• Mystification

     

    C'est matin. Mistikella émerge doucement, presque voluptueusement d'une nuit peuplée de rêves pré programmés. Avant de s'abandonner au repos réparateur, elle en avait sélectionné trois dans l'impressionnante banque de données de sa puce corticale.

    Le premier, un combat homérique dont elle sortait victorieuse bien sûr, avec une meute de redoutables et sanguinaires vélociraptors de la préhistoire. Pour satisfaire son goût de l'action celui-là !

    Le deuxième, dans lequel, réincarnée en Alice, elle se promène avec délectation au Pays des merveilles. Celui-là, c'est pour apaiser son besoin récurrent de retrouver son enfance perdue et parce qu'elle adore ces vieux contes de fées qu'on lisait aux gosses pour les endormir, du temps de son arrière, arrière, arrière, arrière-grand-mère.

    Le troisième enfin, pour assouvir ses désirs les plus secrets de folle volupté, une joute amoureuse d’un érotisme torride avec l'un des acteurs en vogue de l'Universal Holofilm, le macho-mâle par excellence, le troublant, séduisant, sensuel en diable Jim Clooney, descendant en droite ligne d'une idole des antiques écrans du cinéma mondial du vingt et unième siècle que devait priser cette fameuse aïeule d'un autre temps.

      Encore toute alanguie d'oniriques caresses et de fougueux ébats aussi vrais que nature, nue, nimbée de la douce lumière bleu-vert et irisée qu'elle a choisie pour envelopper ses songes, elle flotte en apesanteur...

      « Allez Mistikella ! Secoue-toi, il est temps !  Se morigène-t-elle.

    D'un double clic déterminé de la paupière droite, elle désactive la bulle de sommeil et, avant même que le halo bleu-vert ne se soit totalement dissipé, elle atterrit sur le sol de sa chambre. En douceur, telle une feuille morte tout juste tombée de l'arbre...

    « Une feuille ? Un arbre ? J'en ai de ces idées bizarres moi parfois ! » Pense-t-elle furtivement.

    Après une douche aseptique ionisante réglée à l'exacte température de son corps au réveil, suivie illico d'une autre plus régénératrice aux microbulles glacées, elle passe quelques secondes dans la cabine UV pour un rapide séchage-bronzant. Puis elle enfile en un tournemain sa combi-peau thermorégulatrice préférée. La turquoise iridescente qui la fait ressembler à une sirène, ce personnage mythique décrit dans les contes qu'elle a lus gamine à la médiathèque locale. Elle glisse ses petits pieds délicats dans les bottes à semelles anti-G, moulées sur mesure pour eux et qui les épousent sans les comprimer. Elles montent jusqu'à ses mollets joliment galbés. La matière «automass» dans laquelle elles sont fabriquées, du latex composite, a depuis des lustres remplacé le cuir rigoureusement interdit et qui se monnaye aujourd'hui à prix d'or au marché noir tant il en reste peu. 

    Voilà ! Elle est prête. D'un double clic de la paupière gauche, elle active les électro- miroirs tridi qui tapissent les murs de la salle de bain. Ils lui renvoient aussitôt le reflet holographique élogieux de sa silhouette sans défaut. Elle s'admire sous toutes les coutures.

    Rien à redire : ovale parfait, taille mince, poitrine haute et menue, jambes longues. Son crâne parfaitement lisse et brillant sur lequel se dessinent les électro-tatouages éphémères de soleils radieux et d'étoiles scintillantes pour lesquels elle a opté aujourd'hui, lui fait immanquablement penser aux femmes d'autrefois qui passaient chaque jour tant de temps devant leur miroir à se pomponner, se peindre le visage de couleurs parfois criardes, discipliner des tignasses courtes ou longues dont elles semaient de peu ragoûtants reliquats pullulant de microbes dans leurs archaïques lavabos.  

    Un dernier regard, un petit sourire satisfait à ce flatteur reflet tridimensionnel, une dernière pensée pour ses pauvres ancêtres féminines, pour leurs hideux oripeaux tellement inconfortables, pour leur hygiène douteuse...

    Cette fois, elle est fin prête. Fraîche comme un bouton de rose à peine éclose.

    « Tiens encore une de ces étranges idées ! »

    La chassant d’un revers de main agacé, elle se dirige d'un pas aérien vers le nutri-distributeur pour y commander un petit déj' consistant : une gélule de café au lait dont raffolait ses lointains aïeux, une de pain beurre confiture au goût exquis et suranné, bien meilleur que toutes ces saveurs totalement artificielles vantées quotidiennement par les télé-pubs. Pour compléter cet énergétique et délicieux premier repas de la journée, elle avale un gobelet de sa boisson supra vitaminée favorite. Elle en a toujours au frais dans son frigo. Quoique très sophistiqué, c'est un très vieux modèle auquel elle tient parce qu'elle en a hérité de ses grands-parents paternels.

