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"Les rêves d’Élisa" -Liberté - Chapitre 12
…Elle se réveille béate au creux de son lit douillet. Elle a rêvé mais contrairement à son habitude, elle ne se souvient pas vraiment de quoi. Les images floues d’une gigantesque coupole de…verre ou d’elle ne sait quelle matière. Une immense ville souterraine … Une espèce de prison plutôt… des robots…
Un de ces songes bizarres nés de ses dernières lectures. Une histoire futuriste de monde post-apocalyptique. Le genre qu’elle affectionne en ce moment et qui la change agréablement des bouquins qu’elle a dû ingurgiter à l‘université !
Vive les vacances ! De vraies et reposantes vacances cette fois, sans avoir à travailler pour financer ses études.
- Tu l’as bien mérité ! Lui a dit sa mère.
C’est vrai qu’elle a bossé d’arrache-pied pour obtenir ce fichu diplôme ! Pour l’instant, elle refuse de voir plus loin. Elle réfléchira plus tard à la suite de sa vie !
Repos, repos, repos ! Ce sera le maître mot jusqu’en septembre. Plusieurs options s’offrent à elle. Soit elle continue, soit elle se met en chasse pour du boulot avec un joli CV à l’appui, soit encore, elle prend une année sabbatique, histoire de voir exactement où elle veut aller ! Le Musée de la préhistoire lui a déjà proposé un emploi en attendant qu’elle prenne sa décision. Elle a donc de quoi voir venir sans être à charge de sa mère !
Totalement détendue, elle s’étire une dernière fois.
- Allez hop ! Debout paresseuse ! S’admoneste-t-elle.
Chloé doit venir aujourd’hui. Elles vont passer la journée ensemble. Profiter du soleil. Aller faire les boutiques à Sarlat…
« Qui sait, on se trouvera peut-être un mec ! Juste un plan Q, ça nous ferait pas de mal hein ? » Lui a proposé la coquine par SMS hier soir !
« Ok pour le plan Q ! » A-t-elle tapé conciliante.
Pauvre Chloé ! Il faut dire qu’elle déprime un peu depuis son dernier plan Q justement ! Pour une fois, elle avait espéré plus et ça n’a pas collé entre elle et le beau gosse qu’elle avait enfin réussi à « pécho ».
Pour ce qui est de ses propres amours, c’est le calme plat depuis…5 ans en fait.
Elle avait fini par oublier ! Bizarre qu’elle y repense aujourd’hui ! Un coup de foudre, une étincelle, un baiser fou sous la lune, quelques mots échangés et plus rien ! Disparu le Prince Charmant ! Comme s’il n’avait jamais existé ! En fait, là, maintenant, elle se surprend à penser qu’elle n’a fait que l’imaginer.
Oups ! Déjà 10 h à son réveil. Un vieux truc bleu en métal à l’ancienne dont elle n’a jamais pu se séparer. Une antiquité comme dit Chloé mais qui ne lui a jamais fait défaut ! C’est ce vieux truc qui la réveillait chaque matin à Bordeaux en faisant un boucan d’enfer au grand dam de ses voisins du campus !
Impatient, Newton vient lui lécher la figure. Il miaule plaintivement comme pour lui dire de se presser un peu. Il ne descend jamais sans elle. Il doit avoir faim le bougre !
- Bon, ça va ! Je me lève monsieur le chat ! Lui dit-elle, joignant le geste à la parole.
- Élisa ! Entend-elle appeler d’en bas.
- Oui maman, j’arrive ! Eh, je suis en vacances moi !
- Je sais ma puce, mais il y a quelqu’un pour toi !
- Chloé est déjà là ?
- Non !
- Ben c’est qui alors ? Questionne-t-elle intriguée en glissant ses pieds dans ses vieilles pantoufles !
- Je ne sais pas, tu me diras ! Allez, descends ! Ce n’est pas poli de faire attendre un visiteur !
Un visiteur? Son cœur manque trois battements avant de se remettre à tambouriner à toute vitesse. Un pressentiment la fait se hâter soudain. Elle se précipite dans l’escalier et descend les marches quatre à quatre tout en enfilant sa robe de chambre, au risque de se rompre le cou.
- Entrez monsieur, elle arrive ! Entend- elle encore tandis qu’elle débouche à toute allure dans le vestibule.
Il est là. C’est bien lui en chair et en os, sur le pas de sa porte. Il la dévisage intensément. Mais pourquoi a-t-il l’air si triste ?
- Bonjour Élisa ! Murmure-t-il.
-Jo…Jonathan…Balbutie-t-elle,
Elle est incapable de détourner les yeux de cet homme dont elle s’est éprise au premier regard il y a maintenant 5 ans, avant qu’il ne s’évapore sur cet improbable : « Nous nous reverrons Élisa ». Un homme mystérieux qu’elle a dernièrement revu très brièvement sans qu’aucune parole n’ait été échangée entre eux.
- Et vous êtes ? Demande sa mère, froide et soupçonneuse.
- Jonathan Sauveur.
- Et ? Insiste Sarah sans aménité.
- Un…ami de votre fille madame.
- Un ami ? Tu ne m’en as jamais parlé Élisa !
- Si maman !
- Et quand ça ?
