis comme de ses patients, heureux d’avoir enfin retrouvé l’ancienne Mary-Anne, pétillante et encline à l’humour.

    La grossesse de Surprise commençait à se voir. Ce ventre à peine arrondi l’émouvait beaucoup. Un jour qu’elle le tâtait pour y déceler la petite vie en gestation, celle-ci s’en étonna.

    - Eh ! Il ne bouge pas encore !

    - Je sais bien ! Mais l’idée que toi, ma petite sœur de cœur, tu vas bientôt avoir une…un enfant me bouleverse !

    Elle avait une fois de plus failli se trahir en disant à son amie que c’était une petite fille qu’elle attendait, alors qu’elle savait pertinemment pourtant qu’à ce stade, l’échographie n’avait encore rien pu révéler. Heureusement, Surprise n’avait pas noté ce fâcheux lapsus.

    - Un jour ce sera ton tour ma puce ! Avait-elle répondu.

    - C’est ça ! Mais toi, ne te fatigue pas trop hein ! Et pas d’imprudence !

    - Bien maman !

    Elles avaient éclaté de rire comme deux gamines. Alexeï qui passait justement par là, suivi d’une Hortensia l’air aussi grincheux que de coutume, les avait apostrophées d’un ton faussement sévère :

    - Alors mesdames, on s’amuse au lieu de travailler ? Allez, au boulot !

    - Bien chef ! À vos ordres chef !

    Avaient-elles répliqué en chœur en se mettant au garde-à-vous avant de se sauver en courant dans le long couloir blanc résonnant encore de leurs rires. Tout cela sous l’œil indigné et ulcéré de Vésuve dont Mary-Anne avait pu percevoir les pensées vengeresses dirigées seulement contre elle bien sûr ! Elle ne pouvait décemment rien faire contre la femme du « patron »


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