    Tout comme elle a reçu en legs de ses deux autres grands parents, un salon en cuir antédiluvien que lui envient ses amis, même s'ils s'en moquent ouvertement.

    « Quel plaisir éprouves-tu à garder ces vieilleries d'un autre âge ? » Lui demandent-ils régulièrement.

    Mais elle n'a cure de leurs sarcasmes car dans leurs yeux, elle lit la jalousie à l'état pur de ceux qui n'ont pas la chance comme elle de posséder de si précieuses reliques des temps anciens. Si précieuses parce que si rares au vingt cinquième siècle où les logements ne sont que des lieux de passage hyper fonctionnels, entièrement gérés par la domotique et qui vous obéissent au doigt et à l’œil. Ce qui est précisément son cas puisqu’elle a choisi l’appli clic paupières pour activer toutes les fonctions de ce loft ou elle a élu domicile dès sa majorité, à 16 ans, au cœur même de cette mégapole où elle mène une existence de célibataire indépendante bien remplie depuis 9 ans déjà...

    Mistikella est heureuse et elle gagne très bien sa vie. Elle fait partie des privilégiés de la Cité, à la fois crainte et enviée par les citoyens moyens de Googleland. Et pour cause, elle tient leur destinées entre ses jolies mains...Elle est le PDG incontesté de Googlenet, société puissante sur laquelle elle règne sans partage depuis 5 ans. Elle dirige, conseille, pose et lève les interdits comme bon lui semble. Son droit inaliénable de censure lui permet, sans avoir à en référer à quiconque, de sanctionner toute indiscipline avérée ou non. Elle a le droit et ne s'en prive pas quand elle l'estime justifié, de supprimer un blog ou un site Internet qu'elle juge non conforme à son éthique personnelle. Pire, elle peut déconnecter un internaute ou un « Googlenaute » qui n'a pas l'heur de lui plaire !

    Ses amis l'adorent autant qu'ils la craignent. Ses ennemis la craignent et font semblant de l'adorer... Entre eux, les uns et les autres l'appellent « Le Napoléon du Net» sans savoir qu'elle est au courant de ce sobriquet. Sans savoir non plus qu'elle apprécie ce personnage aimé autant qu'il fut détesté, encensé autant qu'il fut décrié. Oui, ils peuvent ironiser tous ! Elle s’en moque. Elle sait que dès qu'elle apparaîtra, flagorneurs et fanfarons se feront tout sucre tout miel et viendront lui manger dans la main... Concentré de sucre et de miel artificiels bien entendu !

    C'est d'un pas assuré « Impérial ! » se dit-elle in petto en riant sous cape, qu'elle quitte le loft après l'avoir minutieusement sécurisé.

    Elle règle ses semelles anti-G sur le mode apesanteur et pénètre dans le flux tiède de la cheminée gravitationnelle  faisant immédiatement face à la porte de son appartement du 777ème niveau. En deux micros secondes, elle est au sommet de la tour, juste dans le mini parking perso où l'attend sa petite astrauto monoplace, rouge comme tous les véhicules des VIP de Googleland. Elle s'y allonge béate, referme sur elle la bulle protectrice et active l'itinéraire préprogrammé qui lui permettra d'arriver au siège de Googlenet sans lever le petit doigt. .

    Elle doit y rencontrer Karl le prestigieux PDG de Metanet avec lequel elle va signer un fructueux accord de partenariat, après des décennies d’une sauvage compétition, non exempte de terribles coups-bas des deux côtés !

    Elle y sera dans 5 minutes. Elle préfère cela à la méga vitesse de la télé transportation qu'elle n'utilise qu'en cas de force majeure.

    Le minuscule astronef s'élève en douceur jusqu'à son couloir aérien de circulation. À cette heure matinale, il n'est pas encore trop encombré. L'engin rutilant se déplace sans bruit, sans à coup. La voix soft du pilote automatique (elle a programmé le timbre de velours de de Jim Clooney) va la bercer de douces paroles durant ce court mais délicieux trajet jusqu'à Googlenet. Elle ferme les yeux...

      Soudain, la voix inquiète de son idole la sort brutalement de sa langoureuse béatitude :

     « Mistikella, Mistikella ! Nous avons été heurtés par un astronef non immatriculé... Nous tombons, nous tombons... »

      - AHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!

      Derrière son écran qui s'est mis en veille, le nez presque sur le clavier, An’Maï se réveille en sursaut...

    Zut ! Trop tôt, comme d'hab' ! Encore une fois elle a raté la fin ! Elle ne saura donc jamais si Mistikella s'en est sortie...Sûrement ! L'invisible pilote à la voix de velours aura su redresser la situation à la dernière seconde, juste avant l'impact mortel avec le sol de Googleland

    C'est presque matin. L'invétérée noctambule s'est une fois de plus endormie sur son clavier, devant sa page Facebook. Son mari va la gronder, c'est sûr, ça lui arrive trop souvent ces derniers temps... Les commentaires se sont affichés pendant qu'elle dormait.Et les petits mots sur Messenger .