- Il… Il y a...5 ans… Tu sais… Le jour de mes 20 ans, à Sarlat…
- Ah… lui… Ton sauveur du cirque. Et que venez vous faire ici après 5 ans, monsieur Sauveur ?
- Je dois parler à Élisa ! C’est urgent !
- Que pouvez-vous avoir à lui dire qui ne souffre aucun délai après 5 années sans donner de nouvelles ?
Elle n’a pas dit à sa mère qu’ils se sont croisés de loin lors de la remise des diplômes à Bordeaux. Elle se demande d’ailleurs encore pourquoi il était là.
- Maman ! Laisse-nous, veux- tu !
- Enfin ma fille ! Ce monsieur débarque sans prévenir et…
- Maman !
- Bien, je vous laisse alors mais si tu…
- Maman ! S’il te plaît ! Jo… Jonathan… On va aller parler dehors, si vous voulez bien.
- C’est d’accord. Acquiesce-t-il.
Et sans ambages il la prend par la main pour l’entraîner vers le banc qui trône sous la fenêtre de sa chambre.
- Viens ! Ordonne-t-il. Il est temps ! …
« Il a parlé… » Pense Élisa en se secouant sous l’épaisse couverture odorante. Elle se frotte les yeux. Elle est dans le refuge. Dehors, la pluie a cessé. Le soleil brille. Debout, immobile près de son lit, Bob monte la garde. Ses yeux d’un bleu d’acier sont posés sur elle. Manifestement, il attendait son réveil. Depuis combien de temps est-il posté là, droit comme un piquet ?
Jonathan lui a parlé mais elle ne se souvient de rien. Ou de si peu ! Quelques bribes éparses qui flottent dans son esprit confus. Un évènement à venir… Un endroit quelque part… Et puis cette injonction : « Suis-moi ! » qui lui trotte dans la tête depuis qu’elle a ouvert les yeux dans la cabane.
-Tu as rêvé. Prononce Bob. Et c’est une affirmation, pas une question.
- Oui !
- De Jonathan.
- Exact.
- Il t’a parlé.
- Oui !
- Que t’a-t-il dit ?
- Tu dois savoir toi !
- Tu dois me le dire.
- En fait, je ne me souviens pas de grand-chose.
- Tu as oublié.
- Oui… Non… c’est si confus !
- Essaie de te souvenir.
- J’ai déjà essayé, crois-moi ! Je n’y arrive pas.
- Parce que tu ne veux pas savoir.
- Comment ça ? Au contraire !
- Ton esprit rejette encore la vérité. Tu as peur.
- Il… il…Quelque chose se préparait. Il m’a parlé d’un endroit où nous devions aller. Il…Voulait que je parte avec lui. Puis ma mère est arrivée et lui a demandé de s’en aller. J’étais bouleversée. Je ne sais plus pourquoi mais je me suis mise à pleurer sans pouvoir m’arrêter. Blottie dans les bras de ma mère, je l’ai entendu dire :« Je reviendrai Élisa. Et tu me suivras. Il est temps ! » Je me suis détachée de ma mère pour lui répondre. J’ai regardé vers le banc où nous nous étions assis pour discuter… il… il n’était plus là. Je venais juste de le retrouver Bob ! Et je l’ai reperdu !
- C’est bien.
- Mais non ! J’étais si heureuse qu’il soit revenu ! Même si ce n’était qu’en rêve, c’était si bon de le revoir, d’entendre sa voix. Alors pourquoi ai-je oublié ses paroles ?
-Ton esprit n’était pas encore disposé à les entendre. Tu approches de la vérité Élisa. Et ça te fait peur.
- Je veux retrouver Jonathan !
- Es-tu prête à reprendre la route ?
-Euh… le temps de me laver, de changer de vêtements, de me nourrir… Je ne suis pas un robot ! Je ne fonctionne pas à l’énergie solaire moi ! Weena piaffe d’impatience je suppose !
- Elle est pansée, ferrée, sellée. Tu la monteras encore aujourd’hui. Fais ce que tu as à faire. Nous partirons quand tu seras prête.
- Bien chef !
- Je suis un robot Elisa. Tu ordonnes, j’obéis.
- Non Bob ! Ils ordonnent, tu obéis et moi je te suis parce que sans toi je n’irais pas au bout.
- Tu as raison. Tu vas y arriver !
- C’est bien mon intention.
-Tu progresses ! Tu n’as jamais été aussi près du but.
Alors qu’elle s’apprêtait à sortir pour aller faire un brin de toilette dans la rivière toute proche, elle se retourne sidérée.
Est-ce bien la voix de Jonathan qu’elle a cru entendre ?
Bien sûr que non ! Quelle idiote !
Il est là- bas ! Prisonnier ou au service de Ceux d’en Haut, qu’importe après tout. La seule chose dont elle est absolument certaine, c’est qu’il l’attend.
Tags : roman, rêves, Elisa, Liberté, chapitre 12
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Commentaires
Ah ces rêves qui laissent parfois planer un peu d'espoir
Oui les études ça fatigue
Oui elle doit prendre un peu de recul
Bisous
Bonne journée
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Séparer deux êtres qui s'aiment, renforce leur amour... Jonathan est bien accroché en elle... amitiés jill