    «Alors An’Maï, pas encore couchée toi non plus ? » « À demain l'oiseau de nuit ! » « Salut la couche tard ! Moi, je vais au lit ! » « Bonne nuit An’Maï ! @+ ».

    Combien de ses amis(es) sont comme elle, encore devant leur écran à cette heure indue? Plus que probablement, la plupart d'entre eux dort depuis longtemps du sommeil du juste ! »

    Sa nuit va être brève pour ne pas changer !

     

     ***

    Mystification (suite)

     

    Zzzzzzzzz ….Le bourdonnement est si ténu, qu’elle le ressent plus qu’elle ne l’entend. Il a pris possession de tout son corps meurtri. Dans sa bulle aseptique tiède et confortable du Robopital de Googleland, Mistikella se réveille et s’agite soudain, en proie à une sourde inquiétude. Que fait elle ici, et surtout, pourquoi est-elle envahie de bizarres réminiscences ? Qui est cette…An’Maï dont le fatras d’idées hallucinantes squatte son propre cerveau ?

    -Matricule B725, cessez de vous agiter. Ronronne la voix désincarnée et lénifiante d’un robot-infirmier. Vous perturbez le travail des nanomorphes dans votre organisme.

    MatriculeB725… Elle est donc dans le service des polyblessés… Pourquoi ? Que lui est-il arrivé qui nécessite son admission au Robopital ? Elle ne parvient pas à se souvenir en dépit de cette prodigieuse mémoire dont elle est si fière ! La faute à ce bouillonnement étranger qui en parasite le siège.

    Une légère sensation de piqûre à la base de son cortex cérébral, puis une autre à la saignée de son bras droit…Elle sursaute et grimace. Dans son corps malmené, le bourdonnement s’intensifie.

    - Matricule B725, Nous venons de vous injecter 2 doses supplémentaires de nanomorphes.

    Reprend la voix métallique du Robot infirmier

    - Pourquoi ?

    - Le dernier holoscan a laissé apparaître des microlésions résistantes au centre même du siège de votre mémoire. Une injection de psycho-nanomorphes s’est avérée indispensable. Ainsi qu’une seconde injection de nano réparateurs pour quelques petites lésions internes au niveau du foie et de la rate.

    - Mais…

    - Rien de grave B725. Les lésions externes sont en cours de résorption totale. Votre rate et votre foie seront eux aussi réparés dans une heure si vous cessez de réfléchir et de vous agiter ainsi.

    - Mais…

    - Reposez-vous Matricule B725 ! C’est un ordre. Nous ne pouvons vous administrer de nouveaux tranquillisants. Ils ralentiraient l’action réparatrice des nanomorphes.

    Le ton du robot infirmier a beau être monocorde, il recèle pourtant une charge de suggestion si puissante que Mistikella ne peut lui résister. Elle s’efforce de se détendre et de faire le vide dans son esprit occupé.

    Zzzzzzzzzz! Pas vraiment apaisée, elle ferme néanmoins les yeux et, bercée par le bourdonnement des nanomorphes dans son corps et dans sa tête, elle ne tarde pas à s’endormir…

    Instantanément, elle retombe dans ce rêve étrange qui l’emplit à la fois de curiosité et de crainte.

    Anne-Marie… Quel drôle de prénom ! Tellement désuet ! Et ces trucs devant ses yeux, maintenus derrières ses oreilles par des espèces de petits bras recourbés...C’est quoi ? On dirait...du….du verre ! C’est ça, du verre ! Elle se souvient. Elle possède, entre autres trésors précieux des temps anciens, deux bibelots en verre. Un récipient creux et profilé à long col dont elle ignore l’usage. Pas encore eu le temps de se renseigner à ce sujet. L’autre représente un petit animal avec un tel luxe de détails morphologiques qu’elle en est émue chaque fois qu’elle le regarde. Celui-là, elle sait qu’il s’agit d’un …chat. Un chat en… verre filé ! Minuscule, transparent et si beau, si adorable, si fragile aussi, qu’une fois, elle a été jusqu’à gifler violemment son meilleur ami, juste parce qu’il avait failli le laisser tomber !

    Anne-Marie. Le nom explose dans son crâne endolori par l’incessant bourdonnement des psychonano… Elle la voit, comme si elle se tenait derrière un miroir sans tain… Miroir sans tain….c’est quoi encore ce truc ? Et cette femme un peu enveloppée dans des rondeurs inimaginables aujourd’hui, la tête couverte d’une épaisse toison châtain disciplinée, certes mais…beurkkkk ! Qui est-elle ? Et surtout, pourquoi feint elle de s’appeler An’Maï, assise devant ce qui paraît être un de ces ordinateurs préhistoriques, tels ceux que les anciens-anciens utilisaient au 21ème siècle ?

    Ses doigts boudinés et malhabiles pianotent avec une stupéfiante lenteur sur un énorme clavier noir. Sur l’écran, une…page blanche sur laquelle les lettres, les mots, s’alignent laborieusement. La femme ne se sert que de deux doigts. À quoi bon en avoir dix à sa disposition alors ? Vraiment loufoque cette…Anne-Marie  !

    Secouée, Mistikella s’aperçoit soudain qu’elle peut voir, à travers les yeux de la femme chevelue, ce qu’elle est en train d’écrire...

    - AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !


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  • Voici une histoire totalement farfelue dont les personnages sont à la fois très extraordinaires et d’une incroyable banalité…

    *

     

    L’heure du bain

     

    Ouf ! C'’est l’heure du bain, enfin ! Après cette longue journée de boulot, c’est largement mérité ! Je suis sale comme mon pote Peigne qui vit à l’étage au-dessus et que je n’ai rencontré qu’en de rares occasions, tout à fait par hasard ! Soit dit en passant, je suis heureuse et soulagée que nous n’utilisions pas la même baignoire (Lol !)

    Un vrai hippy celui- là ! Toujours plein de cheveux comme Brosse, sa meuf qui est encore plus chevelue que lui !

    Bon, revenons-en à nos moutons ! Vous voulez savoir pourquoi je suis si dégueu en fin de journée ? C‘est à cause de mon taf : je suis "touilleuse". C’est ma principale fonction même si mes patrons m’utilisent à d’autres tâches de bouche à l’heure du dessert en particulier, comme cela aurait dû être le cas aujourd’hui.

    Que je vous raconte ma journée à présent.

    Aujourd’hui donc, c’était réception des Grandes Occasions dans l’entreprise : le repas du nouvel an que les patrons fêtent chaque année avec toute la famille. Mes copines et moi, tout comme les autres membres de l’honorable confrérie de la Ménagère en Argent à laquelle je suis si fière d’appartenir, nous avons été sorties très tôt du grand "dorbuffet" quatre étoiles de la Salle-à-manger, puis retirée une à une avec beaucoup de ménagement, de la mallette-lit très confortable que nous partageons. Passage des troupes en revue, obligatoire !

    La tenue se devait d’être parfaite : propreté impeccable, teint brillant, dos droit. Les tordus ou les ternis finissent inévitablement dans les casiers-lits de métal du "dortiroir" de la cuisine, réservé aux subalternes. Un lieu horrible d’après que j’en sais par ouï-dire, où règne une abominable promiscuité ! Les exclus de la Ménagère en Argent y finissent leurs jours sans plus jamais connaître ces moments de gloire et d’intense satisfaction que nous autres, employés exclusivement pour ces grands moments, sommes les seuls à vivre !

    Ouf, j’étais nickel chrome ! Les autres aussi ! Nous avons donc été disposés comme il se doit à la place qui nous revient. De même que mes amies Petites Cuillères d’Argent, on m’a installée au pied de deux potes des grandes occasions, Verre à Vin et Verre à Eau qui font partie de la confrérie des Verres en Cristal. Les membres particuliers de la joyeuse famille des Verres à Apéritif, ont été installés à part dans le salon. Quant aux gracieuses Flûtes à Champagne, elles ne nous ont rejoints qu’à la fin des agapes.

    Verres en Cristal et Couverts en Argent, nous étions tous au garde-à-vous autour de celles qui dominent généralement la tablée de leur incontestable majesté, ces dames Assiettes en Porcelaine à Liseré d’Or, héritage sacré légué à son fils par la mère du patron.

    Nous étions prêts pour le service ! Certains officièrent seuls, comme les Cuillères à Soupe, les Cuillères à Dessert et les Petites Cuillères, d’autres en doublon, comme les Fourchettes et les Couteaux, par catégorie et en respectant l’ordre donné.

    Pour ma part, afin que vous compreniez mieux mon état de saleté avant ce bain tant attendu, il faut que je vous raconte finalement à quoi j’ai servi et à qui surtout !

    J’étais à la disposition d’un enfant ! Ceci explique cela ! Il ne connaissait pas les règles en usage pour une Petite Cuillère en Argent digne de ce nom ! Il m’a trempée dans la mayonnaise, vous vous rendez compte ! Moi, dans de la mayonnaise ! Beurk ! Et plusieurs fois je vous prie ! Quel petit malotru ! Ils auraient dû lui prêter une des Cuillères en inox de la cuisine ! Pour pouvoir continuer à se servir de moi à sa guise, il m’a trempée dans son verre d’eau. Gloupsss ! J’ai horreur d’être ainsi baignée dans de l’eau froide sans savon ! Ensuite, il m’a essuyée sans délicatesse avec un coin de sa serviette !

    Et ça a continué ! Après le saumon mayonnaise, j'ai eu droit au foie-gras généreusement tartiné par le sale gosse -avec mon aide bien sûr- de compotée de figue et d'oignons confits et hop, trempette dans le verre d'eau !

    Puis ce fut la sauce du civet de sanglier "Grand-Veneur"! Nouvelle baignade forcée ! Pomme de terre en papillote tout juste sortie du four, ouille ! Ça brûle ! Vinaigrette, aïe ! Ça pique ! Il y a même un chien qui m’a léchée ! Dégoûtant ! Et chaque fois un tour dans Verre à Eau dont le contenu devenait de plus en plus infâme ! J’étais écœurée, lui aussi ! Pauvre Verre à Eau bafoué de la plus horrible des façons ! Servir de baignoire occasionnelle à une Petite Cuillère fût elle en argent, quelle indignité pour un Verre en pur cristal de Baccarat !

    Et je ne vous dis pas l’état de Serviette Blanche ! Tachée de partout, humide, froissée ! Comme tous les employés temporaires de ce sale gamin, elle avait hâte que ça se termine. Même Verre à Vin n’en pouvait plus ! Censé ne pas servir pour cet invité-là, on l’avait rempli d’un  jus de fruit trop sucré qui l’avait rendu aussi poisseux qu’un pot de miel ! Il détestait ça ! Quel déshonneur pour lui qui n’aimait rien autant qu’être  à-demi rempli comme il se doit, de grands crus millésimés blancs ou rouges !

    Pour en revenir à moi, j’ai terminé baveuse de mousse au chocolat, de coulis de framboise et de crème Chantilly ! Je n’ai même pas eu droit à un bon café bouillant qu’on amène aux grands invités dans ces jolies demoiselles Tasses à Café, en porcelaine blanche assortie à celle de leurs aînées Assiettes ! J’aurais touillé avec un plaisir intense ce délicieux breuvage fumant !

    Le petit sagouin m'a posée sans ménagement dans Assiette à son service, encore pleine de reliquats peu ragoûtants, en compagnie de Fourchette et de Couteau aussi sales que moi ! Il s’est essuyé une dernière fois avec Serviette Blanche si crasseuse qu’elle en aurait pleuré de honte, comme nous tous ! Puis il a quitté la table sans attendre d’en avoir la permission, en faisant tomber Chaise et en hurlant comme un goret qu’on égorge !

    Vous comprenez mieux à présent, je l’espère, pourquoi j’ai attendu l'heure du bain avec impatience ! Un bain de luxe réservé uniquement à nous autres, dignes membres du Service des Grandes Occasions ! Dans une jolie baignoire remplie d’eau chaude, parfumée, savonneuse à souhait. Nous y sommes lavés puis essuyés avec une délicatesse infinie, avant d’être déposés dans nos mallettes-lits capitonnées de satin champagne, elles -mêmes ramenées avec moult précautions jusqu’à l’imposant dorbuffet fleurant bon la cire d’abeille. Là, nous profitons alors enfin d’un long repos bien mérité jusqu’à la prochaine Grande Occasion !

    Tout compte fait, en dépit de ce type de désagrément pas si fréquent ma fois, je suis une touilleuse heureuse !

    Je pense parfois à nos collègues de la cuisine !

    Moins bien lotis que nous, ils doivent se contenter de la douche commune où ils sont lavés sans les douces mains de Maria et où ils sèchent seuls, enfermés jusqu’à ce que des mains secourables se rappellent qu’ils sont là. Parfois, c’est inimaginable pour moi, ils y passent même la nuit !

    Ça y est, c’est le tour des membres de la Ménagère en Argent ! En douceur, nous sommes plongés dans la baignoire …

    Ahhhh quel délice !

    ©A-M Lejeune

    (Extrait du recueil "Mes histoires farfadesques"  )

     


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  • Bonjour aux oiseaux de passage ! Et je ne parle pas de mes habituelles et fidèles lectrices

    C'est gentil de passer souhaiter le bonjour ou la bonne nuit mais ce blog est un lieu de partage de mes écrits, donc un blog d'auteur ceci dit sans prétention aucune, en conséquence de quoi, la moindre des choses est de s'intéresser un tant soit peu aux articles proposés à la lecture des visiteurs

    Tout commentaire qui ne prouvera pas que l'article a été lu, sera automatiquement supprimé.

    Personnellement, quand je passe sur un blog, soit je m'arrête, je regarde, je lis et je commente l'article proposé, soit je m'envole discrètement si je n'ai rien à dire...

    Merci d'avance de bien vouloir respecter les heures de travail en solitaire qu'impose l'écriture.

    Anne-Marie Lejeune


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  • En parallèle avec "Marilou", un texte écrit pour répondre à un atelier de mon amie Arlette, voici l'histoire de Violette, qui figure dans le recueil "Mes histoires farfadesques", pas encore publié 

    ***

    Mot de passe : « Je t’aime !»

     

    « On a la vie que l’on mérite ! » Se dit Violette quand tout lui semble trop pesant, trop monotone et elle sait de quoi elle parle puisqu’elle mène une existence sans surprises. Elle-même est sans surprises : caractère calme, taille moyenne, poids moyen, petits moyens. Elle passe inaperçue mais n’est-ce pas là le lot moyen, réservé justement au commun des mortels?

    Derrière son guichet à la poste, elle est l’archétype de la femme ordinaire qu’elle est effectivement tout au long du jour. 40 ans, des yeux bleu gris, des cheveux châtains coupés courts parce que c’est plus pratique, des lunettes à monture dorée on ne peut plus discrètes. Elle porte tel un uniforme, une éternelle jupe grise, droite, qui descend juste à un centimètre au-dessus du genou. Son tout aussi éternel chemisier blanc sans fioritures est sagement fermé juste à un bouton de son cou où ne rutile aucun bijou tape à l’œil en dehors de sa chaîne de baptême à peine visible.

    Chaque soir, après le travail, elle regagne son modeste foyer sans histoire, y retrouve ses deux enfants rentrés à l’heure de l’école et du collège voisins où ils suivent des études moyennes. Puis son gentil mari, aussi ordinaire qu’elle, facteur de son état, préposé comme on dit, rentre à son tour après être allé faire son loto ou son tiercé au bistrot du coin en buvant un pot avec ses collègues.  Ce petit monde enfin réuni s’adonne alors aux joies simples d’un bonheur familial sans tapage. Mais la nuit venue, à l’insu des siens, Violette, la simple et insignifiante Violette, endosse une personnalité diamétralement opposée à celle, falote, qu’elle montre d’ordinaire.

    Elle pénètre dans un univers parallèle et secret où rien n’est tranquille ni banal. Ce monde de la nuit où elle se glisse avec bonheur comme un serpent dans sa nouvelle peau, est plein d’imprévus, d’aventures trépidantes et de rencontres extraordinaires et fascinantes. Elle-même y devient une autre femme, totalement méconnaissable…

    Dans ce monde-là, la  petite voiture qu’elle est si fière de conduire habituellement, est remisée au garage de l’oubli. On y roule en Roll Royce, en Bentley ou en Cadillac ; quand ce n’est pas en rutilant coupé sport ou en longue limousine noire ou blanche de super star hollywoodienne. On y galope à perdre haleine à travers les terres sauvages de Mongolie ou du Far West. On s’y pavane dans d’élégantes calèches ou dans de gracieux phaétons tirés par de magnifiques chevaux. On y voyage également en Jet privé ; ou encore en vaisseau intergalactique, en diligence ou en chariot de pionnier. On y parcourt toutes les mers et tous les océans, capitaine de superbes trois-mâts, de bricks racés de corsaires ou de galions aux cales chargées d’or, d’épices rares ou de tissus précieux. On peut aussi y risquer sa vie sur le « radeau de la Méduse » ou y faire la fête à gogo sur de luxueux yachts appartenant à des milliardaires aux goûts dispendieux…

    Dans ce monde-là, on se nourrit de caviar et on s’abreuve de champagnes millésimés, d’aventures sans lendemain et de passions folles, à moins que ce ne soit de pemmican, d’amour et d’eau fraîche. Dans ce monde-là, on vit à plein temps, à plein régime. Rien n’y est tabou. Pas d’interdits ni aucun de ces ennuyeux garde-fous que la vie quotidienne dresse à plaisir devant chacun d’entre nous. Tout y est sublime, exaltant, extraordinaire. Et ce dernier qualificatif revêt aux yeux de Violette son sens le plus littéral. Pour elle, est extraordinaire tout ce qui la propulse hors de son banal et ordinaire quotidien. Car dans ce monde-là enfin, Violette est jeune, belle, grande, mince, la poitrine haute et arrogante, les hanches joliment galbées, les jambes interminables. Ses yeux frangés de longs cils recourbés sont du plus bel azur ou du vert le plus profond. Ses cheveux, masse soyeuse qui lui retombe en souples ondulations sur les reins, sont ou blonds comme les blés de l’Ukraine ou d’un noir d’ébène ou encore d’un roux flamboyant. Tout ce qu’elle porte lui sied à ravir, que ce soit des haillons ou des vêtements de grands couturiers, des costumes d’époque ou des tenues résolument futuristes.

    Dans ce monde-là, Violette qui ne s’appelle jamais Violette mais arbore le plus souvent des prénoms fantaisistes et originaux en accord avec ses nouvelles et fluctuantes identités, est tour à tour une beauté évanescente, altière et un peu froide, pulpeuse et charnelle, troublante et mystérieuse, émouvante et timide. Ou encore passionnée, volcanique, sulfureuse. Ses partenaires y sont magnifiquement virils et follement séduisants. Ces beaux mâles forts mais pas trop qui peuvent se montrer cruels, tendres ou violents sont toujours de romantiques et invincibles héros, à l’image de ceux qu’incarnent dans les films qu’elle adore, ses acteurs préférés.

    Si Violette peut à ce point changer et d’apparence et de personnalité, c’est parce que ce monde-là, celui de sa vie nocturne, est celui de ses fantasmes. Non pas celui des rêves qu’elle fait en dormant car sur eux, elle n’a aucune prise, mais celui des songes que chaque soir elle bâtit tout éveillée et qui l’aident à accéder sereinement au sommeil réparateur. Ceux-là, elle les contrôle totalement vu qu’elle en est l’auteur, le producteur et la vedette. Dans les films qu’elle s’invente, les seconds rôles, c’est pour les autres !

    Curieusement, elle a besoin d’un mot de passe pour pénétrer dans cet univers, pour allumer chaque nuit l’écran noir de ses fantasmes. C’est toujours le même depuis des années : « Je t'aime ! ». Il lui suffit de prononcer dans le silence de son esprit ce magique sésame à l’un de ses héros, pour que tout s’anime et que l’histoire commencée plusieurs nuits auparavant ou entamée de la veille, reprenne son cours le plus souvent tumultueux. L’héroïne qu’elle y redevient instantanément, éprouve des sentiments d’une rare intensité et connaît des passions charnelles si débridées qu’elles rendraient ternes la tendresse inaltérable et les étreintes douces de son mari si elle n’était pas si lucide malgré tout. Mais Violette, en dépit de ce jardin si bien caché, est une femme sage qui ne mélange pas les rêves et la réalité. Aussi peut-elle sans rougir ni comparer avec ses expériences sexuelles fantasmatiques, accomplir de bonne grâce le devoir conjugal.

    C’est par souci d’équilibre, le sien et celui des autres, qu’elle défend absolument à ce monde nocturne d’interférer avec sa vie de tous les jours et cela depuis bien longtemps. Car Violette, d’aussi loin qu’elle se souvienne, a toujours été une rêveuse éveillée. Dès l’enfance et avec plus de force encore à l’adolescence, elle a eu recours aux fantasmes pour trouver le sommeil. Jamais elle n’a eu besoin d’autres somnifères, pas plus que toute petite elle ne demandait à sa mère de conte ou de berceuse. Déjà alors, les yeux ouverts dans le noir total, elle se construisait un univers personnel peuplé de héros fabuleux où elle était tout naturellement le personnage clé. Ainsi se racontait-elle des histoires nées de son propre imaginaire et les vivait-elle intensément jusqu’à ce que le sommeil l’emportât. Elle retardait cet instant le plus longtemps possible quand le « film» en cours était particulièrement palpitant. C’est en effet ainsi que se déroulaient invariablement ces rêves éveillés, comme des films en technicolor sur le grand écran dolby stéréo de son esprit inventif.

    Cette double vie aurait pu durer sans anicroche si elle avait réussi à maintenir l’intangible frontière entre les deux mondes… Jusqu’à présent, elle vivait ses journées paisibles et sans surprises et se satisfaisait de leur fadeur sans en souffrir en attendant de replonger dans ses nuits aventureuses. Mais depuis quelque temps, elle est de plus en plus possédée par ses fantasmes. Et il en est même plus d’un désormais qui gouverne simultanément ses nuits. Sitôt qu’elle est dans ses draps, elle revit et fignole les multiples scénarios qu’elle s’est inventés, se refusant de plus en plus souvent à l’étreinte conjugale sous de fallacieux prétextes.

    Si encore elle se contentait de la nuit ! Mais le jour aussi à présent, au travail ou à la maison, aux moments les plus inopportuns, la surprend à réécrire une scène ou une page entière d’une de ces histoires. La journée achevée, elle compte les heures qui la séparent du coucher. Des heures qui s’étirent à l’infini, lui semble-t-il, rendant l’attente frustrante et douloureuse jusqu’au paroxysme. Elle devient alors agressive, irritable, inquiétant chaque fois d’avantage son mari et ses enfants habitués à sa proverbiale équanimité. Loin de soupçonner la vérité, le brave facteur va même jusqu’à suggérer les symptômes d’une ménopause un tantinet précoce pour expliquer cette nervosité. Hypothèse qui met le feu aux poudres, accentuant d’autant l’irritabilité de Violette qui ne peut alors s’empêcher de comparer son falot d’époux aux amants superbes de ses nuits. Néanmoins, elle est bien heureuse d’invoquer ce retour d’âge inopiné pour excuser le peu d’enthousiasme qu’elle éprouve à faire l’amour.

    C’est avec impatience que le soir venu, elle s’empresse de se coucher avant lui au nom d’une compréhensible fatigue due à son état. Puis elle prononce mentalement le magique mot de passe : « Je t’aime ! » et saute à pieds joints dans ses rêves éveillés, feignant un profond sommeil quand il se couche à son tour. Elle se voue alors tout entière aux fantasmes qui la dévorent et dans lesquels elle retrouve tous les personnages qui peuplent ses chimères…

    C’est ainsi que les rêves qu’elle s’est créés prennent peu à peu le pas sur sa banale réalité quotidienne. Et la timide Violette s’efface pour laisser la place aux divines créatures dans la peau desquelles elle se sent si bien.

    Personne, que ce soit de son entourage professionnel, de sa famille ou de son foyer, n’est capable de la tirer de cette étrange léthargie où elle sombre petit à petit. Pour tout un chacun, pas besoin de médecin ou de psychiatre, le diagnostic est clair même si nul n’en devine la vraie raison : dépression nerveuse. Un seul remède à ce mal sournois : repos, repos, repos ! Ça tombe bien, c’est tout ce dont Violette a besoin pour s’adonner en paix à son péché mignon.

    Dans la chambre close aux rideaux tirés où personne n’ose la déranger, elle feint d’avaler consciencieusement les pilules que le médecin lui a prescrites et qui la feraient dormir puis, étendue dans le noir, les yeux ouverts, elle se laisse aller à ses fantasmes secrets.

    Dans sa tête, c’est la sarabande infernale. Elle est devenue incapable de démêler l’imbroglio de ses histoires où les héros se croisent et s’entrecroisent. Dans son esprit, ils se disputent la place et se livrent, pour y rester seul, de terribles duels et de sanglantes bagarres. Comme elle ne veut en perdre aucun, elle s’ingénie à les empêcher de s'entre-tuer. Pour ce faire, elle doit mener chacun de ses rêves à un train d’enfer afin que chacun d’entre eux puisse jouer sa partie à tour de rôle. Elle ne dort plus, ne mange presque plus. Le regard fixe, comme halluciné, pâle, immobile dans son lit, elle est entrée dans une espèce de coma éveillé dont elle ne parvient plus à sortir. Elle y est prisonnière avec ses personnages…

    Sur son lit blanc d’hôpital, nourrie par perfusion, elle suscite l’incompréhension la plus totale chez les spécialistes perplexes penchés à son chevet. Elle représente à leurs yeux une énigme médicale pour le moins extraordinaire. Mais elle ne s’en rend pas compte. Elle est perdue dans ce monde irréel né de sa fertile imagination. Perdue sans espoir de retour !

    La banale, l’ordinaire Violette ne réintégrera jamais son guichet à la poste. Elle ne veut plus revenir de ses oniriques errances. Elle ne veut plus retrouver sa modeste existence ni les êtres sans couleur qui la hantent. La sage Violette ne mène plus de double vie. Elle se consacre totalement, à corps perdu, à celles multiples qu’elle s’est inventées…

    Elle n’apprendra jamais les étranges nouvelles qui, peu à peu, commencent à fleurir dans les médias internationaux. Si elle pouvait en prendre connaissance, peut-être accepterait-elle de revenir parmi les siens et de rendre au monde ceux qu’elle leur a enlevés… Peut-être ?

    Des tas d’acteurs qui ont fait la gloire du cinéma mondial, frappés simultanément du même mal mystérieux : une espèce d’incompréhensible coma éveillé dont aucune médecine ne semble capable de les faire émerger…

    ©A-M Lejeune


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  • Eh oui, il n'est plus très loin !

    Peut-être que cette magnifique saison m'inspirera de nouvelles rimes couleur de rouille et d'or

    J'avais écrit celles-ci pour une atelier de mon amie Evy dont la thématique était : " La danse au rythme de la  poésie "

    N°350 : " LA DANSE AU RYTHME DE LA POÉSIE "

    ***

    L'automne sied aux poètes

     

    Quand reviendra l'automne au vent qui s'époumone

    Quand les feuilles tombées sous mes pas craqueront

    Mon cœur se remplira de ce flot d'émotions

    Dont l'âme d'un poète si souvent résonne.

     

    Déjà les mots se tordent brûlant d'impatience

    Tant sur la page blanche ils rêvent de danser,

    Au rythme de mes rimes de tourbillonner

    Et de s'offrir à vous sans souci d'élégance.

     

    Car mes mots voyez-vous, arrivent comme ils peuvent.

    Ils hésitent parfois et se font désirer,

    Ou bien par la musique ils se laissent porter...
    Qu'importe comme ils dansent pourvu qu'ils émeuvent

     

    Si toutes les saisons ont ce pouvoir immense

    De me souffler parfois quelques vers harmonieux,

    L'automne en moi toujours, allume mille feux

    Et toujours il m'inspire mes plus belles stances.

     

    Il m'attend quelque part ce vieux banc solitaire.

    J'y trouverai deux roses, cœurs abandonnés,

    Laissées là par l'amant d'un rendez-vous manqué,

    Geste ultime d'amour ou dernière prière...

     

    Je prendrai contre moi cet humble témoignage

    Et j'en respirerai, les yeux clos, le parfum,

    Senteurs sucrées des fleurs, sel piquant du chagrin..

    Puis je le remettrai au milieu du feuillage...

     

    Alors je laisserai en moi danser l'automne.

    Je laisserai les mots me chanter ses chansons

    Les oiseaux de leurs trilles l'accompagneront

    Faisant taire un instant, le vent qui s'époumone...

     

    27/06/2022

    ©A-M Lejeune

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